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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0038
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LE SIFFLET

SIFFLEMENTS

LE 16 MARS EN ANGLETERRE.

Dès le matin, la bonne qui fait le ménage de la fimille
a lavé à grande eau les escaliers.

Napoléon III a revêtu, pour la circonstance, son costume
dégénérai de division, le jeune présomptif celui de sous-
lieutenant, l'impératrice, dans une toilette moleste,
' porte au cou un collier de jais.

Sur la table, en noyer, deux assiettes en faïence con-
tiennent, l'une, des petits fours (cadeau de Rouher),
l'autre, quelques cartes de visite, dont les noms, bizarre
coïncidence, finissent tous en i..

Un cab s'arrête à la porte ; l'empereur jette sa ciga-
rette, l'impératrice tapote ses jupes, le prince lisse une
mèche rebelle.

Entrent deux hommes, décorés tous deux, l'un jeune
et élégant, l'autre cassé et se traînant à peine.

Le premier fut jadis le secrétaire d'un préfet, le second
d'un sénateur.

(Chœur des jeunes gens.)

Nous n'avons pas voulu laisser passer cet anniversaire
auguste, sans venir déposer à vos pieds l'hommage de
notre dévouement.

Vous me connaissez, sire, vous savez si les candi-
dats de l'opposition avaient en moi un adversaire
résolu.

Pour moi, les urnes n'avaient pas de mystères.

De quelques combats, je suis sorti meurtri, iamais
vaincu !

Hélas, déjà je pouvais entrevoir pour moi la terre pro-
mise d'une sous-préfecture, lorsque la mauvaise fortune
est venue vous abattre.

J'ai sombré avec vous tenant fièrement mon drapeau
qui porte : Vive l'Empire et les préfectures !

Mais tout n'est pas fini peut-être ; nous sommes cinq
ou six cents décavés, sans compter Berthe Legrand, qui
regrette votre linge, et qui sera la cantinière de notre
régiment.

Nous sommes à vous corps et âme, mais la bonne
volonté ne suffit pas pour faire passer dans les âmes
tièdes la conviction ardente qui nous anime.

Accordez-moi une petite subvention que je vous rendrai
quand vous m'aurez mommé préfet.

Vous êtes pauvre, je lésais ; mais votre ruine a fait la
mienne; j'ai tout perdu, vous perdant, hormis l'espoir!
Songez qu'un nouveau scrutin peut vous, rendre le
trône et que mes connaissances pourront alors vous être
de quelque utilité.

(Chœur des vieillards.)

Ah! sire! ce n'est pas sous ce costume que j'avais
espéré vous faire, jusqu'àma mort, agréer mes nommages
et mes félicitations ! Temps heureux, trop tôt disparu, où
j'avais un uniforme chamarré et trente mille francs de
revenu 1 qu'es-tu devenu, hélas!

Enfant, tu n'as pas eu le temps de le connaître ! Par la
porte entrebâillée, qui s'est trop tôt fermée sur toi, à
peine as-tu pu jeter un regard surpris sur ce Paris que
nous avons tant aimé. Espoir déçu des avant -scènes,
tu n'as pas eu le temps de le voir plein de bruit et de
splendeur, de fête et de mouvement.

Où est le temps où il y avait un sénat ! Vous savez,
sire, si nous fûmes dociles, et si jamais l'un de nous a
résisté à vos désirs! Ah revenez, sirel revenez! Nous

sommes deux cents tout disposés à décider que vous
n'êtes sorti de la légalité que pour rentrer dans le
droit. ,

Tel est le récit exact des réceptions du 16 mars à
Chislehurst fait par un témoin oculaire.

Les deux visiteurs ont dîné avec les nobles exilés et on
prétend que le soir on entendait sous la table un bruit
étrange. Napoléon serrait dans ses bras le vieux sénateur
en l'ai pelant Marguerite.

Le vieux n'osait résister.

Jetons un voile!

Un Merle.

MISSIVE INTIME

Nous insérons la lettre suivante qui a été adressée à
M. Arthur Lévy, notre directeur, par un jeune vaudevilliste
de nos amis.

Nos lecteurs verront que nous commettons une indis-
crétion, car cette missive exclusivement intime n'était pas
destinée à la publicité ; mais son extrême originalité a
détruit tous nos scrupules.

Paris, 20 mars. Minuit,'de dessous la table
de ma mère à rallonges.,

Ma vieille gibecière,

Permets-moi de m'excuser pour ma non présence d'hier
soir, au café que gère si bien «otre anc.en roi, le sieur
Louis XIV.

J'ai diné en famille, c'est assez1 te dire que j'ai mangé
un tas de ragoûts connus, au milieu d'un tas de gens que
je ne connais guère.

A ma droite était (ne pas lire: tétait) une grosse dame,
dont les bas varices attestaient assez l'avarice du ban-
dagiste.

A ma gauche, j'avais.un monsieur dont les poignets et
les mains sont tellement poilus, qu'à chaque instant je
croyais trouver dos cheveux dresaés... dans mon assiette.

— Ce que c'est que la réverbération !!!

Faut-il t'énumlrer les nombreux mets, viandes et
légumes que je me suis jeté dans le gilet?

Après une soupe composée de vieux croûtons de la
semaine... (mais bien rappropriés, par exemple)' nous
avons mangé un litre de marrons et des pommes de terre
en robe de chambre.

Ta penses bien qu'après cela, le dessert dsvait être le
bienvenu ? — Et il le tut !

Ma mère, qui lait, bon an mal an, quatre pots de confi-
tures avec des côtes de melon, nous étala à tous, sur le
couvercle d'une boîte à sardines, une couche desdites
confitures.

Ah ! que c'était suave !!!

La femme aux varices en a repris sept fois, sans compter
ce qu'elle en avait fourré furtivement dans une de ses
narines qu'elle a dû vider en rentrant chez elle.

Le jeune homme poilu s'est plus décemment conduit,

— il n'a retiré ses bottes qu'à l'apparition du gruyère —
de façon que l'on a pu attribuer le parfum de sa plante
des piedsau fromage dont il s'agit.

Il n'y a donc pas que Lesurque qui a besoin d'être
réhabilité !!!

Le café est enfin apparu sur la nappe déjà pas mal
tachée de vin, quand on eut donné à chacun sa part de
marrons aux pommes de terre. — Ce café était buvable
(quoiqu'une petite dame m'ait juré sur son râtelier en

aluminium) qui ledit café est un composé de foie de che-
val grillé et de têtes de mouches conservées par le nro
cédé Gannal. t > "

, Si la femme au râtelier dit vrai, jetais une scène à ma
' mère-,.crai.aura ainsi trompé des personnes honorables
qu'elle a invitées à raison de 20 sous par tête (eau roupie
non comprise). ...... , ■= ■'■ ■■■' >i •? °

Je croîs devoir clore cette é,.ître sincère ent'avouant
que lorsque je sue préparai à aller te trouver au café du
roi Soleil, je me sentis étouffé nar les marrons aux
tommes de terre qui n'étaient pas nouvelles... oh ! non 1
On dU me fai-re respirer Vaisselle de ma voisine pour'ine
faire revenir à moi. ■ ..-■.■-■

Il était alors 11 heures, et je ramassai ma femm= qui
jouait au bouchon sous la table avec celui du jeune
homme aux poignets poilus, avec lesquels je me-dis* avec
et sans pommes de terre : ton dévoué qui n'a rien à se
reproeher.fi ce n'est sa conduite-,'qui,' vu-les'lé"umes
venteux mangés à ce dîner, peut nasser pour une con-
duite... de gaz !!!

Ton ami pour cinq ans,

Henri BUGUET.
P. S. — Ne montre pas cette lettre au détaché-:^
l'ambassade d'Angletei re avec lequel nous avons déjeuné
l'autre jour chez Coppin. — Cela me ferait du tort pour
ma place du Carrousel. '

La question des jeux .et de leur. rétablisse-
ment en France, est sur le tapis.

Le Sifflet, qui siffle avec impartialité contre
tous les abus, publiera dans son prochain numé-
ro la première série d'une étude importante
sur ce. grave sujet.

PENSÉES D'UN BIJOUTIER SUR LE GENOU

Il vaut mieux changer de femme que d'opinion.

* *

Eh Amérique il y a des femmes et des forêts vierges.

J'aimerais mieux siffler une pièce de bon vin qu'une
mauvaise pièce de Sardou.

Quand on s'aime, on ne récolte pas toujours.

Ce qu'il y a de bon à manger dans une main, c'est la
'paume.

. Je vais plus souvent chez ma tante que chez mon
oncle.

Quoi qu'en disent les gens malintentionnés, les mili-
taires ont une certaine valeur, puisqu'on peut les mettre
au clou.

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LA FILLE DU PARFUMEUR

DE LA PETITE-VILLETTE
(Roman à l'eau de rose.)

PRÉFACE.

;, {Il n'y en a pas ; le papier est trop cher.)
CHAPITRE Ier.

LE RENDEZ-VOUS.

Le 30 février 1873, entre une heure de l'après-midi et
onze heures du matin, par un clair de lune abracada-
brant, une jeune fille de seize à soixante-dix-sept ans,
d'un extérieur entrelardé, était assise ou plutôt à cheval
sur un banc fraîchement peint du square des Arts-et-Mé-
tiers.

Quelle était cette jeune fille?... que faisait-elle seule et
solitaire en cet endroit isolé et nocturne ?
C'est ce que la suite va nous apprendre.

CHAPITRE II.

LA LARME.

Christine — c'est le nom de notre héroïne — attendait
avec anxiété l'arrivée de celui qu'elle aimait.

Mais l'infidèle ne venait pas.

11 y avait trois heures que celle du rendez-vous était
sonnée et que les pompiers, qui étaient de service au
r.héàtre de VAmbigu-Monotone, avaient quitté les cou-
lisses de l'administration Bouillon.

La jeune fille commençait à s'impatienter.

Une larme s'échappa de sa paupière, glissa le long de
sa joue et tomba sur un morceau de papier qu'elle tenait
précieusement dans l'une de ses mams.

Quel était ce morceau de papier?

C'est ce que la suite va nous apprendre.

CHAPIRTE III.

LE CORNET DE POMMES DE TERRE FRITES.

Pour supporter bravement la longueur de l'attente,
Christine, en sortant de chez la sienne, avait acheté pour
deux sous de pommes de terre frites qu'elle avait
absorbées en pensant à l'élu de son cœur, et c'est le"
cornet qui les contenait que sa larme venait de mouil-
ler.

Pauvre enfant !

Tout à coup, elle tressaillit de la plante des cheveux à
la racine des pieds ; elle tendit l'oreille et plongea avide-
ment ses yeux dans l'obscurité; elle venait d'entendre un
bruit mystérieux et cosmopolite.

Quel était ce bruit ?

C'est ce que la suite va nous apprendre.

CHAPITRE IV.

LES EQUIPAGES NOCTURNES.

T'Xla»

Une longue file d'équipages nocturnes venant de la rue
Rambuteau se dirigeaient lentement vers la Petite-Vil-
lette.

Des hommes à la figure sombre et rébarbative, vêtus
d'un tablier et de grosses bottes de cuir, les condui-
saient.

C'est ce bruit qui était venu (rapper si inopinément la
tympan de !a jeune fille.

Que contenaient ces tombereaux ?

C'est ce que la suite va- nous apprendre.

CHAPITRE V

L'EXPLOSION *

. Christine, quoique ne sachant que deux langues, n'eut
pas de peine à reconnaître, dans les équipages qu'elle
voyait défiler, les voitures de ton père, — car, il est bon
que le lecteur sache que son père était entrepreneur de
parfumerie à la Petite-Villette.

Cela lui rappelait qu'elle avait, non loin de là, une
famille qui la chérissait et qu'elle avait indignement
déshonorée.

Ce souvenir allait incontestablement lui faire répan-
dre de nouvelles larmes, lorsqu'un bruit épouvantable,
pareil à celui d'un coup de foudre, se fit entendre.

Aussitôt une odeur de fleur d'oranger et de rniileautres
parfums envahit l'atmosphère.

Les narines de Louis Veuillot, qui passait par là, se
dilatèrent voluptueusement et absorbèrent une énorme
quantité de gaz.

La jeune fille fît le signe de la croix et s'évanouit.

Quelle avait été la cause de cette explosion1?

C'est ce que la suite va nous apprendre.

«étuis t;*1'*

Louis Gabillaud,

(La suite au prochain numéro.)
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