DES HALLES. ai3
jugea le moment favorable pour achever d'abattre un prince sans caractère,
entouré de mécontents, sans troupes, sans argent, réduit enfin aux der-
nières extrémités. Afin de rendre ce dernier coup décisif, il convoqua à Paris
une nouvelle assemblée, dans laquelle il eut l'imprudence de demander
tous les biens , rentes et héritages donnés aux églises depuis quarante ans.
Il étoit inouï qu'on eût jamais fait une demande aussi audacieuse, aussi
contraire aux idées qui régnoient alors non seulement à Paris, mais dans
toute la France ; aussi le duc éprouva-t-il une résistance telle, qu'il se
vit forcé de suspendre d'abord , et ensuite d'abandonner entièrement son
projet. Il en résulta néanmoins ce mauvais effet, que le peuple , dont
une légère suppression d'impôts lui avoit gagné les esprits, commença à
murmurer contre son gouvernement, et a sentir toute la pesanteur du
joug étranger.
Ces difficultés n'empêchèrent pas le duc d'ouvrir la campagne avec
des forces tellement supérieures , que Charles n'osa pas même tenter de
mettre quelque obstacle à leurs mouvements. Salisbury étoit à leur tête ,
et parcourut en conquérant cette vaste partie de la France qui est ren-
fermée entre la Seine et la Loire. Toutes les places qui environnoient
Orléans ouvrirent leurs portes ou furent emportées d'assaut, et le siège de
cette ville importante fut résolu par le général anglais. C'étoit une entre-
prise décisive, mais difficile : la garnison, peu nombreuse à la vérité, étoit
commandée par des chefs intrépides ; La Hire, Xaintrailles, Chabannes, Vil-
lars, le bâtard d'Orléans, suivis de la fleur de la noblesse française , s'étoient
jetés dans la place, résolus de défendre jusqu'à la dernière extrémité ce
dernier boulevard de la monarchie ; et ils avoient inspiré aux moindres
soldats ainsi qu'aux habitants toute l'ardeur dont ils étoient animés. La
sape , la mine , des assauts continuels , tout fut employé du côté des
assiégeants, dont l'armée grossissoit à chaque instant ; les assiégés , qui
recevoient aussi de temps en temps des renforts, disputoient le terrain
pied à pied, ne cédoieut un fort que lorsqu'ils se voyoient prêts h être
ensevelis sous ses ruines, et offroient, dans un rempart nouveau, construit
à l'instant même, de nouveaux obstacles à l'ennemi. La mort de Salisbury,
emporté par un boulet de canon, n'interrompit point les opérations du
siège ; et les capitaines qui lui succédèrent, Talbot, Suffolk, le lord Poil,
a en exécutèrent pas moins le projet qu'avoit conçu cet habile général , d'en-
jugea le moment favorable pour achever d'abattre un prince sans caractère,
entouré de mécontents, sans troupes, sans argent, réduit enfin aux der-
nières extrémités. Afin de rendre ce dernier coup décisif, il convoqua à Paris
une nouvelle assemblée, dans laquelle il eut l'imprudence de demander
tous les biens , rentes et héritages donnés aux églises depuis quarante ans.
Il étoit inouï qu'on eût jamais fait une demande aussi audacieuse, aussi
contraire aux idées qui régnoient alors non seulement à Paris, mais dans
toute la France ; aussi le duc éprouva-t-il une résistance telle, qu'il se
vit forcé de suspendre d'abord , et ensuite d'abandonner entièrement son
projet. Il en résulta néanmoins ce mauvais effet, que le peuple , dont
une légère suppression d'impôts lui avoit gagné les esprits, commença à
murmurer contre son gouvernement, et a sentir toute la pesanteur du
joug étranger.
Ces difficultés n'empêchèrent pas le duc d'ouvrir la campagne avec
des forces tellement supérieures , que Charles n'osa pas même tenter de
mettre quelque obstacle à leurs mouvements. Salisbury étoit à leur tête ,
et parcourut en conquérant cette vaste partie de la France qui est ren-
fermée entre la Seine et la Loire. Toutes les places qui environnoient
Orléans ouvrirent leurs portes ou furent emportées d'assaut, et le siège de
cette ville importante fut résolu par le général anglais. C'étoit une entre-
prise décisive, mais difficile : la garnison, peu nombreuse à la vérité, étoit
commandée par des chefs intrépides ; La Hire, Xaintrailles, Chabannes, Vil-
lars, le bâtard d'Orléans, suivis de la fleur de la noblesse française , s'étoient
jetés dans la place, résolus de défendre jusqu'à la dernière extrémité ce
dernier boulevard de la monarchie ; et ils avoient inspiré aux moindres
soldats ainsi qu'aux habitants toute l'ardeur dont ils étoient animés. La
sape , la mine , des assauts continuels , tout fut employé du côté des
assiégeants, dont l'armée grossissoit à chaque instant ; les assiégés , qui
recevoient aussi de temps en temps des renforts, disputoient le terrain
pied à pied, ne cédoieut un fort que lorsqu'ils se voyoient prêts h être
ensevelis sous ses ruines, et offroient, dans un rempart nouveau, construit
à l'instant même, de nouveaux obstacles à l'ennemi. La mort de Salisbury,
emporté par un boulet de canon, n'interrompit point les opérations du
siège ; et les capitaines qui lui succédèrent, Talbot, Suffolk, le lord Poil,
a en exécutèrent pas moins le projet qu'avoit conçu cet habile général , d'en-