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Saint-Victor, Jacques-Benjamin de
Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Band 1) — Paris, 1808 [Cicognara, 4099-1; 4110-1]

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https://doi.org/10.11588/diglit.7589#0465
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5g6 QUARTIER

ginadonc de bâtir autour du jardin un corps de bâtiments symétriques,
et de prendre sur le terrain l'espace d'une rue nouvelle dans laquelle les
maisons qui entouroient autrefois cette enceinte se trouvèrent alors triste-
ment renfermées. Dans la seconde cour, un nouvel avant-corps fut élevé
parallèlement et dans la même ordonnance que le premier, afin d'étendre
la façade et de la raccorder avec les nouvelles galeries ; une partie des
anciennes constructions fut démolie dans la même intention ; et pour
développer l'aspect de celles qu'on élevoit, on détruisit dans le jardin (i)
tous ces beaux ombrages qui en faisoient le principal agrément.

Le projet d'une aussi vaste enceinte, s'il eût été réalisé avec toutes les
ressources d'une belle architecture, eût été mis sans doute au rang des
plus grands monuments; mais l'esprit de calcul et d'intérêt qui l'avoit fait
entreprendre (2) ne pouvoit s'accorder avec la dépense qu'eut exigée une
bâtisse proportionnée à l'étendue du plan. Tout cet ensemble a donc été trop
légèrement construit : la décoration de cette immense galerie, qui consiste
en petites arcades séparées par des pilastres corinthiens, est aussi mesquine
que mal exécutée ; et l'avantage qu'a le public de s'y promener à couvert
ne compense point l'inconvénient qui résulte de la grande diminution du
jardin. L'idée d'élever un portique autour d'une promenade étoit sans doute
heureuse, et pouvoit augmenter les agréments d'un si beau lieu ; mais
du moment que chaque arcade est devenue une boutique, le lieu lui-
même est devenu une foire et un marché, et toute sa noblesse et son
élégance ont disparu. La bonne compagnie Fa déserté, parcequ'elle se
trouvoit confondue, dans ces longs et étroits promenoirs, avec ce que
Paris renfcrmoit de plus impur. Le vice fît bientôt de ce jardin fameux
le principal théâtre de ses excès, et ils furent d'autant plus scandaleux
que les nouvelles demeures dont on venoit de l'environner furent louées
sans aucune difficulé à ses plus infâmes agents. La révolution, qui éclata
peu de temps après, ne fît qu'augmenter le scandale de ce séjour; et aux
scènes de libertinage qui s'y renouveloient sans cesse se mêlèrent les

(1) On détruisit aussi l'orangerie, qui étoit placée au-dessous des anciennes galeries, et séparée
du grand jardin par une grille de fer.

(1) Il y avait, dès le principe , dans le Palais-Royal, sans compter une foule de cafés, de salles
de restaurateurs, de maisons de jeu, de lieux de prostitutions, etc., un grand et un petit théâtre ,
deux spectacles d'ombres chinoises et de fantoccinis, trois clubs, une assemblée militaire, ucs bains ,
une loge de francs-maçons, des maisons de vente , etc., etc.
 
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