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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0042
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LE SIFFLET

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SIFFLEMENTS

Samedi dernier, vers onze heures, un ancien policier,
que les malheurs arrivés à son patron ont rénd'j fou, s'est
échappé de la maison du docteur X..., où i! recevait les
soins que réclamait son état.

Enfermé depuis le 5 septembre, il s'est dirigé de suite
vers les boulevards où il opérait, jadis, et, après avoir res-
pectueusement salué toutes les notabilités de son parti,
il s'est arrêté devant un kiosque.

Horreur ! ses yeux venaient de s'arrêter sur le dernier
numéro de ce journal.

Il le prit, plein d'une sainte colère, et le déchira. Puis,
dans une course folle, dsmandant des numéros à tous
les kiosques, il jonchait le trottoir de leurs dé-
bris.

Ainsi qu'un météore qui n'apparaît un instant au ciel
que pour disparaître aussitôt, ainsi ilpussaaux yeux des
passants étonnés qui le cherchaient encore quand il avait
disparu.

Ses gardiens lancés à sa poursuite venaient de le re-
connaître; un fiacre l'eut bientôt ramené à la maison de
santé qu'il ne quittera probablement plus.

Sa folie, jad s douce, est devenue furieuse. Il se roule
sur le sol et essaie avec son nez, qu'il use peu à peu à ce
métier, de tracer sur le sable de la cour des caractères
mystérieux.

Un de ses gardiens, à force de patience, est parvenu à
épeler les premières lettres : Vive l'emp...

*I1 faut avouer vraiment que c'est à mourir de rire ;
au lendemain du 4 septembre, après l'armistice, à Bor-
deaux même, qui eût osé prendre la défense de l'empire,
tombé sous le mépris public?

Aujourd'hui, il se trouve un parti nombreux, tout prêt
à rompre des lances ou à verser des1 flots d'encre pour
l'honneur de l'aigle déplumé qu'on croyait mortellement
blessé à Sedan.

11 s agit de s'entendre ! ces Don Quichottes d'un nou-
veau genre, ces redresseurs de torses auraient ils vrai-
ment la prétention de nous imposer leurs sympathies pour
Rooert-Macaire.

Certes, ce n'est pas faute de nous le dépeindre sous des
couleurs séduisantes.

N'ayant pu trouver la mort qu'il cherchait, il vit pau-
vre et obscur à l'étranger.

Pauvre! Quand hier encore, un journal américain
annonçait qu'il venait de vendre à New-York,, pour
800,000 dollars, un immeuble qui lui en avait coûté
480,000.

C'est 350,000 dollars de bénéfice, ajoutait le journal qui
reproduisait le fait.

O'naïï!

Un monsieur vous emprunte (je suis poli) un billet de
mille avec lequel il fait une opération qui lui en rapporte
autant

A-t-il gagné 1,000 ou 2.000 francs?

— Mais «'il rend les mike francs ? me direz-vous.

—Oui, oui,je vous vois venir; maisilneles rendrapas,
les 480,000 dollars.

C'est donc bien 480,000 de bénéfice pour lui permettre
d'attendre des jours meilleurs.

Il y a des grâces d'Etat ; le maçon qui se promène
devant une maison qu'on répare pour en écarter les pas-
sants, ne reçoit jamais de pierres sur la tète.

Ainsi, rarement le concierge se réveille au bruit répété

de la sonnette que tire un locataire attardé, de même le
métier de souverain comporta quelques immunités.

Celle, par exemple, de ne- jamais finir au bagne ni à
l'hôpital.

Un Merle.

PENSÉES D'UN BIJQÏ1TIEB SUR LE GENOU

Il vaut mieux laisser refroidir sa femme que sa
soupe.

11 vaut mieux laver son linge sale en famille que sa
bibliothèque.

*

Je préfère toucher mes appointements que du piano.

On pèche souvent dans d'autres lits que dans ceux des
rivières.

Il vaut mieux pincer de la guitare qu'un rhume de
cerveau sous les fenêtres de Céline Montaland.

L'autre jour j'ai vu un chien qui levait la patte pen-
dant que son maître levait une cocotte.



Les pies les plus malheureuses ce sont, sans contredit,
les pissenlits.

Il est plus honorable de faire l'aumône que le
mouchoir.

L'animal qui ressemble le plus à l'homme c'est..... la

femme.

Dans les instruments à vent il doit y avoir des ha-
ricots.

Quand on n'a pas le moyen de se payer des indulgences,
il faut en avoir pour les autres.

Il vaut mieux être criblé de dettes que de balles.

Il vaut mieux passer son temps à sabler du Champagne
lue des allées.

J'aime mieux voir ma bonne se troubler que mon vin.

Je préfère la société d'un haut tailleur à celle d'un
batailleur.

Il vaut mieux écumer le pot-au-feu que de rage.

J'ai plus de respect pour un cheval couronné que pour
une. tète idem.

Il est plus agréable de bassiner sa femme que son lit.

Au printemps, j'aime mieux voir les arbres born
geonner que mon nez.

Il vaut mieux détourner quelqu'un d'une mauvais
action qu'une mineure.

Je ne mange des côtelettes panées que quand je le suis
et encore pas toujours. '

11 vaut mieux s'assurer que l'on n'est pas trompé par
sa femme que sur la vie.

Il vaut mieux rendre cinq points de trente à un ami
qu'une ville fortifiée à un ennemi.

Il y avait un moyen bien simple de désarmer les tar-
des nationaux, c'était de leur faire un mot ; ils auraient
ri et ils auraient été désarmés.

Il est permis d'étrangler un perroquet, mais pas son
propriétaire.

#

il vaut mieux entonner un verre de vin qu'un De pro-
fanais, à moins que ce ne soit pour le repos de l'âme de
sa femme.

II vaut mieux allumer sa pipe que la guère civile.
Louis Gabillaud.

LES JEUX EN FRANCE

Nous ne pensons pas, quoi qu'on en dise, qu'on rétablisse
les jeux en France. Il est aussi absurde de voir l'Etat
protéger des maisons, de jeux, qu'il serait absurde de les
voir patronner des établissements ayant pour enseigne :
Ici Von s'enivre. Ici l'on se ruine, voilà le vrai titre des
établissements qui ont été abolis.

On objectera qu'il existe des cercles, des tripots publics
et privés où beaucoup de gens vont dilapider leur for-
tune. Mais l'établissement des jeux dans quelques villes
privilégiées ne fera pas disparaître ces maisons, plus ou
moins'tolérées. On ne peut pas prétendre à sillonner la
France, de Casinos élégants, de banques ouvertes qui dé-
pouilleront leurs visiteurs. Peu nous impo-te que telle
petite ville voie affluer chez elle dfs voyageurs attirés par
le désir de jouer. Nous ne croyons pas que jamais la pros-
périté d'une ville sans importance, comme Hombourg,
Monaco, Bade, Manheim, ait quelque influence sur la
prospérité générale d'un pays. Nos villes d'eaux fran-
çaises, Dieppe, Trouville, Vichy, Biarritz, sont assez
visitées par les touristes français et étrangers, et ne ga-
gneraient absolument rien à rétablissement d'une mai-
son, dont la spécialité serait d'inviter tout le monde à se
ruiner, à la vapeur du trente-et-quarante et de la rou-
lette.

Nous savons qu'il existe à Paris des cercles situés en
plein boulevard, dans les quartiers les plus riches de la
capitale, où se glissent, où se faufilent des joueurs qui

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Là FILLE 00 PARFUMEUR

DE LA PETITE-VILLETTE

(Roman à l'eau de rose.)

CHAPITRE VI
l'accident
Le lendemain de ce jour néfaste, on lisait ceci dans
tous les journaux en général et dans le Tintamarre m
paiticulier :

« Hier soir, à trois heu-
« res quaranti-cinqdu ma-
« tin, le quartier des Arts-
« et-Métiers a été mis en
«émoi par un accident
« qui aurait pu avoir de
« funestes conséquences.
« Un tonneau de parfume-
« rie a fait explosion, et
« le charretier qui le con-
« duisait a été tué roide.
« Tous les soins prodigués
« à son cadavre ont été
« vains. Le malheureux
« laisse six enfants et une
« femme veuve en bas âge.

«Cet accident est dû à
« l'imprudence d'un pas-
« sant qui, après avoir al-
«lumé son cigare, avait
■« jeté négligemment l'al-
« lumette dans le ruis-
« seau.

« La justice informe. »

En lisant ces mots : « La
justice informe, » le père
ds Christine se. frappa le
front en s'écria nt : —
Comment, informe !

Je croyais, au contraire, que c'était ce qu'il y avait au
monde de plus parfait et de mieux constitué; sont-ils
drôles, les rédacteurs du Flon-Fïon!

Puis il partit d'un long éclat de rire.

Il était fou I

Qu'était devenue sa fille ?

C'est ce que la suite va nous apprendre.

CHAPITRE VII
l'absinthe incohérente

Casimir n'était pas joli, joli, mais il avait dans les
yeux quelque choe de si... polisson, et puis il savait si
bien tourner les bâtons de chaise et les compliments,
que toutes les dames se l'arrachaient.

Sa concierge avait trahi pour lui les devoirs les plus
sacrés du conjungo ; il avait consenti à cet amour coupa-
ble et inconstitutionnel dans l'unique but de ne payer
ni ses ports de lettres, ni ses amendes.

Ce n'était pas un garçon débauché, si vous voulez,
mais il ne s'en fallait pas l'é paisseur du corsage de Su-
zanne Lagier, car il rentra it gris huit jours au moins
sur six.

Il avait la funestes passion de l'absinthe.

Cela nuisait beaucoup à lafraîcheur de son teint et à
la rondeur de sa bourse.

Mais pourquoi buvait-i'l cl'u vert-de-gris ?

Lui seul le savait ; eVêtaiit soc secret, et il avait juré
de mourir avec.

Cependant, un jour qu'iît avait étranglé plus de per-
roquets que de coutun le, il laissa échapper ces mots ca-
balistiques devant un r eporter du Figaro :

— Mes bottes me foi A mal' !

Le soir même on lis ait dams le journal de 2900 :

i Eurêka I

« Je sais pourquoi. Casim. ir X*** se livre à l'absinthe :
« c'est parce qu'il por ie des c] naussures trop étroites. »

En lisant cet entrefilet, Casimir se frappa le front
d'un air illuminé en s'écriant :

— Sont-ils idiots, les rédacteurs du Figaro!
Puis il partit d'un long éclat de rire.

Il était fou !

CHAPITRE VIII

LA' MORGUE

Quand Christine revint à elle, il faisait grand jour;
elle regarda à ses côtés avec de grands yeux hébétés et
essaya de ressaisir le fil de ses souvenirs.

En se rappelant l'explo.-ion ds la veille, elle pâlit;
son visage devint blanc.

— Mon Dieu ! penso-t-elle, si Casimir avait été tue.
Elle se leva précipitamment et se dirigea d un pas so-
nore vers la Morgue.

Avant de pénétrer dans cet établissement lugubre,
elle plaça la main droite sur son corset qui battait a'■»'
ser les baleines de son cœur, et de la main gauene re
leva légèrement sa robe. ,

Dans son trouble, elle ne s'était pas aperçue qu elle
avait été suivie.

Elle entra. .

Le jeune homme qui s'était attaché à ses pas depui»
le square, entra derrière elle :

— Mademoiselle, murmura-t-il tout bas à son oreille,
voulez-vous accepter une prise ? .

Elle se retourna brusquement et demeura interdite
la vue de celui qui venait de l'interpeller.
Quel était ce jeune homme ?
C'est ce que la suite va nous apprendre.

Louis GabillauD;

(La fin au prochain numéro s'il fait leau temps.)

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