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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0014
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LE SIFFLET

SIFFLEMENTS

LE SIFFLET ne tue que ce qui est mauvais

En assistant l'autre soir à la représentation tumultueuse
du Vaudeville, nous nous disions : Les voici donc reve-
nues ces soirées A'Hemani et de Lucrèce, de Qaëtana et
d'Henriette Maréchal; le sifflet va donc de nouveau
régner à Paris, l'époque des grandes luttes littéraires,
des pugilats artistiques va renaître, et nous allons pouvoir
user de ce droit tout à notre aise :•

Qu'à la porte on achète en entrant.

Mais nous nous trompions ; le lendemain la cabale
avait disparu et le public bonasse faisait- bon accueil à
Rabagas, qui la veille avait déchaîné sur sa tête une
véritable tempête.

Cette transition m'a fait faire un retour sur le passé.
Forcément je me suis laissé entraîner à de sérieuses pen-
sées. Cela vous étonnera peut-être, mais pourtant cela
est. Ne peut-on pas être sérieux une fois dans sa vie?

Je me suis donc laissé aller en souvenir à ce bon temps
passé où deux classes bien distinctes assistaient aux pre-
mières.

Il y avait dans la première période des chevelus et des
perruques, dans la seconde des romantiques et des
classiques, sans même en excepter le légendaire Pipe-
en-bois.

On se haïssait, on se maudissait de part et d'autre, on
se lançait mutuellement à la face de grosses injures, des
banquettes et des coups de poing.

Les hugolàtres rossaient les ponsardistes à la Comédie-
. Française, et réciproquement ; ce qui avait'lieu au Théâ-
tre-Français se passait à l'Odéon.

Les théâtre* se trouvaient par instants convertis en vé-
ritables champs de bataille.

Aujourd'hui, plus rien, plus rien que le silence et l'en-
nui.

Sans doute, le brave homme qui paie à la porte, et qui
en veut pour son argent, doit s'estimer heureux ; il peut
ronfler ou digérer à l'aise pendant les cinq actes d'une
tragédie chevrotante, pendant les quinze tableaux d'un
drame opiacé. Mais l'homme de goût, l'artiste, dont le
cœur bat aux belles choses, et qui possède encore un peu
d'enthousiasme, que doit-il penser de ce calme du par-
terre, de cette b'onace perpétuelle, qui n'est trpublée que
par les clameurs de ces bons messieurs du lustre, les con-
dottieri de l'administration '! Ce qu'il en pense, c'est que
de nos jours il n'y a plus de public : il ne reste que des
spectateurs.

• Celte transformation, d'où vient-elle ? C'est que le droit
au sifflet n'existe plus ; il est tombé en désuétude.

Il faut le faire revivre, car en somme, si nous
procurons à l'exploitation théâtrale des bénéfices, nous
avons bien le droit de repousser les pièces et les artistes
qui pourraient nous ennuyer pendant six mois et plus.

Le directeur seul redoute le sifflet j il n'aura plus cette
crainte s'il réforme son organisation, dramatique ; assez
de routine et plus d'audace. Messieurs, osez tout simple-
ment et vous ne tarderez pas à sourire au résultat.

En somme, le sifflet no tue pas les administrations sé-
rieuses, le sifflet ne. tue que ce- qui est réellement mau-
vais, et les cabales qui n'ont point leur raison d'être n'ont
qu'un temps,

Léopold Laurens.

SAINT-CYR COMIQUE

Les premières brimades — J'arrive enpetit-crevé, on me transforme
en Otaïtien, — Le docteur Cabasse.-

« Tiens, voici ce cher Mac-Razor qui arrive enfin à
l'école ! » s'écria de sa fenêtre, un monsieur en robe de
chambre candide que je ne connaissais pas.

Je m'étonnai qu une personne, que je n'avais jamais
Vue, sût mon nom. - . ,

Mais je m'expliquai sans peine qu'elle devinât à mon
seul aspect que j'étais un des nouveaux élèves.

Est-ce que les saints-cyriens n'ont pas tous la tète
faite d'une façon particulière et une physionomie de
héros, qui leur est spéciale ?

Ne lit-on. pas sur leur figure que la gloire, Ge hochet
de l'avenir dont ne font fi que les idiots,, incapables de
parvenir à le saisir, —qu'une renommée immortelle, ■—
qu'un nom impérissable, — les attendent... ces futurs
« enfants gâtés de la victoire '! »

Aussi adressai-je avec empressement à l'homme au
casque-à-mèche un salut où la vanité satisfaite se mêlait
à une dose extra-forte à la pqlitesse.»

— Vous demandez le général, n'est-ce pas, monsieur ?
interrogea Ribière.

— M. deMonet, précisément.

— Mais c'est moi, monsieur. Sonnez donc, sonnez donc
vite, j'ai hâte de causer avec vous.

Devenu plus modeste en face d'un général de division
aussi charmant, aussi familier, je tirai le cordon de la
sonnette avec enthousiasme.

La porte s'ouvrit, et une douzaine de jeunes gens en
costume en tout semblable à celui du général m'entourè-
rent aussitôt, me faisant une foule de questions saugre-
nues et m'accablautde récits burlesques.

L'un d'eux déjà venait de m'obliger à improviser une
prière à « sainte Galette, patronne de Saint-Cyr-Bahut,»
quand une religieuse accourut, et, renvoyant en riant
tous ces bonnets de coton, m'avertit que j'étais victime
d'une mystification d'anciens.

Hélas ! je ne le savais que trop ; la prétendue habita-
tion du général était l'infirmerie de Saint-Cyr, et le
pseudo M. de Monet un vulgaire malade.

La sœur m'indiqua ensuite où je devais aller.
• Quant à ces farceurs qui s'étaient éclipsés à la vue de
la cornette blanche de la jeune novice, ils n'en étaient
pas à leur coup d'essai. Depuis huit jours, ils brimaient
dà la sorte les melons entrant.

Us ont dû payer leur forfait à mon égard d'une sentence
de privation de confiture au repas suivant. Je dis sen-
tence, car si la peine fut prononcée, l'exécution n'aura
pas eu lieu. Ces chères sœurs savent que le saint-cyrien,
qui ne craint pas de commettre des manquements passibles
de 30 et même 00 jours de salle de police, recule devant
une peccadillette qui leur ferait de la peine, et leur indul-
gence s'en ressent.

A l'école, cène fut point M. deMonet, mais M. le colo-
nel Jajspart qui me reçut.

M. Jaspart, un fort beau vieillard, ma foi, et des mieux
conservés, examina mes pièces et m'envoya au docteur.

Celui-ci avait pour mission de voir si je n'étais ni
goitreux, ni scrofuleux, si j'avais été vacciné, si ma poi-
trine n'était pas avariée, si j'appartenais au sexe mascu-
lin.'si t'étais en possession de pieds assez aristocratiques
— pas plate naturellement — pour bien marcher, — en un
mot, propre à faire voir plus tard aux ennemis de la
France, s'il leur arrivait de n:e tuer, que le pays qui leur
a si souvent infligé les plus belles volées du monde, avait
toujours de beaux hommes pour leur administrer de nou-
velles frottées.

Le médecin me fit dépouiller successivement tous mes

vêtements pour me laisser absolument habillé en sanvarm
et encore sans le moindre pagne qui pût cacher m»
nudité. uw

Il me palpa; m'ausculta, me fit tousser, et finalemPut
opina que j'étais digne d'aller voir le Prince Eugène ^
Bulle de Savon— lisez : d'aller revêtir l'uniforme au ma
gasin et me faire tondre comme un caniche.

Avant de vous amener avec moi, laissez-moi cher-
amis, vous rappeler un souvenir au sujet du docteur -m
sujet de Cabasse : '

Le docteur Cabasse, avec son grand corps maigre son
képi haut de trente centimètres, son long caban'peu
brossé, sa voix caverneuse et rauque, ne pouvait guère
passer pour le sosie d'Adonis ou pour un gandin préten-
tieux, pas plus que - les expériences chirurgicales qu'il
avait, de son propre aveu, faites sur les Arabes, au temps
où il était le médecin, malgré lui, d'Abd-el-Kader ne
l'auraient aidé à se faire la réputation d'un homme d'une
sensibilité exagérée.

Mais il avait pour lui une qualité que nous priserons
toujours tant que la France existera : c'était un brave à
tous crins, ayant brillamment fait ses preuves à Sidi-
Brahim où, tandis qu'un officier commandant le déta-
chement "dont il faisait partie, le lieutenant Marin, en- '
touré de toutes parts par les troupes de l'émir, se pré-
parait à capituler, lui, armé de sa seule lancette, parlait
do se mettre à la tète de quelques hommes encore valides,
et de mourir au moins puisque la défaite était certaine!

Marin ne voulut rien entendre, exigea que l'on mit bas
les armes, et le détachement fut fait prisonnier. Cabasse,
d'aide-major de l'armée française devenu premier méde-
cin'de l'émir, coupa, tailla, trancha, brûla ses Arabes
avec une sollicitude et un empressement sans égal qui
firent de lui un chirurgien de premier ordre. Un mau-
vais plaisant-— ce ne peut être qu'un mauvais plaisant—
affirmait un jour devant moi que, pour un mal de tète,
Cabasse coupait la jambe du malade, et qu'une engelure

au pied emportait l'a perte de l'un des deux bras..... au

moins.

Le colonel Mac-Razoh.

(A mitre.)

INDISCRÉTIONS

MADEMOISELLE SILLY

Dois-je dire son âge ?... Non, ce serait une trop grande
indiscrétion, je préfère m'abstenir de faire connaître le
nombre des printemps de la Vénus aux carottes, pour
conserver les bons rapports que nous avons ensemble.

Mademoiselle Silly, retour de Californie, est la plus
riche actrice de Paris ; on peut voir dan's son cabinet de
travail un lingot d'or de trois cent mille francs qu'elle a
extrait elle-même du ttlon.

Sa fortune (c'est prouvé) est le fruit de ses labeurs et
de son courage.

La charmante actrice" des Variétés est obligeante à
l'excès, elle se ferait couper en quatre pour rendre service
à ceux qui s'adressent à elle.

Mais la bienfaisante personne n'a encore jamais eu
l'occasion de prouver sa charité d'une façon aussi tra-
gique.

Ses débuts dans la carrière dramatique ont été très
brillants ; quand elle donnait des représentations à son
bénéfice au théâtre de la Tour d'Auvergne elle faisait des
recettes de 17 francs 50 centimes.

C'est pour mademoiselle Silly (il n'y a pas tout à fait
un siècle) que les premières expériences de lumière élec-
trique ont été faites sur le théâtre de la Porte-Saint-Mar-
tin.

Jamais elle ne fut plus brillante !

L'aimable artiste a toujours témoigné la plus vive af-
fection à Schneider et à Thérésa ; il est absolument faux
qu'elle ait été ou qu'elle soit encore jalouse de ces deux
célébrités, ce n'est pas dans son tempérament.

Mademoiselle Silly est une bonne camarade, une actrice
parfaite et une chercheuse d'or très adroite.

Le Sutlede.

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Ça ne bc

LE CARNAVAL D'UN SINGE

— Suite et un. —

VI

L'Orang-Outang.

Neuf heures du matin. Le gardien du palais des singes
fumait sa pipe dans l'allée voisine du quai. Anatole Beau-
minois passa furtivement près de la grille.

Sur-le-champ, l'alerte est donnée : « L'orang-outang
s'est échappé ! »

En unclind'œil, le pauvre Totole fut saisi et jeté brus-
quement dans une cage.

— Mais, s'écria-t-iï enfin, vous vous trompez; je suis
un simple mortel comme vous, électeur au 6e arrondisse-
ment, et je demande à sortir à l'instant même.

Son geôlier demeura stupéfait : « O prodige ! l'orang-
« cmtang parle ! oui, messieurs, il parle 1 c'est um phé-
« uoinène. Merci, singe; je te devrai mon avancement;
« je m'attache à toi jusqu'à ta mort. »

L'étudiant devina qu'il était perdu; soudain une idée'
lumineuse lui traversa la cervelle :

« Eh! bien, oui, reprit-il; je suis orang-outang;
« mais je suis bachelier.. . Ecoutez-moi jusqu'au bout.
« Au lieu de me laisser dans cette prison, en spectacle
« aux militaires et aux bonnes d'enfants, montez à votre
« compte une baraque, où vous me montrerez dans les
« grandes foires de l'Europe, pour 50 centimes. Vous
« gagnerez ainsi un argeut fou, et je vous donne ma
- « parole d'orang-outang de vous suivre jusqu'au bout du
« monde.»

Séduit par ces promesses alléchantes, le gardien allait
ouvrir la cage, lorsque son attention fut détournée par
les cris d'une nuée de gamins qui couraient à travers le
jardin.

VII

Deuœ Orangs-0étangs

Ces gamins poursuivaient un singe monstrueux qui
s'affaissa tout à coup.

—■ Encore un pour ma collection, dit joyeusement le
gardien, en l'enfermant avec Anatole.

Horreur et mystère !

L'oncle et le neveu s'étaient reconnus.

VIII

Lsnlications

Que le docteur Grincheux ne nous accuse pas d'invrai-
semblance. Mousseline avait evi des remords; elle avait
congédié (iaillardin, sans même lui donner l'adresse
de la loueuse de costumes chez laquelle il avait laissé ses
habits de provincial.

Et le malheureux, traqué partout par les badauds,
n'avait trouvé d'autre refuge que le jardin des Plantes.

IX

La Rançon

Vers le soir, on servit aux deux captifs une douzaine
de noix ; mais l'émotion leur avait coupé l'appétit.

Brisé par la fatigue, l'oncle.s'était endormi. Son neveu
avait d'excellents principes, mais la situation était péril-

leuse ; il consulta sa conscience et les poches de son

compagnon. ,. , Pilota de

Le portefeuille contenait une liasse de billets

baUneeronde de nuit vint à passer. Anatole parlementa,
glissa vingt-cinq sous dans la main d'un gaiçon ûeseï
vice. ; ,

Cinq minutes après, il était en liberté.

X

Le Cadavre

Et Gaiilardin dormait toujours ! .

Le matin, il se tordait,'en proie a une MWJJJ0» 0
'frois vétérinaires furent appelés ; ils ordonnèrent
forte dose de jalap. ., , , „ „nj„v™

A midi, le malheureux n'était plus qu'un cadavio.

Xi

Conclusion

On montre encore ^J^^^Z^eÏ^
un orang-outang empaille, dont les traits conseï
trace d'une horrible agonie..

jrrioie agonie.. , ,.

Hélas ! c'est tout ce qui reste de feu ^«n.

le. morte de désespoir et de honte, a ,

•ne

Et sa femme, morte de desespo r et ue »--■ . „
toute sa fortune à son neveu Anatole Beaf™Waite.
croque gaîment avec toutes les Mousselines de t asj

Morale

Sont-ils blagueurs, ces journalistes ! -

Raoul FAUVEL.
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