DE MONTMARTRE. 85
Cependant ce jeune prince ne se laissoit point abattre à des coups aussi
rudes, et songeoit à reconquérir par la force un bien qui lui appartenoit
.si légitimement. Il faisoit fortifier les villes d'au-delà de la Loire, trans-
portoit à Poitiers le parlement et l'université de Paris, et prenoit haute-
ment le titre de régent du royaume. « Ainsi, disent nos historiens, on vit
« en même temps en France deux rois, deux reines, deux parlements,
« deux universités de Paris. »
1421. « La bataille de Beaugé, gagnée par le maréchal de La Fayette sur le
duc de Clarence , lieutenant-général de Normandie , qui y fut tué, en
l'absence de Henri V, son frère, repassé en Angleterre, rassure le dauphin.
Le comte de Douglas, qui lui avoit amené sept mille Ecossais, eut grande
part à cette victoire, et fut fait connétable. »
1422. « Henri V repasse la mer et accourt pour se venger de la défaite de
Beaugé j il commet plusieurs actes d'hostilités, et meurt à Vincennes le
3i août, âgé de trente-six ans. Il laisse la régence à son frère le duc de
Betfort, et la régence de l'Angleterre à son cadet le duc de Glocester.
Charles VI le suivit de près. Sa mort sauva la France, comme celle de
Jean-sans-Terre avoit sauvé l'Angleterre (i). »
Les événements politiques sont tellementtfcnchaînés les uns aux autres
pendant le cours du malheureux règne doirrnous venons de tracer le
lableau, qu'il n'a pas été possible d'y placer les événements moins impor-
tants qui se passèrent, à la même époque, dans Paris. Il n'y fut construit
qu'un seul monument public, le pont Notre-Dame; et l'on n'y voit d'autre
fondation que celle de trois collèges (2).
désiroit sans doute que le dauphin fût déclaré coupable, on ne parle de lui, à l'occasion du meurtre,
qu'en termes équivoques ; ce qu'il est d'autant plus nécessaire d'observer, que tous nos historiens qui onl
parlé de cet arrêt en ont parlé sans l'avoir vu, et se sont contentés de copier Monstrelet, qui, en
historien téméraire, a cru que le dauphin fut cité à la table de marbre, etc. , et que , n'ayant pas comparu ,
il fut jugé par contumace avec tous ses complices, banni à perpétuité, et déclaré incapable de succéder à
la couronne, ce qui est absolument contraire à la vérité. (Rapin Thojras, actes de Rjmer. ) Les pères
bénédictins s'expliquent de même. ( Art de vérifier les dates. ) « Ce fait, quoiqu'atteslé par Monstrelet
" et par tous les historiens, ne paroît pas néanmoins bien constant. » (Hé'nault. )
(') Hénault.
(2) Les collèges de Fortcl, de Reims et de Cocquerel.
Cependant ce jeune prince ne se laissoit point abattre à des coups aussi
rudes, et songeoit à reconquérir par la force un bien qui lui appartenoit
.si légitimement. Il faisoit fortifier les villes d'au-delà de la Loire, trans-
portoit à Poitiers le parlement et l'université de Paris, et prenoit haute-
ment le titre de régent du royaume. « Ainsi, disent nos historiens, on vit
« en même temps en France deux rois, deux reines, deux parlements,
« deux universités de Paris. »
1421. « La bataille de Beaugé, gagnée par le maréchal de La Fayette sur le
duc de Clarence , lieutenant-général de Normandie , qui y fut tué, en
l'absence de Henri V, son frère, repassé en Angleterre, rassure le dauphin.
Le comte de Douglas, qui lui avoit amené sept mille Ecossais, eut grande
part à cette victoire, et fut fait connétable. »
1422. « Henri V repasse la mer et accourt pour se venger de la défaite de
Beaugé j il commet plusieurs actes d'hostilités, et meurt à Vincennes le
3i août, âgé de trente-six ans. Il laisse la régence à son frère le duc de
Betfort, et la régence de l'Angleterre à son cadet le duc de Glocester.
Charles VI le suivit de près. Sa mort sauva la France, comme celle de
Jean-sans-Terre avoit sauvé l'Angleterre (i). »
Les événements politiques sont tellementtfcnchaînés les uns aux autres
pendant le cours du malheureux règne doirrnous venons de tracer le
lableau, qu'il n'a pas été possible d'y placer les événements moins impor-
tants qui se passèrent, à la même époque, dans Paris. Il n'y fut construit
qu'un seul monument public, le pont Notre-Dame; et l'on n'y voit d'autre
fondation que celle de trois collèges (2).
désiroit sans doute que le dauphin fût déclaré coupable, on ne parle de lui, à l'occasion du meurtre,
qu'en termes équivoques ; ce qu'il est d'autant plus nécessaire d'observer, que tous nos historiens qui onl
parlé de cet arrêt en ont parlé sans l'avoir vu, et se sont contentés de copier Monstrelet, qui, en
historien téméraire, a cru que le dauphin fut cité à la table de marbre, etc. , et que , n'ayant pas comparu ,
il fut jugé par contumace avec tous ses complices, banni à perpétuité, et déclaré incapable de succéder à
la couronne, ce qui est absolument contraire à la vérité. (Rapin Thojras, actes de Rjmer. ) Les pères
bénédictins s'expliquent de même. ( Art de vérifier les dates. ) « Ce fait, quoiqu'atteslé par Monstrelet
" et par tous les historiens, ne paroît pas néanmoins bien constant. » (Hé'nault. )
(') Hénault.
(2) Les collèges de Fortcl, de Reims et de Cocquerel.