5o6 QUARTIER
l'administration, se servit du crédit et de l'autorité que les derniers ordres
de son père lui avoient donnés, pour achever ce qu'elle n'avoit jus-
qu'alors qu'imparfaitement commencé. Dès ce moment les religieuses du
Tiers-Ordre ne durent pas penser k apporter la moindre résistance aux vo-
lontés de cette princesse , et ce fut sans doute pour se faire un mérite de
leur obéissance qu elles demandèrent k s'unir aux religieuses de Sainte-Claire.
La tradition dont nous venons de parler ajoute que Charlotte de Savoie,
veuve de Louis XI, écrivit, au sujet de cette réunion, k Innocent VIII,
e t que ce souverain pontife ayant permis, par son bref du 3 des ides de jan-
vier i485, aux religieuses de XSlve-Maria d'embrasser et de suivre la règle
de Sainte-Claire, cette princesse fît venir de Metz quatre religieuses de cet
ordre, qu'elle mit dans ce couvent. Les historiens de Paris, enadoptant cette
tradition, ont manqué de critique , et n'ont pas pris garde qu'elle ne s'ac-
corde pas avec la chronologie, car Innocent VIII ne fut élu. pape que le 29
août i484? ct Charlotte de Savoie ne put ni lui demander un bref, ni faire
venir des religieuses de Metz, et les introduire à FAve-Maria le 11 janvierde
cette année, puisqu'elle ne survécut que trois mois k son époux, qui étoit
mort le 3o août de l'année précédente 1483. A cette preuve démonstrative,
on peut ajouter qu'il ne paroit guère vraisemblable que cette malheureuse
reine, que la politique sombre et inquiète de Louis XI avoit constamment
tenue éloignée de Paris , et qui, dans les derniers temps de sa vie , étoit
reléguée dans le Dauphiné , s'y occupât des moyens de détruire son
propre ouvrage en faisant substituer les filles de Sainte-Claire k celles du
Tiers-Ordre qu'elle y avoit placées elle-même, et sur-tout qu'elle conçut
un semblable dessein après l'arrêt de 1482. Il est étonnant, d'après cela ,
que des écrivains graves et judicieux tels que Félibien, Lobineau et les
auteurs du G allia Christiana aient répété un récit aussi dénué de
vraisemblance. Us auront sans doute été induits en erreur par des lettres
de Charles VIII, dans lesquelles il est dit « que la reine sa mère, par
« autorité apostolique k elle commise, fonda, institua et établit, de son
« consentement et autorité , ledit lieu et hôtel de Béguinage en monas-
« tère et couvent des soeurs religieuses dudit ordre de Sainte-Claire. »
Ces lettres , qui sont du mois de mai i492 ■> ne s'accordent pas , il est
vrai, avec ce qui a été dit ci-dessus; mais en supposant même qu'elles
soient exactes, elles ne peuvent détruire la force des raisons que irtms
l'administration, se servit du crédit et de l'autorité que les derniers ordres
de son père lui avoient donnés, pour achever ce qu'elle n'avoit jus-
qu'alors qu'imparfaitement commencé. Dès ce moment les religieuses du
Tiers-Ordre ne durent pas penser k apporter la moindre résistance aux vo-
lontés de cette princesse , et ce fut sans doute pour se faire un mérite de
leur obéissance qu elles demandèrent k s'unir aux religieuses de Sainte-Claire.
La tradition dont nous venons de parler ajoute que Charlotte de Savoie,
veuve de Louis XI, écrivit, au sujet de cette réunion, k Innocent VIII,
e t que ce souverain pontife ayant permis, par son bref du 3 des ides de jan-
vier i485, aux religieuses de XSlve-Maria d'embrasser et de suivre la règle
de Sainte-Claire, cette princesse fît venir de Metz quatre religieuses de cet
ordre, qu'elle mit dans ce couvent. Les historiens de Paris, enadoptant cette
tradition, ont manqué de critique , et n'ont pas pris garde qu'elle ne s'ac-
corde pas avec la chronologie, car Innocent VIII ne fut élu. pape que le 29
août i484? ct Charlotte de Savoie ne put ni lui demander un bref, ni faire
venir des religieuses de Metz, et les introduire à FAve-Maria le 11 janvierde
cette année, puisqu'elle ne survécut que trois mois k son époux, qui étoit
mort le 3o août de l'année précédente 1483. A cette preuve démonstrative,
on peut ajouter qu'il ne paroit guère vraisemblable que cette malheureuse
reine, que la politique sombre et inquiète de Louis XI avoit constamment
tenue éloignée de Paris , et qui, dans les derniers temps de sa vie , étoit
reléguée dans le Dauphiné , s'y occupât des moyens de détruire son
propre ouvrage en faisant substituer les filles de Sainte-Claire k celles du
Tiers-Ordre qu'elle y avoit placées elle-même, et sur-tout qu'elle conçut
un semblable dessein après l'arrêt de 1482. Il est étonnant, d'après cela ,
que des écrivains graves et judicieux tels que Félibien, Lobineau et les
auteurs du G allia Christiana aient répété un récit aussi dénué de
vraisemblance. Us auront sans doute été induits en erreur par des lettres
de Charles VIII, dans lesquelles il est dit « que la reine sa mère, par
« autorité apostolique k elle commise, fonda, institua et établit, de son
« consentement et autorité , ledit lieu et hôtel de Béguinage en monas-
« tère et couvent des soeurs religieuses dudit ordre de Sainte-Claire. »
Ces lettres , qui sont du mois de mai i492 ■> ne s'accordent pas , il est
vrai, avec ce qui a été dit ci-dessus; mais en supposant même qu'elles
soient exactes, elles ne peuvent détruire la force des raisons que irtms