a3a QUARTIER
Les dernières années de ce règne, si fécond encore en grands événe-
ments , n'ont plus qu'une foible liaison avec l'histoire de Paris , désormais
soumis et paisible sous l'autorité de son roi légitime. Charles VII y fit
peu de séjour : lorsque la guerre lui donnoit quelque relâche, c'étoit à
Chinon, à Tours , à Angers qu'il faisoit habituellement sa demeure. Une
grande partie de la France restoit encore a conquérir : elle ne le fut en-
tièrement qu'au bout de treize années, avec des alternatives continuelles
de bons et de mauvais succès. Enfin la bataille de Fourmigni acheva
cette grande révolution ; et les Anglais , chassés de la Normandie , leur
dernier refuge , se virent, en 135o , réduits à la seule ville de Calais ,
qu'ils possédèrent encore pendant plus d'un siècle. On sait d'ailleurs que
Charles eut d'autres ennemis non moins dangereux à combattre : les
révoltes du dauphin (depuis Louis XI ) , l'ingratitude de ses premiers
sujets, de ceux même qui avoient reçu les marques les plus éclatantes de
sa faveur, remplirent d'amertume les derniers jours de ce bon roi. Il fut
le seul qui ne jouit pas de ce calme profond que son règne avoit procuré
a la France. Quelque temps avant sa mort il soupçonna même la fidélité
des Parisiens, et cessa de revenir dans leur ville. Toutefois ses soupçons
n'étoient pas fondés (i) ; et si l'on excepte les disputes éternelles de
l'université avec les bourgeois et les autres autorités, il ne se passa rien
dans cette ville qui en troublât la tranquillité, ni qui mérite d'être re-
marqué.
Charles VII mourut à Mehun-sur-Yèvre le 22 juillet de cette année.
Les historiens prétendent que les chagrins dont il étoit dévoré, et les craintes
continuelles qu'il avoit qu'on ne l'empoisonnât , aliénèrent son esprit au
point qu'il se laissa lui-même mourir de faim.
Il nous semble que ce prince a été jugé trop légèrement par le président
Hénault : « Charles VII, dit-il, ne fut que le témoin des merveilles de
« son règne ; on eût dit que la fortune , en dépit de l'indifférence du
(1) Ils furent occasionnés par un voyage mystérieux que fit à Paris Antoine, bâtard du duc de Bour-
gogne ; le roi s'imagina qu'il se tramoit encore quelque nouvelle ligue entre le duc de Bourgogne et les
Parisiens; et ses inquiétudes le portèrent même à envoyer des officiers pour y faire une enquête, dont
le résultat le rassura entièrement sur la fidélité de sa capitale.
Les dernières années de ce règne, si fécond encore en grands événe-
ments , n'ont plus qu'une foible liaison avec l'histoire de Paris , désormais
soumis et paisible sous l'autorité de son roi légitime. Charles VII y fit
peu de séjour : lorsque la guerre lui donnoit quelque relâche, c'étoit à
Chinon, à Tours , à Angers qu'il faisoit habituellement sa demeure. Une
grande partie de la France restoit encore a conquérir : elle ne le fut en-
tièrement qu'au bout de treize années, avec des alternatives continuelles
de bons et de mauvais succès. Enfin la bataille de Fourmigni acheva
cette grande révolution ; et les Anglais , chassés de la Normandie , leur
dernier refuge , se virent, en 135o , réduits à la seule ville de Calais ,
qu'ils possédèrent encore pendant plus d'un siècle. On sait d'ailleurs que
Charles eut d'autres ennemis non moins dangereux à combattre : les
révoltes du dauphin (depuis Louis XI ) , l'ingratitude de ses premiers
sujets, de ceux même qui avoient reçu les marques les plus éclatantes de
sa faveur, remplirent d'amertume les derniers jours de ce bon roi. Il fut
le seul qui ne jouit pas de ce calme profond que son règne avoit procuré
a la France. Quelque temps avant sa mort il soupçonna même la fidélité
des Parisiens, et cessa de revenir dans leur ville. Toutefois ses soupçons
n'étoient pas fondés (i) ; et si l'on excepte les disputes éternelles de
l'université avec les bourgeois et les autres autorités, il ne se passa rien
dans cette ville qui en troublât la tranquillité, ni qui mérite d'être re-
marqué.
Charles VII mourut à Mehun-sur-Yèvre le 22 juillet de cette année.
Les historiens prétendent que les chagrins dont il étoit dévoré, et les craintes
continuelles qu'il avoit qu'on ne l'empoisonnât , aliénèrent son esprit au
point qu'il se laissa lui-même mourir de faim.
Il nous semble que ce prince a été jugé trop légèrement par le président
Hénault : « Charles VII, dit-il, ne fut que le témoin des merveilles de
« son règne ; on eût dit que la fortune , en dépit de l'indifférence du
(1) Ils furent occasionnés par un voyage mystérieux que fit à Paris Antoine, bâtard du duc de Bour-
gogne ; le roi s'imagina qu'il se tramoit encore quelque nouvelle ligue entre le duc de Bourgogne et les
Parisiens; et ses inquiétudes le portèrent même à envoyer des officiers pour y faire une enquête, dont
le résultat le rassura entièrement sur la fidélité de sa capitale.