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Rochette, Desiré Raoul [Editor]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0421
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410 MONUMENS INÉDITS.

Le second ordre de ligures présente une scène d'initiation, si bien d'accord avec la scène supé-
rieure, qu'il résulte de ce nouveau rapport une certitude à-peu-près complète. Le Personnage barbu,
et couronné de laurier, assis sur un trône à marchepied, et tenant en main le sceptre, attribut de
sa haute dignité sacerdotale, est évidemment un Pontife-Roi; et le laurier sacré, qui s'élève à ses
côtés, non moins que la bandelette suspendue sur sa tête, et la place même qu'il occupe, directement
au-dessous d'Apollon, le désigne pour le principal ministre du dieu de Delphes. Si quelque chose
pouvait ajouter encore à cette désignation, ce serait la présence de la Prêtresse, debout, appuyée
sur le vase d'eau lustrale, kinppculîejM1, et tenant en main le miroir, autre meuble mystique d'une
signification indubitable. Devant le pontife est un groupe de deux Personnages, aussi remarquable en
lui-même, par tous les détails de l'âge, de la physionomie et du costume, que rare et curieux par
l'intention. C'est d'abord un Vieillard, à barbe et à cheveux blancs, le front ceint de laurier, s'appuyant
sur un sceptre richement travaillé, orné de bandelettes, et terminé par une espèce de petit temple à fron-
ton. Ce vieillard guide par la main et introduit auprès du pontife un jeune Homme couronné de laurier,
et tenant en main une branche du même arbre sacré; et il est impossible de méconnaître, dans un
pareil groupe, un jeune Initié Daphnéphore, avec le Pœdagogue remplissant ici la fonction d'Hiérophante
ou de Mystagogue. Je ne crois pas que, sur aucun monument antique, l'initiation du premier âge,
telle qu'elle se pratiquait chez les Grecs, et particulièrement à Athènes, se soit produite à des traits
plus sensibles, plus caractéristiques. Mais il y a encore dans cette composition une particularité neuve,
relative à un usage attique, qui achève d'en établir l'intention de la manière la plus claire et la plus
positive.

On sait que c'était une coutume à Athènes d'initier au culte des Déesses d'Eleusis les adolescens,
ou même les enfans de familles distinguées, et que c'était auprès d'un autel allumé que se prati-
quait cette cérémonie. De là les expressions consacrées: o Mtmôe)« <L<p' l<r//<*?, « Mu»tôsîîr& k$* èa-Vca,
qui se rencontrent fréquemment sur des marbres attiques érigés à la mémoire de jeunes personnes
des deux sexes qui avaient reçu, dans leur enfance, ce premier degré de l'initiation\ h'autel, avec la
lampe allumée, tel qu'on le voit figuré sur notre vase, près de Démêler, exprime sans nul doute les
mots sacramentels ctç> êc/lict^, de ces inscriptions attiques; et Y Adolescent, guidé par le Mystagogue,
est conséquemment Y Enfant sacré, ô Ilcus k&\ le Mysle de Démêler, MuW A»ioiï$*, ou simplement
l'Initié par le feu, oMvov/xevoc, kf' imm\ dont il est question sur tant de monumens anciens, tous
appartenant à l'Attique. C'est donc ici l'un de ces traits de la langue figurée, correspondant à ceux
de la langue écrite, dont j'ai déjà cité plus d'un exemple, en même temps qu'un des témoignages les
plus positifs de cet usage de l'initiation du premier âge, dont les vases nous ont conservé tant de
preuves; et il est maintenant avéré que les vases pareils au nôtre remplissaient, dans les tombeaux
de la Grande-Grèce, le même objet que les marbres attiques consacrés à la mémoire des jeunes
Athéniens, où se lisait la formule même dont ce vase nous offre l'équivalent en langage de l'art.

(1) Euripid. Ion, 436 : eaSùV Ùç à.7nppcwlne>-a..

(2) Apiul Boeckh. Corp. inscr. n. 3p,3, 4o6, 443, 444, 445, 448.
M. Boeckh a recueilli, ibid. p. 445, 446, les principaux témoignages des
anciens sur ce point d'archéologie grecque, qu'il a discuté avec beaucoup
de clarté, et qui me paraît désormais établi de la manière la plus solide.

(3) llimer. Oral, xxiii, 7, 18. '

(4) Inscript, ail. apud Boeckh. n. 3go.

(5) Harpocratiou. v. da' 'EeVcu;. On disait aussi tout simplement i dm'
%flia«, et « «Î9"E<r1i«î, Porphyr. de Abstin. iv, 5, pour désigner un jeune
homme ou une jeune fille qui avaient été initiés de celte manière.

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J"jbye. Srulfi
 
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