5io QUARTIER
l'essai dans la maison qu'elle occupoit près de Saint-Nicolas-du-Chardon-
net 5 le succès passa ses espérances , et le nombre de celles qui, entraînées
par un si grand exemple , vinrent s'offrir pour partager ses charitables
travaux , devint en peu de temps assez considérable pour l'engager à
chercher une plus vaste demeure : en i636 elle alla habiter une maison
située à la Villette. Dans ce nouvel asile la communauté continua à
s'accroître ; mais elle étoit également éloignée des secours de la maison de
Saint-Lazare, sous l'administration et la direction de laquelle elle avoit
été mise, et des pauvres auxquels ses services étoient consacrés. Ces
inconvénients engagèrent, cinq ans après , madame Legras k se rap-
procher de Saint-Lazare, et à s'établir vis-à-vis de cette maison. Ce fut
dans ce dernier domicile que cette communauté, chef-lieu de toutes les
maisons des Sœurs de la Charité, demeura fixée jusqu'au moment où la
révolution , après avoir anéanti les premières classes de la société, exerça
ses fureurs jusque sur les servantes des pauvres, qu'elle chassa de leur
asile , qu'elle dispersa au nom de la philosophie et de l'humanité.
La communauté des Sœurs de la Charité avoit été érigée en confrérie
par M. de Gondi, coadjuteur de l'archevêque de Paris, le 20 novembre
1646: ce prélat , plus connu sous le nom du cardinal de Retz, ayant
succédé à M. de Gondi son oncle, approuva , le 18 janvier i655, les
règlements que Vincent-de-Paule avoit faits pour cette communauté. L'au-
torité royale ne tarda pas a confirmer cet établissement par des lettres-
patentes , qui furent expédiées au mois de novembre i658, et enregistrées
le 16 décembre suivant.
Par les règles et constitutions données aux Filles ou Sœurs de la Cha-
rité, elles étoient mises sous la direction perpétuelle du général de la
Mission, et l'on renouveloit, tous les trois ans, l'élection de leur supé-
rieure. Il n'y eut que madame Legras, fondatrice de la communauté,
qui, à la prière de saint Vincent-de-Paule, conserva cette dignité suprême
pendant le reste de sa vie. Elle mourut le 15 mars 1660 , âgée de
soixante-huit ans.
Les Sœurs de la Charité n'étoient, dans le commencement de leur
institution , que des filles de la campagne ou d'une naissance commune,
propres, par leurs habitudes et leur éducation , a des travaux pénibles
et grossiers; mais la charité chrétienne , qui rapproche tous les états , et
l'essai dans la maison qu'elle occupoit près de Saint-Nicolas-du-Chardon-
net 5 le succès passa ses espérances , et le nombre de celles qui, entraînées
par un si grand exemple , vinrent s'offrir pour partager ses charitables
travaux , devint en peu de temps assez considérable pour l'engager à
chercher une plus vaste demeure : en i636 elle alla habiter une maison
située à la Villette. Dans ce nouvel asile la communauté continua à
s'accroître ; mais elle étoit également éloignée des secours de la maison de
Saint-Lazare, sous l'administration et la direction de laquelle elle avoit
été mise, et des pauvres auxquels ses services étoient consacrés. Ces
inconvénients engagèrent, cinq ans après , madame Legras k se rap-
procher de Saint-Lazare, et à s'établir vis-à-vis de cette maison. Ce fut
dans ce dernier domicile que cette communauté, chef-lieu de toutes les
maisons des Sœurs de la Charité, demeura fixée jusqu'au moment où la
révolution , après avoir anéanti les premières classes de la société, exerça
ses fureurs jusque sur les servantes des pauvres, qu'elle chassa de leur
asile , qu'elle dispersa au nom de la philosophie et de l'humanité.
La communauté des Sœurs de la Charité avoit été érigée en confrérie
par M. de Gondi, coadjuteur de l'archevêque de Paris, le 20 novembre
1646: ce prélat , plus connu sous le nom du cardinal de Retz, ayant
succédé à M. de Gondi son oncle, approuva , le 18 janvier i655, les
règlements que Vincent-de-Paule avoit faits pour cette communauté. L'au-
torité royale ne tarda pas a confirmer cet établissement par des lettres-
patentes , qui furent expédiées au mois de novembre i658, et enregistrées
le 16 décembre suivant.
Par les règles et constitutions données aux Filles ou Sœurs de la Cha-
rité, elles étoient mises sous la direction perpétuelle du général de la
Mission, et l'on renouveloit, tous les trois ans, l'élection de leur supé-
rieure. Il n'y eut que madame Legras, fondatrice de la communauté,
qui, à la prière de saint Vincent-de-Paule, conserva cette dignité suprême
pendant le reste de sa vie. Elle mourut le 15 mars 1660 , âgée de
soixante-huit ans.
Les Sœurs de la Charité n'étoient, dans le commencement de leur
institution , que des filles de la campagne ou d'une naissance commune,
propres, par leurs habitudes et leur éducation , a des travaux pénibles
et grossiers; mais la charité chrétienne , qui rapproche tous les états , et