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Rochette, Desiré Raoul [Editor]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0245
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254

MONUMENS INÉDITS.

Le monument que je viens de produire, sert à nous donner l'explication d'un bas-relief de
la villa Albani, au sujet duquel Winckelmann s'était livré à beaucoup de suppositions, dont
il ne semblait pas lui-même très-satisfait1. Ce bas-relief provenait d'un tombeau voisin de
Tivoli, dans le dessin duquel, tel que Bartoli nous l'a conservé2, on le trouve effectivement
figuré. Cet emploi seul du bas-relief dont il s'agit, aurait dû faire présumer à Winckelmann
que c'était une représentation funéraire. Il crut cependant y découvrir deux poètes, l'un tragique,
l'autre comique, avec les attributs propres à la tragédie et à la comédie ; et c'est d'après
cette idée, l'une des moins heureuses, sans contredit, qu'ait jamais eues cet illustre an-
tiquaire, qu'il s'efforça d'expliquer les nombreux et étranges accessoires que lui offrait ce
bas-relief. Tel est le résultat naturel du progrès de la science, qu'il faut aujourd'hui, avec
tous les élémens que nous possédons, bien moins de mérite pour trouver le véritable sens
de ce bas-relief, qu'il n'en fallait à Winckelmann, privé de tout moyen de comparaison,
pour en hasarder une explication fautive. L'objet principal de cette représentation est un jeune
homme, vêtu d'une espèce de pallium, entouré des symboles et des attributs de son âge, c'est
à savoir, un oiseau et un trochus, placés sur une table. Winckelmann avait reconnu cet
instrument d'un jeu qu'il savait avoir été si familier aux éphèbes grecs; mais, entraîné par
une première méprise, il avait cru voir ici un emploi du trochus dans la comédie, au moyen
d'intermèdes de musique et de danse, dont il n'existe pas la moindre trace dans l'antiquité.
Quant à l'oiseau*, qui ne l'embarrassait pas moins, ri avait cru y découvrir une allusion à
la patrie de l'un de ces deux prétendus poètes. Il suffit maintenant de rapprocher ce bas-
relief romain de nos vases grecs, pour reconnaître, dans cet oiseau et ce trochus, les sym-
boles consacrés de l'adolescence. Le thyrsc, le chevreau, et le masque de Silène, aux mains du
second personnage, d'une taille inférieure, et qui ne saurait être, à ce titre, regardé que
comme un jeune esclave, sont pareillement des symboles dionysiaques, de l'usage le plus
familier. L'instrument que Winckelmann prend pour un disque, et qui n'en a pas la forme
aujourd'hui si bien connue4, est unepatere, symbole purement sépulcral; et le lapin, figuré
au-dessous, et que Winckelmann s'était encore efforcé de rapporter à la tragédie, comme
animal symbolique de Vénus et de Bacchus, a, sur une foule de monumens que j'ai déjà
cités5, une signification funéraire, qui s'accorde parfaitement avec la patère, comme avec

(1) Winckelmann, Monum. inecL 19/1.

(2) Bartoli, Sepolvri. ant. tav. k8. Ce tombeau, qni existe
encore tout près de l'antique villa Tladriani, est décrit par
M. Nibby, Viacjçj. antia. I, 11g, qui parle du bas-relief comme
ne subsistant plus que dans le recueil de Bartoli. D'un autre
côté , Winckelmann s'exprime, au sujet du tombeau, comme s'il
était détruit de son temps. Ainsi deux antiquaires, vivantàRome,
ignoraient le sort de monumens dont l'un se voit à la villa
Albani, et l'autre près de Tivoli. Le bas-relief est décrit dans
i'Indicaz. antùjuar. délia villa Albani, ouvrage de Morcelli, n. 321,
p. 3/i, de la seconde édition donnée par C. Fea.

(3) Si Winckelmann avait été plus familiarisé avec les pein-
tures des vases grecs qu'on ne l'était de son temps, et sur-tout
qu'on ne l'est devenu depuis, grâce aux nombreuses découvertes
qui se sont faites et qui se font encore tous les jours, de ce genre
de monumens antiques, il aurait su qu'un oiseau porté sur la main
a un ephebe était une de ces images symboliques, employées par
les anciens, pour caractériser les jeux et les affections de l'ado-
lescence. Les exemples en sont^si nombreux, et l'intention si
manifeste, que je dois me borner à quelques citations; voyez

Caylus, Recueil IV, xuv, 2; Tischbein, Vases d'Hamilton, II,
32, IV, 54; Millingen, Vasesgrecs, pi. xlv, p. 68; Laborde'
Vases de Lambergjl, xxxn, dj. Le même emblème se retrouve
fréquemment, avec la même intention amoureuse, sur des
pierres gravées, d'époque romaine ; et à cette occasion, j'indi-
querai une bague antique récemment trouvée par S. A. R.
Madame, duchesse de Berry, sur l'emplacement d'un bain ro-
main, près de Dieppe. Cet anneau renferme une pierre taillée
à pans ou à facettes , de manière à former à la surface un espace
hexagone, où est gravé en creux un oiseau ; et sur les six faces
ou compartimens, sont distribuées, une à une, ou deux à deux,
les lettres de l'inscription latine que voici : a ve me a vi ta. Une
bague, presque en tout semblable à celle-ci, avec un oiseau pa-
reillement gravé en creux, et avec celte inscription : si a m as
ve ni, dont les lettres sont disposées de même dans les six com-
partimens d'un hexagone, est publiée dans le recueil de Ficoroni,
Gemm. litterat. tab. 1,1/1.

(k) Je me borne à citer les Vases de Lambercj, II, xxix, 43.

(5) Voyez l'observation faite plus haut, page 21 lx , note k.
Du reste, le monument le plus favorable à l'opinion de
 
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