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Seure, Georges
Monuments antiques: relevés et restaurés par les architectes pensionnaires de l'Académie de France à Rome (1): Monuments antiques de la Grèce et des pays grecs — Paris: Massin, 1912

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https://doi.org/10.11588/diglit.45313#0020
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14

MONUMENTS ANTIQUES

IV
EPIDAURE

Envoi de DEFRASSE (1891).

58. — Planche 1 : a) Plan actuel.
b) Plan restauré.
c) Panorama actuel.

59-60-61. — Planche triple 2 à 4 : d) Panorama restauré.
e) Coupe restaurée de la tholos.
f) Façade restaurée du temple.
g) Coupe restaurée du temple.

Epidaure était une ville placée au bord d'une petite baie
du golfe Saronique, sur la côte du Péloponèse, en face
d'Egine et dei’Altique. Mais le culte d'Esculape était localisé
dans un vallon de l’intérieur, à près de trois heures de dis-
tance de la cité. Le choix d'un pareil emplacement ne se
justifie pas, pour nous modernes, par une grâce spéciale du
paysage, qui n’a rien de particulièrement salubre ni rafraî-
chissant : pour les anciens, il s’expliquait sans doute par une
localisation imposée par la légende, et peut-être aussi par
l’existence d’une source sacrée dont il ne reste aucune trace.
On se dérangea de fort loin et pendant fort longtemps
pour venir chercher la guérison à Epidaure', de nombreux
ex-voto et de curieuses inscriptions mous apprennent qu’on
l’obtenait assez souvent. Le traitement, plus imaginatif que
réel, consistait surtout à passer la nuit sous les portiques
ou dans le temple pour y attendre la guérison à la suite
d’une apparition miraculeuse du dieu pendant le sommeil.
C’est seulement à l’ép ique romaine qu’il y eut des médecins
de profession attachés à une sorte de sanatorium : aux
temps classiques, le voyage à Epidaure était surtout un
acte de foi, comme aujourd’hui le pèlerina ge à Lourdes.
Il est curieux que les fouilles exécutées de 1881 à
1887 par la Société archéologique d’Athènes n’aient pu élu-
cider le problème du traitement suivi à Epidaure ; on dis-
cute toujours pour savoir s’il y existait un hôpital et une
source sacrée (Cawadias, le Sanctuaire d'Asclépios à Epi-
daure, 1900).
S’il y avait des bâtiments destinés aux malades, ce sont
sans doute ceux dont il ne reste qu’un plan très net dessiné
sur le sol par les fondations : c’est un quadrilatère de
cent quatre-vingts chambres disposées autour de quatre
cours (Katagogion‘1}. —S’il y avait unesource sacrée, elle se
trouvait probablement captée et recueillie dans la célèbre
construction due à Polyclète le Jeune, et que Pausanias
nommet/iolos, sansla. décrire: c’estunerotonde(diam. :21m.)
limitée par deux colonnades concentriques, l’extérieure
dorique, l’intérieure ionique avec des chapiteaux corin-
thiens. Le soubassement comprend trois murs circulaires
lisses, reliés par des traverses et percés d’ouvertures ; sur
ces murs posait le plancher. Ceux qui voient dans cet édifice
un temple n’expliquent pas l’étrangeté de ce sous-sol; ceux

qui en font un kiosque à musique placé sur des espèces de
caisses de résonance formulent une hypothèse dont la
bizarrerie n’est dépassée que par la fantaisie de ceux qui
voient dans les spirales du sous-sol un logement commode
pour le serpent sacré. Ceux qui supposent que l’édifice cou-
vrait une source, recueillie dans une série de bassins fil-
trants autour d’un puits central, font une supposition plus
probable; mais il faudrait qu’il y eût des traces caractéris-
tiques d’un puits et d’une eau séjournante, ainsi que d’une
canalisation (Léchât et Defrasse, Epidaure, 1895).
L’intérêt capital d'Epidaure réside dans son théâtre, le
mieux conservé de tous les théâtres antiques. Situé sur
l’éperon d’une colline dans laquelle il est taillé tout entier,
il est soutenu par un système de gros murs latéraux. Les
gradins sont divisés en deux zones concentriques par un
promenoir central (32 X 30 gradins) avec, dans le bas, des
sièges d’honneur à dossier. L’orchestre est intact ; les sou-
bassements de la scène sont encore visibles, avec leur
mur orné de dix-huit colonnes ioniques et leurs escaliers
latéraux. L’architecte est le même que pour la tholos (Christ,
das Theater des Polyklet in Epidauros, 1894).
L’enceinte sacrée est formée par un mur de fortification :
sur le côté N., il existait une ligne de portiques continus de
niveau différent réunis par un escalier ; le plus élevé
(ionique) est au niveau du premier étage de l’autre (dorique).
Le temple, situé au voisinage des portiques (24m,50 X 13),
est dorique et périptère; bâti E.-O. sur un soubassement de
trois degrés, il n’a pas d'opisthodome (6 X 11 colonnes). — La
statue de culte (chryséléphantine) était l’œuvre de Thrasy-
médès; les frontons (combat de Centaures à l’E., d'Amazones
àl’O.), celle de Timothéos, l’un des sculpteurs du Mausolée
d’Halicarnasse. — On ignore si l’autel des sacrifices était placé
à l’E., en bas de la rampe d’accès au temple, ou au S. : des
ruines indistinctes ont été déblayées dans les deux endroits.
Un stade, un gymnase et probablement un hippodrome
complétaient l’ensemble, comme dans tous les lieux de réu-
nion des Grecs. Il ne faut pas oublier qu’avec les malades
venaient beaucoup de gens bien portants, pour lesquels
on devait prévoir des distractions. Epidaure, comme
Olym/pie et Delphes, fut assurément un lieu de pèlerinage
doublé d’une foire.

V

ÉLEUSIS

Envoi de BLAVETTE (1884).

62. — Planche 1 : a) Plan actuel.
Z>) Panorama actuel,
c) Coupe actuelle.

63. — Planche 2 : d) Plan restauré du temple.
e) Façade restaurée du temple.
64-65. — Planche double 3 et 4 : f) Coupe restaurée du temple.

Eleusis, située au bord de la mer, en face de l’île Sala-
mine, commandait la route qui relie Athènes à Mégare. La
légende fait remonter aux temps mythologiques l’assujet-
tissement d'Eleusis à sa puissante voisine; en réalité, à
partir du vu' siècle, la petite cité devient une forteresse
importante et forme l’une des dèmes de l'Attique. L’histoire
d’ÆTeiwis est intimement liée à l’histoire religieused’Athènes:
les Mystères de l’Artémis éleusinienne étaient célèbres : les
rites d’initiation comptaient parmi les plus sacrés de la

Grèce antique; la procession annuelle, par laquelle la déesse
Artémis venait visiter Athéna sur l’Acropole, était la plus
pompeuse qui se déroulât le long de la voie sacrée qui réunit
encore aujourd’hui les deux villes.
La plus grande obscurité règne sur le détail des céré-
monies et du culte (Foucart, les Grands Mystères d'Eleusis,
1900), ainsi que sur le sanctuaire, dont aucun auteur ancien
ne parle avec détails : la tradition prétend qu’un songe
détourna Pausanias de comprendre Eleusis, comme il en
 
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