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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0010
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LE SIFFLET

SIFFLEMENTS

Il y a un fait patent, d'autres diront épatant, c'est que
nous sommes en République.

Une seule chose nous manque, qui puisse m'afiermir
dans cette idée, c'est la marque de fabrique.

Je m'adresse, en écrivant ceci, aux commerçants et
aux gens pratiques, qui comprennent toute la- valeur de
ces mots, et non pas aux esprits légers et superficiels qui
ne profltent pas des leçons de l'histoire.

La branche aînée a la fleur de lis; très commode,
même en voyage. (Demandez à M. Cathelineau.)

On ne sait pas assez combien les opinions politiques
tiennent à peu de chose.

J'ai un ami qui est légitimiste parce qu'il a une pièce
de 20 francs frappée en 1826 à l'effigie de Henri V et qu'il
n'attend que l'occasion de la mettre en circulation.

Un autre, qui professe les mêmes opinions parce que
sa femme a hérité d'une parure de fleurs de lis en argent
oxydé.

La branche cadette a le coq : Henri IV avait la poule ;
mais on fait ce qu'on peut.

Napoléon III a l'aigle ; l'aigle légendaire.

La République seule attend encore son emblème : je ne
parle que pour mémoire du bonnet phrygien qui ressem-
ble trop à un éteignoir.

Et d'abord, il ne faut pas songer à reproduire sur nos
pièces de monnaie et nos timbres-poste le profil du pré-
sident.

Dans un pays aussi amoureux de la forme que le nôtre,
ce serait assurer le succès des beaux hommes; et avec ce
système M. Thiers aurait certainement moins de chances
que M. de Niewerkerke ou mademoiselle Mariani.

Certes, voilà un sujet digne de tenter les pinceaux, les
ébauchoirs et les burins les plus illustres.

Cela vaut bien, je crois, comme sujet de concours, la
mort de Patrocle ou le mariage de la Vierge.

11 y a des choses dures à digérer. Pour ma part, s'il
m'était donné de choisir entre le cheval que nous avons
mangé en janvier 1871 et la profession de foi de M. Rou-
her, ce n'est pas ta prose qui aurait la préférence, ô le
plus illustre de tous les Auvergnats !

Les gens mal intentionnés trouvaient bien que tout
n'était pas pour le mieux dans la meilleure des Répu-
bliques, mais enfin il leur restait une compensation : le
coup de balai, et quel coup de balai, mes frères ! — Rien,
plus rien! En une seconde, tout s'était évanoui I

On avait beau chercher sous las meubles, rien ! Ah ! ça,
fouchtra, est-ce que vous avez été oublié dans une ar-
moire, gros ventru?

Il faut vraiment avoir de l'aplomb 1

Vous avez perdu les délicatesses de vos jeunes années,
époque à laquelle vous n'osiez passer dans la rue où de-
meurait votre tailleur.

Et vous venez publiquement étaler votre impudente
bedaine aux yeux de gens qui pourraient vous demander
des comptes plus sévères que le susdit tailleur.

Voyons, il s'agit de s'entendre ! Il ne faut pas trop abu-
ser des redites. Courtisan de l'exil 1 C'est bieu un peu
démodé et rebattu I

Et puis, entre nous, il n'est pas si amer que ça, votre
exil. Je suis bien sûr que vous avez encore, dans quelque
coin, de quoi faire dorer les faisans que vous mangez sur
la terre étrangère.

O Corse, berceau des Bonaparte et des Piétri, épargne-
nous cette suprême humiliation ! Tu fus, pendant long-
temps, la boîte de Pandore, d'où se sont échappés tous
les maux qui sont venus nous assaillir.

Il est temps de fermer ta boite !

Et vous, jeunes filles, qui avez reçu la photographie de

cet avocat en baudruche, peut:être ignorez-vous le parti
qu'un opérateur habile peut tirer du jeu combiné de la
lumière et des draperies ?

S'il y a, sur cette face triviale, une lueur d'intelligence
et de bonté, on vous trompe, jeunes filles. Ce sont des
photographies de Lafemère.

A part les bureaux de tabac qu'il a prodigués à ses
compatriotes, il n'y avait rien dans ce gros homme. Et,
vous savez, pour les bureaux de tabac? Fini, usé. Ce
n'est plus lui qui en dispose.

Ainsi donc, rien à faire !

Ah, si vous vouliez égayer un peu les débats de la
Chambre, il fallait nous envoyer Belmontet. Il aaussi un
aigle, lui; mais son aigle est inoffensif; c'est un aigle qui
a des plumes d'oie.

Une idée de vaudeville que je cède à M. Sardou, contre
la moitié des droits d'auteur qu'il touchera pour le Roi
Carotte.

Un mari revient d'un voyage au long cours et trouve sa
femme clans une position intéressante.

Ici, se place une scène du plus haut pathétique : colère
du mari trompé, larmes de l'épouse infidèle.

Le mari est impitoyable ; il veut une vengeance écla-
tante, et réclame le nom du séducteur.

La femme résiste, puis" laisse tomber ces mots d'une
voix plaintive ;

« C'est M. le comte de Chambord, »

Epatement général !

•Qu'en dites-vous, M. Sardou?

Le faisons-nous ensemble pour le Palais-Royal?

A propos de la proposition Naquet, le duc d'Aumale
disait à un de ses intimes qui lui demandait un con-
seil :

« Voter pour, voter contre ! à quoi qu'ça sert ? »

Un merle.

SAINT-CYR COMIQUE

LE PREMIER PAS DANS LA CARRIÈRE.

Un de mes anciens, qui depuis a cruellement expié ce
crime en fournissant au Constitutionnel deux articles de
vingt-trois lignes, avait jugé fort gentil d'apporter sur
mon passage, au prix des plus grands sacrifices, — une
con ommation de deux sous par tête, au Bal des Chiens,
—dix ou douze jeunesvoyous primitivement vêtus de lam-
beaux de pntalon dissimulant mal ce qu'une feuille de
vigne suffit à couvrir, ayant des voix à chanter faux
comme une proclam; tion de Trochu, et pourtant chargés
par lui de me recevoir au refrain de la Galette :

Noble galette, que ton nom...

Je regrette de tout cœur que l'auteur de cette barcarolle
idiote ait cru devoir conserver l'anonyme. Si je le con-
naissais, ce poète, pas plus tard qu'aujourd'hui, je lui en-
verrais mes témoins.

Quelle scie, quelle brimade il m'a fallu supporter ce
jour-là!

Néanmoins, je leur tins compte de leur bonne volonté,
et, tirant de ma poche une vieille pièce de cinq francs
extraite, deux jours auparavant, du bas vénéré de mon
oncle François, je l'offris à l'infect gamin qui servait
d'Henri Hainl à l'orchestre.

Des cris de : Vive mossieu Bazar! vive mossieu Co-
pahu ! accueillirent ce don.

J'étais furieux.

Et il y avait de quoi.

Car s'appeler Mac-Razor, être grand et généreux, et
entendre acclamer Bazar efCopahu, c'est dur, plusdur que
le guichet du caissier de Lévy, qui ne s'ouvre que pour
recevoir de l'argent, mais jamais pour en donner.

En face de moi une maisonnette se dressait blar^o »+
proprette, à l'aspect gai, bien nue spS„ ?heet
agrémentées de grillages derrière lescuek S? faTnt
homme à la barbe épaisse et no re? aKx arS ?
chef orne d'un énorme bonnet de'coton, "e corp1 '
topp|dune large houppelande blanche.'Il HonS

Une sœur de Saint-Vincent de Paul était à ses cotés

Pauvre Rubiere! il est mort maintenant, mort-comme

dans l'armée nous n'aimons pas à mourir - 1 ™^ r

d'une affection de l'estomac, d'un S ma'adle'

Nous avons beau vouloir toujours rire, il nous font

souvent pleurer,,et je m'arrête sur; ce douloureuxlou-

A dimanche la suite, chers camarades,

Le Colonel Mac-Razor.

VISITE DE MONSIEUR GAGNE

Aux Rédacteurs du Sifflet

Nous avons été honorés de la visite de M Gasna-
l'archi-poete a bien voulu venir nous voir dans les bu'
reaux de la rédaction.

Directeur gérant, rédacteur en chef, dessinateurs et
tous les collaborateurs du journal ont été présentés à l'il-
lustre avocat-citoyen du peuple universel.

Pas plus que'nous, M. Gagne n'avait fait de frais'de
toilette pour cette présentation. -

Le respectable patriarche était, comme tous les jours
habillé de noir des pieds à la tète, et armé de l'immortel
parapluie de l'obélisque.

Pendant plus d'une heure,l'auteur AelaRépubliquéide-
Empire-Royaulé a déclamé, au milieu du plus comique
silence, ses élucubrations a»-e/«'-poétiques.

Jamais archi-poète n'a produit semblable effet sur son
auditoire.'

Nous voulions tous porter le père Gagne en triomphe
après le quatrain suivant, post-face de sa dernière bro-
chure :

Gagne ose supplier les vaillants journalistes
Photographes-soleils de la pensée en pistes, '
De faire triompher son poème ébloui
Par un journaliscile où règne l'archi-oui.'!.'

— Ah! monsieur Gagne, lui dis-je avec admiration,
comme vous dites bien les vers I

— Je les dis beaucoup mieux encore, lorsqu'ils ne sont
pas de moi.

Ce n'était pas par modestie qu'il me fit cet aveu, car
l'auteur du Vélocitêie, poème-opéra dramatique en cinq
fastes à réveils, se met, avec juste raison, au-dessus de
tous les archi-poètes contemporains.

Les principales questions du moment ont été agitées
par nous devant M. Gagne : la plus palpitante, celle de
l'indemnité de guerre, a été résolue de la manière la plus
originale par Varchi-avocaf.

Il propose d'ériger, dans tous les chefs-lieux d'arron-
dissement de France, des obélisques, sur lesquels seront
gravés les noms de toutes les personnes qui auront sous-
crit pour la libération du sol français..

Tout le monde voudra voir son nom gravé sur la pierre,
et la France, nous a-t-il, sera sauvée par les obélisques.'

Avant de nous' quitter, \ archi-improvisaleur a pris
une plume et a écrit le quatrain suivant sur une feuille
de papier que nous lui avons présentée :

Gagne permet gaiment au Sifflet sympathique
De le charger avec l'amour patriotique,
Pour faire triompher, dans la sainte unité,
La Républiauéide-Empire-Royautél'.l

A la première occasion, nous utiliserons cette gracieuse
permission.

Michel Anézo.

*<

' Trois (

les]»'"»*
k ravisante

S»coreP

LE CARNAVAL D'UN SINGE

Dialogue sentimental.

Il était quatre heures de l'après-midi ; Anatole Beau-
nïinois, étudiant de première année, et sa compagne,
l a jeune et jolie Mousseline, venaient de s'éveiller.

Ce soir-là, il y avait bal de nuit à Bullier.

— Sacrebleu l exclama Anatole, pas le sou 1 pas la plus
petite coupure... excepté à mes bottines.

— Ah ! mais, tu sais, je la connais cette chanson-là,
la dèche et l'amour, c'est très gentil pendant deux heures,
mais ça manque de bocks, et il fait soif.

— Prends ma garde-robe, porte le tout au clou.
Mousseline sortit, et revint au bout de trois quarts

d'heure.

— On a prêté quatre francs ; seulement je suis entré
au caboulot, j'ai joué au chien vert, et j'ai tout perdu...
Ne me gronde pas, mon petit Totole ; moi aussi, je
vais engager mes frusques ; le garçon d'hôtel ira les
clouer... Nous ferons le carnaval ici, en chemise et en
tête-à-tête.

II
La Providence.
La toilette de Mousseline avait été estimée 7 fr. 50.
Un festin de Balthazar avait mis en gaité le jeune
couple, qui se livrait à un chahut fantastique.
Tout à coup, minuit sonna.
On frappa à la porte de la chambre.
C'était l'oncle Gaillardin, qui arrivait de Falaise.

III
Faisons nos farces.

Comme il avait le sac , et qu'il ne détestait pas la gau-
driole, "une heure après, il faisait son entrée solennelle à
Bullier, encadré par Mousseline déguisée en Folie et son
neveu habillé en singe.

Au trente-septième verre de chartreuse, il s'endormit
sur un banc.

Bientôt il fut réveillé par des cris épouvantables qui
éclataient de tous les côtés de la salle.

Le singe Anatole, pour se distraire pendant les en-
tr'actes, s'amusait à trempsr son appareil caudal dans les
petits verres de cognac et de chartreuse échelonnés sur
les tables. Par mégarde, il rencontra une allumette en-
flammée ; l'alcool prit feu.

Totole allait être grillé dans son déguisement..., quand

un municipal, armé de tout son courage et d'une
paire de ciseaux, coupa l'appendice déjà à demi consumé.
Depuis cette nuit, Mousseline porte une queue de singe
roussie dans son Chignon.

IV
Ches Baratte.
Tous trois avaient filé en sapin chez Baratte, où ils
achevèrent de se griser de la façon la plus honorable et
la moins économique. Seulement, l'oncle, lui aussi, s e-
tait déguisé en singe.
Précipitons les événements...

Un vieux débauché.
Vers huit heures du matin, tandis que son neveu lisait
mélancoliquement le Siècle, Gaillardin s'éclipsa... avec

sa nièce. ..

Anatole, en se retournant, ne trouva plus que le vide.
Fou de rage et de jalousie, il absorba le dernier verre du
dernier carafon, puis disparut, à travers des rues tor-
tueuses et étroites, en longeant les murs.

Son désespoir l'égara; il arriva enfin près du Jarow
des Plantes. ^ ^^

(La suite au prochain numéro.)

tleloq,,
wéâtf.
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