ble. Sur ces poutres} que l'on nomme chevrons5 il y en a huit perpendiculai-
res à celles de dessbus, qui forment la largeur du Pont, & qui vont d' un or-
dre à l'autre des pieux composants les palées ; Se comme d' une palée à 1* autre
la distance est considerable, 1' Architecte a mis, entre les poutres ou chevrons
qui forment la largeur du Pont & celles de la longueur, d' autres pièces, qui
soûtenant une partie du poids, servent aassi de modillons-& contribuent à l'or-
nement du bâtiment .-
L'Auteur, prévoyant que les poutres de la longueur n* ayant d' autre appui
que les palées, qui sont à 34 pieds & demi V une de 1' autre, auraient pu aisé-
ment se courber, a placé à chaque éspace d' autres poutres, soûtenues par deux
arbalétriers qui penchent 1* un vers 1* autre, asïurés dans les pieux des pâtées, de-
sorte que l'ouvrage en reçait îa plus grande solidité. Ce tissu ingénieux réunit!
à cet avantage celui de presenter un coup d* œil agréable, car l' on voit cinq
arches, de la forme que la aecessité suggera aux hommes dans les premiers tems »
g* est à dire avant que 1* Architecture eût trouvé la manière de travailler les pier-
res, & fût dévenue un art dirigé par des principes solides (<*}.
La matière dont le Pont est bâti, quoique de la meilleure qualité, c' est h
dire de larix & de chêne, étant toujours exposée à l'ardeur du Soleil, à la plu-
ye & aux Beiges, devait necessairement pourrir & être consumse. G*est pour
remédier, autant qu* il était possible, à cet inconvénient que Palladio fit a»
dessus du Pont un couvert soûtenu par des colonnes d' Ordre Toican , entremê-
lées de balustres qui servent d'appui & présentent un coup d' œil agréable.
On a fait beaucoup d'éloges à Palladio sur son invention, mais un Ecrivain
moderne a tâché de lui en faire perdre le mérite, en 1* attribuant à ua autre
Architecte, quoique Palladio 1* ait publiée sous son nom, dans le Livre IIIx
chap. 9- de son Ouvrage, oà il en a même inséré les dessèins.
Je crois à propos de rapporter ce que le célèbre Mr. Temanza a écrit sur cet
article. Malgré, dit-il, une déclaration si peu équivoque, que Palladio a sait de-
vant tout le monde dans ses livtes la même année que le Vont a été bâti, &
malgré une tradition consiante, Il se trouva, il f a quelque tems, un certain D.
François Mémo (b), de Bajsan, qui s'est engagé à soûtenir que ce "Pont n est point
F ouvrage de notre îllussre ^ArchiteUe, mais qu'il »' en a été que t exécuteur} en
suivant l'idée de celui qui avait été détruit deux ans auparavant.
La fmeerité de "Palladio, & V inimitable modeftie qui éclate dans ses ouvrages,
O) Vitrtive traduit & commenté pat Monseignem (*} Vie de Barthclemi Feracino, éciitc par D»
Dtsiel Baibaio, liv, II, chap, s. François Mémo, Vcniseiysi-, chez R«raond.inî>
res à celles de dessbus, qui forment la largeur du Pont, & qui vont d' un or-
dre à l'autre des pieux composants les palées ; Se comme d' une palée à 1* autre
la distance est considerable, 1' Architecte a mis, entre les poutres ou chevrons
qui forment la largeur du Pont & celles de la longueur, d' autres pièces, qui
soûtenant une partie du poids, servent aassi de modillons-& contribuent à l'or-
nement du bâtiment .-
L'Auteur, prévoyant que les poutres de la longueur n* ayant d' autre appui
que les palées, qui sont à 34 pieds & demi V une de 1' autre, auraient pu aisé-
ment se courber, a placé à chaque éspace d' autres poutres, soûtenues par deux
arbalétriers qui penchent 1* un vers 1* autre, asïurés dans les pieux des pâtées, de-
sorte que l'ouvrage en reçait îa plus grande solidité. Ce tissu ingénieux réunit!
à cet avantage celui de presenter un coup d* œil agréable, car l' on voit cinq
arches, de la forme que la aecessité suggera aux hommes dans les premiers tems »
g* est à dire avant que 1* Architecture eût trouvé la manière de travailler les pier-
res, & fût dévenue un art dirigé par des principes solides (<*}.
La matière dont le Pont est bâti, quoique de la meilleure qualité, c' est h
dire de larix & de chêne, étant toujours exposée à l'ardeur du Soleil, à la plu-
ye & aux Beiges, devait necessairement pourrir & être consumse. G*est pour
remédier, autant qu* il était possible, à cet inconvénient que Palladio fit a»
dessus du Pont un couvert soûtenu par des colonnes d' Ordre Toican , entremê-
lées de balustres qui servent d'appui & présentent un coup d' œil agréable.
On a fait beaucoup d'éloges à Palladio sur son invention, mais un Ecrivain
moderne a tâché de lui en faire perdre le mérite, en 1* attribuant à ua autre
Architecte, quoique Palladio 1* ait publiée sous son nom, dans le Livre IIIx
chap. 9- de son Ouvrage, oà il en a même inséré les dessèins.
Je crois à propos de rapporter ce que le célèbre Mr. Temanza a écrit sur cet
article. Malgré, dit-il, une déclaration si peu équivoque, que Palladio a sait de-
vant tout le monde dans ses livtes la même année que le Vont a été bâti, &
malgré une tradition consiante, Il se trouva, il f a quelque tems, un certain D.
François Mémo (b), de Bajsan, qui s'est engagé à soûtenir que ce "Pont n est point
F ouvrage de notre îllussre ^ArchiteUe, mais qu'il »' en a été que t exécuteur} en
suivant l'idée de celui qui avait été détruit deux ans auparavant.
La fmeerité de "Palladio, & V inimitable modeftie qui éclate dans ses ouvrages,
O) Vitrtive traduit & commenté pat Monseignem (*} Vie de Barthclemi Feracino, éciitc par D»
Dtsiel Baibaio, liv, II, chap, s. François Mémo, Vcniseiysi-, chez R«raond.inî>