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https://doi.org/10.11588/diglit.7589#0104
54 QUARTIER
représentoient les principales actions du roi. On voyoit dans ceux de la
droite la prise d'Amiens, et celle de Mont-Mélian en Savoie; ceux delà
gauche offroient les batailles d'Arqués et d'Ivry , et sur la partie qui
faisoit face au Pont-Royal, on avoit représenté l'entrée triomphante
de ce monarque dans Paris le 11 mars i5()f\-
Ce fut sur le Pont-Neuf et devant la statue de Henri IV qu'une po-
pulace effrénée, après avoir exercé mille indignités sur le cadavre de
Concini, si connu sous le nom de maréchal d'Ancre, vint en brûler les
restes défigurés. Cet Italien , que la faveur de Marie de Médicis avoit
élevé au comble du pouvoir et des grandeurs, gouvernait l'Etat sous le nom
de cette (bible princesse. Il abusa de sa faveur, et ses violences, ainsi que
les hauteurs de sa femme , la fameuse Galigaï, excitèrent le méconten-
tement des grands, firent naître des troubles dans l'État, et causèrent enfin
sa perte. Le duc de Luynes qui avoit une influence entière sur Louis XIII,
persuada à ce prince de sortir enfin de tutelle , et de faire arrêter son
insolent ministre. Yl Hôpital-Vitry, chargé d'exécuter cet ordre, demanda
à Concini son épéc de la part du roi, et, sur son refus de la rendre, le fit
tuer à coups de pistolet sur le pont-levis du Louvre le 4 avril 1617. Il est
remarquable que cette même populace, qui exhuma son cadavre et l'ou-
tragea avec une si excessive fureur, avoit cependant beaucoup aimé ce
seigneur, qui, avant les troubles, lui donnoit des fêtes, des tournois , des
carrousels, dans lesquels il brilloit, disent quelques mémoires du temps,
étant beau cavalier et adroit à tous les exercices. Un tel exemple montre
pourla millième fois ce qu'est le peuple (ij et sa faveur; cependant tant
de preuves accumulées n'empêcheront point de malheureux insensés de
la rechercher encore ; et généralement les leçons de l'histoire seront tou-
jours perdues pour les passions des hommes.
Sur la grille de fer qui renfeimoit ce monument, étoit l'inscription qui suit :
Ludopicus XIII. P.'F. F. imperii, virtutis et fortunes ubsequentiss. kœres , I. L. D. D. Richelius
C. vir supra titulos et concilia omnium rétro principum, opus absolvendum censuit. JV. iV. II. Vf.
tic tiullion, BoutliiUier, S. A. F. dignilati et regno pares, œre, ingenio, curâ, difficillimis tempo-
ribus. F. F.
(1) Ce monument lui-même est une preuve plus frappante encore de l'inconstance de la multi-
tude, et du mépris que méritent également sa haine et son amour. Pendant près de deux siècles,
le souvenir de Henri IV fut cher au peuple de Paris, et sa statue étoit pour ce peuple l'objet d'une
sorte de culte. Dans les premiers jours de la révolution, on l'avoit vu forcer les passants à s'age-
nouiller devant l'image de ce bon roi : environ deux ans après, il l'abattit avec des cris de rage,
comme celle du plus affreux des tyrans.
représentoient les principales actions du roi. On voyoit dans ceux de la
droite la prise d'Amiens, et celle de Mont-Mélian en Savoie; ceux delà
gauche offroient les batailles d'Arqués et d'Ivry , et sur la partie qui
faisoit face au Pont-Royal, on avoit représenté l'entrée triomphante
de ce monarque dans Paris le 11 mars i5()f\-
Ce fut sur le Pont-Neuf et devant la statue de Henri IV qu'une po-
pulace effrénée, après avoir exercé mille indignités sur le cadavre de
Concini, si connu sous le nom de maréchal d'Ancre, vint en brûler les
restes défigurés. Cet Italien , que la faveur de Marie de Médicis avoit
élevé au comble du pouvoir et des grandeurs, gouvernait l'Etat sous le nom
de cette (bible princesse. Il abusa de sa faveur, et ses violences, ainsi que
les hauteurs de sa femme , la fameuse Galigaï, excitèrent le méconten-
tement des grands, firent naître des troubles dans l'État, et causèrent enfin
sa perte. Le duc de Luynes qui avoit une influence entière sur Louis XIII,
persuada à ce prince de sortir enfin de tutelle , et de faire arrêter son
insolent ministre. Yl Hôpital-Vitry, chargé d'exécuter cet ordre, demanda
à Concini son épéc de la part du roi, et, sur son refus de la rendre, le fit
tuer à coups de pistolet sur le pont-levis du Louvre le 4 avril 1617. Il est
remarquable que cette même populace, qui exhuma son cadavre et l'ou-
tragea avec une si excessive fureur, avoit cependant beaucoup aimé ce
seigneur, qui, avant les troubles, lui donnoit des fêtes, des tournois , des
carrousels, dans lesquels il brilloit, disent quelques mémoires du temps,
étant beau cavalier et adroit à tous les exercices. Un tel exemple montre
pourla millième fois ce qu'est le peuple (ij et sa faveur; cependant tant
de preuves accumulées n'empêcheront point de malheureux insensés de
la rechercher encore ; et généralement les leçons de l'histoire seront tou-
jours perdues pour les passions des hommes.
Sur la grille de fer qui renfeimoit ce monument, étoit l'inscription qui suit :
Ludopicus XIII. P.'F. F. imperii, virtutis et fortunes ubsequentiss. kœres , I. L. D. D. Richelius
C. vir supra titulos et concilia omnium rétro principum, opus absolvendum censuit. JV. iV. II. Vf.
tic tiullion, BoutliiUier, S. A. F. dignilati et regno pares, œre, ingenio, curâ, difficillimis tempo-
ribus. F. F.
(1) Ce monument lui-même est une preuve plus frappante encore de l'inconstance de la multi-
tude, et du mépris que méritent également sa haine et son amour. Pendant près de deux siècles,
le souvenir de Henri IV fut cher au peuple de Paris, et sa statue étoit pour ce peuple l'objet d'une
sorte de culte. Dans les premiers jours de la révolution, on l'avoit vu forcer les passants à s'age-
nouiller devant l'image de ce bon roi : environ deux ans après, il l'abattit avec des cris de rage,
comme celle du plus affreux des tyrans.