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Seure, Georges
Monuments antiques: relevés et restaurés par les architectes pensionnaires de l'Académie de France à Rome (3): Monuments antiques de l'Italie et des provinces Romaines — Paris: Massin, 1912

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https://doi.org/10.11588/diglit.45315#0008
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MONUMENTS ANTIQUES

éparpillait les sépulcres le long des voies d’accès aux grandes
villes, le plus grandiose des cimetières romains (Parker,
Tombs in and near Rome, 1877).
I. Cirque de Maxenge au IIe mille. — Au sortir de l’en-
ceinte de la Rome d’Auréliea, les importantes ruines qui,
vers la seconde borne militaire, s'étendent sur le côté gauche
de la route jusqu’à la via Asinaria, étaient attribuées par le
Moyen âge à Caracalla, à cause de la ressemblance des maté-
riaux avec ceux des Thermes de cet empereur. Nibby y fit
en 1825 des fouilles (Roma Antica, vol. I) et découvrit l’ins-
cription scellée aujourd’hui à la façade des ruines (Corpus
inscr. latin., VI, 1138). Il s’agit d’un groupe de constructions
élevées par Maxenee en l’honneur de son fils Romulus, mort
en 309 après J.-C.
Les différents bâtiments communiquent par des crypto-
portiques; l’ensemble, grossièrement exécuté, est orienté
N.-S., perpendiculairement à la voie Appienne, et enfermé
dans un mur d’enceinte (blocage à revêtement de briques
et tuf ; tous les marbres et la décoration ont disparu). Il n’y
avait pas de façade sur la route, trop encombrée à cette
époque : le constructeur dut, pour se procurer le terrain
indispensable, exproprier plusieurs villas du Ier siècle de notre
ère. Les restes, élégamment décorés, en ont été retrouvés
(Disano, Guida dei monumenti dell' Appia Antica, 1900).
Le principal édifice de cet ensemble est le cirque, le seul
assez bien conservé, parmi tous ceux que possédait Rome,
pour qu’on puisse y vérifier sur place la théorie du cirque
romain, telle qu’elle est exposée par les auteurs anciens.
On y distingue :
1" Les gradins (15.000 places environ), rectilignes au N.,
incurvés au S., sans doute pour faciliter aux chars l’entrée
de l’arène, côté du départ;
2° Le mur central (spina), qui divise l’arène en deux pistes :
percé de portes de communication, il supportait une série
d’objets pratiques ou décoratifs dont les bases mêmes
ont partiellement disparu (l’obélisque égyptien qui s’y
dressait fut transporté en 1649 sur la place Navone, où il
orne la fontaine du Berniri) ;
3° Les carceres, écuries d’où partaient les chars, placées
en ligne oblique, afin que chaque conducteur ait exactement
le même chemin à parcourir pour arriver à la première
borne de la spina, qui indiquait le début de la piste (sept
tours constituaient ordinairement la course normale) ;
4° La loge impériale (pulvinar), flanquée d’une rotonde et
communiquant avec le palais voisin : son plancher de bois
dominait le milieu des gradins septentrionaux;
5° La loge des arbitres des jeux (tribunale judicum), située
presque symétriquement à la précédente sur le côté S. ;
6° Les tours à deux étages, où se tenait peut-être la
musique (tifticmes) ;
7° Les entrées : — a) porte triomphale, sans doute reliée
au temple voisin, surélevée par des marches ; placée dans
l’axe occidental, elle servait au défilé des cortèges ; — 6) porte
secondaire, dite porte de la Mort (libitinensis) : elle servait
à l’enlèvement rapide des blessés ou des cadavres, et était
placée face à la tribune impériale.
On remarquera, au point de vue de la distribution des
parties, l’analogie entre le cirque ainsi constitué et certaines
arènes royales A Espagne pour les courses de taureaux.
II. Tombeau de Cécilia Métella, au IIIe mille. — Placée
au sommet d’une montée de la route, ce qui la met en
valeur; assez bien conservée, — grâce à la famille princière
des Gaëtani, qui au xine siècle en firent le donjon d’une for-
teresse destinée à défendre leurs fiefs de la campagne
romaine, — cette tombe de pierre rappelle le mausolée
d'Hadrien à Rome.
Comme ce dernier, elle se compose d’une construction ronde
(diamètre : 20 in.) posée sur un soubassement carré, le tout
revêtu de travertin. Mais elle en diffère en ce qu’elle était
surmontée, non d’un toit plat avec des arbres, mais d’une
couverture conique (un acte du xi° siècle la nomme le
monument pointu : pizzuto).
Toute la partie crénelée qui surmonte la frise circulaire
est médiévale : cette frise représente des bucrânes reliés
par des guirlandes (motif traditionnel dans les sépultures),

d’où le surnom populaire du monument (tête de bœuf=c«29o
di bave). L’inscription dédicatoire, demeurée en place dans
un cartouche, est entourée de sculptures (barbares prison-
niers, arcs et flèches, éperons de navires, trophées) diverse-
ment interprétées : est-ce un souvenir du père de Métella,
Metellus Creticus, pacificateur de la Crète en 66 avant J.-C.,
ou de son mari, Crassusl (On ignore si ce Crassus est le
célèbre triumvir, mort en 53 avant J.-C. dans la guerre
contre les Parthes, ou bien son fils, qui fut lieutenant de
César pendant la conquête de la Gaule.')
L’intérêt historique de l’édifice serait doublé si l’on était
sûr que ce sépulcre fût celui de la famille des Metelli, que
Cicéron cite parmi les plus illustres de la Voie Appienne
(7usculanes, I, 7 : « au sortir de la porte Capène, tu vois
les sépulcres des Scipions, des Servilii, des Metelli »). Mais
comment l’obscure Métella y aurait-elle été ensevelie, au
lieu d’être placée dans l’un des tombeaux de la famille
de son mari, les Licinii, dont on a justement retrouvé
plusieurs sépulcres sur la même route? Problème insoluble,
puisqu’on ignore le contenu de la chambre funéraire : l’urne
ornée de bas-reliefs, qu’on conserve au palais Farnèse,
n’en provient sûrement pas, malgré la tradition (Tomassetti,
la Campagna romana, vol. II, 1910).
Le premier relevé scientifique du tombeau de Cécilia
Métella a paru dans les Mémoires de l'Académie des Lincei,
XV, p. 714 et suiv.
III. Ruines du Ve mille : les tombeaux des Horaces et des
Curiaces. — Nous possédons (Musée du Vatican) la borne du
Ve mille : elle date d’une réfection de la route par l’empereur
Maxenee (Corpus inscr. latin., X, 6816).
Au voisinage de cette borne, le chemin qui se dirige vers
les monts Albains en suivant une ligne imperturbablement
droite, fait sans motif topographique un léger coude à gauche.
On a cru pendant longtemps que cette déviation correspon-
dait à l’existence en ce lieu des tombeaux des Horaces et des
Curiaces : Appius Claudius aurait préféré détourner la route
plutôt que de les entamer.
Il résulte de fouilles récentes (Pinza, Ricerche intorno ai
monumenti ritrovati al V° miglio dell' Appia, dans Wiener
Jahreshefte, 1907) que le changement de direction a lieu
juste devant les ruines d’un tombeau carré placé sur le côté
gauche du chemin en allant vers Albe : on retrouve devant
ce tombeau les substructionsd’un mur parallèle à un sentier
primitif que la route refaite par Appius Claudius a recou-
vert, non pour éviter d'entamer une construction déjà
existante, mais pour la conserver en bordure du chemin. —
Si donc les tombeaux des Horaces et des Curiaces existaient
en cet endroit (témoignage formel de Tite-Live, I, 25, qui
les affirme visibles de son temps), il convient de les cher-
cher, non pas dans des tumuli voisins, mais dans l’édifice
antérieur aux ruines actuelles. Il faut noter aussi que le
territoire sacré primitif de Rome (ager romanus) finissait
en cet endroit : il serait possible que cette frontière fût pour
quelque chose dans la déviation de la route.
Les ruines voisines de cette courbe du chemin, prise
comme point central d’une reconstitution, sont en si piteux
état que toute étude ne peut être que conjecturale. Les
recherches exécutées en 1851-1853 par Canina pour le
comte du prince Torlonia, propriétaire de toute la contrée,
avaient abouti à des probabilités que les fouilles récentes
ont remplacées par d’autres probabilités.
Quelques rares monuments sont seuls reconnaissables :
1° Le cippe de Valeria Spes (Corpus inscr. latin., NI, 28277);
2° Un grand sarcophage ;
3° Deux tombes souterraines voûtées, l’une en marbre,
l’autre en briques estampillées à la date de 138 après J.-C.
(Corpus inscr. latin., XV, 1060);
4° Une cella rectangulaire pavée en marbre blanc : il reste
les amorces de la voûte et les murs creusés de niches
(arcosolia).
Quant aux murs indistincts et enchevêtrés voisins du
tombeau central, il est probable qu’ils appartiennent, non
à des monuments funéraires, mais à un relais postal du
me siècle de notre ère (Ripostelli, la Voie Appienne à l'époque
romaine et de nos jours, 1908).
 
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