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Saint-Victor, Jacques-Benjamin de
Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaulois jusqu'à nos jours (Band 2) — Paris, 1809 [Cicognara, 4099-2; 4110-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.7590#0306
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SAINT-DENIS. 289

mais il est présumable que les lois de police , qui , à cette époque ,
commençoient à se perfectionner, avoient déjà considérablement diminué
le nombre des femmes mendiantes auxquelles cet hôpital devoit servir
d'asile, et rendu cette fondation k peu près inutile.

L'année même de leur établissement, les nouvelles Filles-Dieu commen-
cèrent k faire construire l'église qu'on voyoit encore avant la révolution.
Ce fut Charles VIII qui en posa la première pierre , sur laquelle étoient
gravés le nom de ce roi et les armes de France. Cette église, achevée
seulement en i5o8, fut dédiée la même année. Elle n'avoit rien de remar-
quable dans son architecture ni dans son intérieur. Le maitre-autel ,
décoré de quatre colonnes corinthiennes en marbre , fut élevé depuis sur
les dessins de François Mansard. Contre un des piliers de la nef étoit
une statue du Christ attaché k la colonne (i).

Avant la révolution on voyoit encore , au chevet extérieur de cette
église, un crucifix devant lequel on conduisoit anciennement les criminels
qu'on alloit exécuter k Montfaucon ; ils le baisoient, recevoient de l'eau
bénite, et les Filles-Dieu leur apportoieut trois morceaux de pain et du
vin : ce triste repas s'appeloit le dernier repas du patient. On ignore
l'origine et les motifs de cet usage. Plusieurs ont pensé qu'il étoit imité
des juifs, qui donnoient du vin de myrrhe , et quelques autres drogues
fortifiantes , aux criminels, pour les rendre moins sensibles au supplice
qu'ils alloient souffrir (2).

Dans un titre de 1581, on voit que Pierre de Gondy , évêque de
Paris , unit à ce monastère la chapelle de Sainte-Magdeleine , que Jean
de Meulant avoit fondée lorsqu'il transféra les Filles-Dieu dans la ville.

( 1 ) Les nombreux h istoriens de Paris, dont aucun ne s'est montré difficile sur le mérite des ouvrages de l'art,
conviennent tous cependant que le dessin de cette figure étoit très mauvais ; mais on ne peut s'empê-
cher de trouver quelque chose de risible dans l'emphase avec laquelle ils parlent de la corde qui l'atta-
choit à la colonne. «L'exécution en étoit si vraie, disent-ils, que les cordiers eux-mêmes y étoient
<i trompés. » On sait aujourd'hui apprécier à leur juste valeur les prestiges d'une imitation aussi puérile,
prestiges tellement faciles à produire dans ces minces accessoires, que les grands artistes les négligent
presque toujours, et que ces minuties font ordinairement tout le mérite de ceux qui n'en ont aucun.

(2) Les bâtiments des Filles-Dieu ont été en partie détruits, et sur l'emplacement qu'occupoient ces
constructions a été percée une rue qui établit une communication nouvelle entre la rue Bourbon-Yille-
neuve et celle de Saint-Denis. La portion conservée a changé de forme : c'est maintenant un passage
garni de boutiques, que l'on nomme Foire du Caire.

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