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Saint-Victor, Jacques-Benjamin de
Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Band 1) — Paris, 1808 [Cicognara, 4099-1; 4110-1]

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https://doi.org/10.11588/diglit.7589#0093
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U QUARTIER

changement qui n'a commencé que sous la troisième (i) dynastie, et dont
l'effet fut d'élever au rang des peuples civilisés, des barbares qui. depuis
si long-temps, croupissoient stupidement etsembloient même se complaire
dansleurbarbarie. Cet heureux changement, que nous avons déjà indiqué,
n'est autre chose quele triomphe de l'autorité monarchique sur la police féo-
dale, qui, àquelques variations près, étendoit sa tyrannie suri'Europe entière.

Un royaume étoit alors plutôt un établissement militaire qu'une insti-
tution civile. Les grands , qui, lors de la conquête,avoient obtenu des rois
des concessions de terres, gratuites et révocables à volonté, parvinrent
par degrés à les rendre héréditaires dans leurs familles, et se firent en même
temps une propriété des dignités temporaires que leurs services leur avoient
faitobtenir. Leur audace augmentant avec le succès, ils finirent par rompre
tous les liens de la subordination politique, et chaque fief devint une
espèce de petite principauté , dans laquelle un chef orgueilleux et féroce
s'arrogeoit tous les droits qu'il avoit usurpés sur son souverain. Non seu-
lement les communications naturelles entre les diverses parties de l'État
furent détruites par de telles usurpations, mais des guerres intestines s'allu-
mèrent de tous côtés par les jalousies qui naquirent bientôt entre ces tyrans
subalternes; et l'Europe entière se couvrit de forteresses et de châteaux,
qui s'élevoient moins pour défendre les habitants contre les invasions de
l'étranger, que pour protéger les hostilités domestiques qui désoloient
l'intérieur de l'État. Au milieu d'une aussi furieuse anarchie, les rois,
dépouillés de presque toutes leurs prérogatives, loin de voir les villes qu'ils
avoient choisies pour leurs capitales devenir le centre d'action de la
monarchie, et le rendez-vous de tous ceux qui pouvoient accroître son
éclat par leur rang et par leurs richesses , étoient souvent insultés dans ces
mêmes villes par des vassaux plus puissants qu'eux, et que ce fatal système
autorisoit à braver et même à combattre leur autorité.

Ce fut sur-tout sous la seconde race qu'éclatèrent les funestes effets
de cette absurde politique, que le caractère fier et indépendant, naturel
à toutes les peuplades guerrières sorties de la Germanie , avoit déjà

(i) Sur la fin de la deuxième race, dit Mézerai, le royaume étoit tenu selon les lois des fiefs , se
gouvernant comme un grand fief plutôt que comme une monarchie ; aussi le même auteur appelle-t-il
la troisième race le temps des grandes polices. C'est en effet sous la troisième race que nos rois ont
recouvre l'autorité qui étoit presque anéantie sous la fin de la deuxième. (Hehaum'.]
 
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