D E C Y R V S. I7J
sederoit un bonheur parfait & consiant,
lorsqu'il se connoitroit lui-même. Faute
de cette connohTance, continua- t-il, &
se croyant , par tes louanges qu'on lui
donnait sans mesure, tout autre qu'il n'é-
toit en effet, il s'étoit laissé nommer Gé-
néralissime de toute l'Armée , & s'étoit
mal à propos engagé dans cette guerre
contre un Prince qui lui étoit insiniment
superieur en tout. Maintenant donc qu'in-
strûit par ma défaite je commence à me
connoitre , je compte aussi que je vais
commencer à êtte heureux ; & je le serai
certainement si vous m'êtes favorable,
car mon sort est entre vos ma'ns. Cyrus,
touché de compasiion pour le malheur de
ce Roi déchu en un moment d'un ïîhaut"
rang, & admirant son égalité d'ai",nedans
un tel renversement de fortune, le traita
avec beaucoup de clémence & de bonté,
& lui laissa le nom & l'autorité de Roi,
mais en lui interdisant le pouvoir de faire
la guerre : c'est à dire, comme il le recon-
nut lui-même , qu'il le déchargea de ce
que la Royauté a déplus onéreux , & le mit
véritablement en état de mener une vie
heureuse , & exempte de tout soin & de
toute inquiétude. Il le mena toujours en-
suite avec lui dans ses expéditions , soit
par esrime pour profiter de ses conseils,
soit plutôt par politique pour s'aslurer de
sa personne.
Hérodote 5 & après lui d'autres Au-*
teurs , ajoutent à ce récit quelques cir-
conslances fort remarquables , que je ne
croi pas devoir omettre ici , quoiqu'elles
H 4 me
sederoit un bonheur parfait & consiant,
lorsqu'il se connoitroit lui-même. Faute
de cette connohTance, continua- t-il, &
se croyant , par tes louanges qu'on lui
donnait sans mesure, tout autre qu'il n'é-
toit en effet, il s'étoit laissé nommer Gé-
néralissime de toute l'Armée , & s'étoit
mal à propos engagé dans cette guerre
contre un Prince qui lui étoit insiniment
superieur en tout. Maintenant donc qu'in-
strûit par ma défaite je commence à me
connoitre , je compte aussi que je vais
commencer à êtte heureux ; & je le serai
certainement si vous m'êtes favorable,
car mon sort est entre vos ma'ns. Cyrus,
touché de compasiion pour le malheur de
ce Roi déchu en un moment d'un ïîhaut"
rang, & admirant son égalité d'ai",nedans
un tel renversement de fortune, le traita
avec beaucoup de clémence & de bonté,
& lui laissa le nom & l'autorité de Roi,
mais en lui interdisant le pouvoir de faire
la guerre : c'est à dire, comme il le recon-
nut lui-même , qu'il le déchargea de ce
que la Royauté a déplus onéreux , & le mit
véritablement en état de mener une vie
heureuse , & exempte de tout soin & de
toute inquiétude. Il le mena toujours en-
suite avec lui dans ses expéditions , soit
par esrime pour profiter de ses conseils,
soit plutôt par politique pour s'aslurer de
sa personne.
Hérodote 5 & après lui d'autres Au-*
teurs , ajoutent à ce récit quelques cir-
conslances fort remarquables , que je ne
croi pas devoir omettre ici , quoiqu'elles
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