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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0070
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*......

LE SIFFLET

SIFFLEMENTS

S'il fait en Espagne le même temps qu'à Paris depuis
quinze jours, le drapeau blanc qu'a déployé Don Carlos
doit être maintenant nuance Isabelle; ce qui tendrait à
prouver que la fusion est avant tout une question de tein-
turier.

Heureuse Espagne ! dernier refuge du pittoresque et
de l'imprévu ! tu es le seul pays où trente aventuriers
peuvent encore arrêter un train de chemin de fer et où
une bande de quelques milliers de partisans peut tenir la
campagne, sans souci de la gendarmerie départementale.

Allons, messieurs les bourgeois de la Cité, opulents
banquiers, riches marchands d'opium, de thé et de co-
ton, il est un remède au spleen qui vous ronge.

Il est là-bas, là-bas, bien loin du Luxembourg, un
pays charmant où fleurit l'oranger et la cigarette.

Vous pourrez, avec un peu de chance, avoir l'agréable
surprise de tomber dans une embuscade, et vos épouses,
que le brouillard vous garde vertueuses, courront le ris-
que, sous cet ardent soleil, de se faire quelque peu man-
quer de respect : chose qui ne déplaît pas aux dames.

•^

Il y a dans la nature d'étranges anomalies :
Voilà un peuple qui n'a rien perdu de ses mœurs pri-
mitives : ni le manteau local, ni les castagnettes, ni le
tromblon, ni la guitare, ni la mantille, ni l'éventail, ni
les fueros (surtout), ils ont tout gardé enfin, tout, excepté
leurs rois.

Cette aversion pour leurs souverains est la seule chose
avec le chocolat (je fais cette concession à ma portière)
que nous devrions leur emprunter.

Le fameux astronome suisse qui avait prédit la fin du
monde pour le mois dernier, s'était, paraît-il, trompé de
date. C'est pour le 21 de ce mois.

Cette fois, c'est vrai, c'est dans l'officiel.

L'éruption du Vésuve n'est que le signal précurseur
du cataclysme.
. C'est la fusée qui annonce le feu d'artifice.

Feu d'artifice mortel, et dont Rouher est le Ruggieri.

Très malins les Rouennais!

Ils avaient une rue de l'Impératrice, ils l'ont appelée
rue Jeanne-d'Arc.

Très malins les Rouennais, et amoureux dé l'anti-
thèse !

Il était jeune, elle était belle, et de plus elle était Espa-
gnole. Il l'avait rencontrée sous une porte cochère, un
jour de pluie, et lui avait offert son parapluie qu'il avait
oublié dans sa chambre. La belle fut inexorable; ni
l'offre d'un abonnement au Sifflet, ni les promesses
qu'il lui fit de faire son bonheur, rien ne put la déci-
der. Et la pluie tombait toujours ; et toujours insensible
Elle écoutait les chaleureuses promesses du jeune homme
et ses offres séduisantes.

Mais le ciel vint à son secours, et II lui promit ses
fueros, la belle céda et ils allèrent chercher le parapluie.

Chez nous la gaîté ne perd jamais ses droits. Certes,
la situation du maréchal Bazaine n'a rien de fort risi-
ble, et pourtant vit-on rien de plus comique que ce pri-
sonnier refusant d'occuper sa cellule (capitonnée), parce
que ça sent la peinture? Pourvu, mon Dieu, que le pa-
pier lui plaise. J'ai besoin de me rassurer et j'espère qu'il
aura été consulté sur le choix de la tapisserie.

Allons, un bon mouvement, un pas de plus dans cette
voie, et qu'il lui soit permis de faire sa prison chez lui.

Que le fidèle Louis, le maréchal Bertrand de ce nou-
vel empereur, monte la garde à sa porte, armé d'un
tourne-broche perfectionné.

cJrt

La grande préoccupation de la semaine dernière a été
l'ouverture du Salon.

La politique étant un peu pâle, l'incident Jacquemard
a pris les proportions d'un événement.

Combien il eût été facile d'éviter aux artistes ce frois-
sement d'amour-propre. Il eût suffi pour cela d'établir
les catégories suivantes :

Côté des hommes.
Côté des femmes.
Côté des photographes.

Je livre mon idée à M. Ch. Blanc; elle n'est pas nou-
velle, du reste, et a depuis longtemps reçu son applica-
tion dans les gares de chemins de fer.

Un Merle.

IL ARRIVE! IL ARRIVE!

Oui, il arrive 1 il arrive !

Depuis huit jours, les abords du chemin de fer de la
rue Saint-Lazare sont encombrés d'une foule de grandes
dames et de petites dames (confondues, on ne les recon-
naît plus).

Toutes attendent son retour avec la plus fébrile impa-
tience.

A chaque train qui entre en gare, elles se précipitent
vers les voyageurs et les examinent en gendarmes.

— Vicomtesse, le voyez-vous ?

— Hélas ! non, marquise.

— Ce ne sera pas encore pour aujourd'hui !

— Regardez donc, ce monsieur qui tient un sac de
voyage.

— Eh bien?

— Ne serait-ce pas lui?

— Y pensez-vous, marquise ; ce gros homme au nez
bourgeonné, à l'abdomen proéminent, aux moustaches
taillées en brosse!...

— Dame, l'absence!

— L'aura embelli... nous allons le revoir plus beau
que jamais.

— Parlez plus bas, vicomtesse, on pourrait nous en-
tendre; il ne faut pas qu'on sache qu'il doit arriver, il
faut que nous soyons les premières à nous jeter dans ses
bras.

— jOh! j'en tressaille de joie... Mais écoutez donc,
marquise, ce que disent ces dames qui sont près de nous...
elles parlent de lui, je crois.

— Elles l'attendent...

— La plus grosse porte son portrait en broche..-. C'est
la femme d'un droguiste.

— Quelle impudeur!

— Avançons. Ne restons pas près de ces marchandes
de sangsues, nous pourrions nous compromettre.

Un coup de sifflet se fait entendre, c'est encore un
train qui entre en gare.

— Il arrive ! il arrive I crie du bout de la cour une
roussotte montée, sur osier.

— Il arrive ! il arrive ! répète avec ensemble la popula-
tion féminine.

On se bouscule, on se cogne, des chignons se détachent,
des polissons s'aplatissent, des poitrines se débombent,
toutes veulent tenir la corde : arriver premières.

La marquise et la vicomtesse sont parvenues, en dis-
tribuant des coups de poing et des coups de pied à
droite et à gauche, à se faire un passage jusqu'à la salle
d'arrivée des voyageurs.

.Grue! vieux wagonI cocotte déplumée! et cent autres
épithètes du même genre leur sont adressées par les char-
mantes petites dames qu'elles ont bousculées... mais cela
ne paraît pas les intimider.

— Nous allons donc le voir les premières.

— Le reconnaissez-vous, vicomtesse ?

— Hélas ! non, marquise !

— Mettons nos binocles...

— Oh ! regardez donc, je crois que c'est lui !

— Où ça?

— Près du bec de gaz.

— Vous êtes aveugle... c'est un graisseur.

— Un graisseur !

— Allons, ce n'est pas encore pour aujourd'hui.

— S'il y a un train dans la nuit, je ne quitte pas la
gare ; il faut que nous soyons les premières à embrasser
notre ravissant Capoul.

— Il arrive ! il arrive ! crie encore la roussotte montée
sur osier en voyant le train d'Asnières sortir du tunnel
des Batignolles.

— C'est son tic, à cette fille, depuis qu'elle attend le
retour de Vert-Vert.

Michel Anézo.

PROPOS DE CHEVAL

Les casse-cou du printemps au bois de Boulogne ont
passé presque inaperçus. Centaures, mes frères, nous
dégénérons.

Eh quoi ! ces jeux à quatre pattes ont été clos le di-
manche 5 mai, forclos le jeudi suivant, et personne n'a
tambouriné que le 5 mai était l'anniversaire du tombeau
des Invalides.

Nous dégénérons, vous dis-je.

N'est-ce pas à Tombeau III que l'on doit l'institution
des prix de cent mille francs pour Vamélioration de la
race chevaline ?

N'est-ce pas le premier qui a fondé les haras?

O splendide blague du souvenir, tu n'es donc qu'un
vain mot ?

Après ça, vous me direz que le dernier n'aimait pas les
Etats longs... puisqu'il a fait rogner le sien.

Si efflanqué, si malingre, si chétif, si rabougri qu'il
soit, je ne puis cependant voir un pur sang sur le turf _!
soyons locaux ! - sans songer que nous n'avons pas en
core de haras pour les hommes.

Pas le moindre casse-cou pour les améliorer.

A moins que la guerre ne remplace les courses car
alors nous serions rudement améliorés !

Mais non, pas même de dépôts de remonte.
_ Partant, pas d'hommes pur sang... quand nous en an
rions si grand besoin.

Là, entre nous, voyez-vous d'ici choisir un homme et
une femme de la plus pure race et en faire un stud-

Vous y liriez : Oscar, par Cœlina, Médor.mrAnaéli.
que, Berthe, par Arthur...

Et vous contempleriez les plus pures, les plus suaves
les plus correctes académies que Phidias ait jamais rê-
vées.

Diable ! quels reproducteurs !

Compris à l'anglaise comme pour les chevaux, dans ce
système il y aurait trop de maigreur.

Il faudrait établir les haras à Cythère...

Bref, c'est une question à mettre à l'étude, et, si je
faisais plus que de l'indiquer, je deviendrais luxu-
rieux.

Heureux dadas !... Oui, plus heureux cent fois que les
hommes.

Ils ont, presque spécialement pour eux, la Société pro-
tectrice des animaux.

Où donc est la Société protectrice des hommes ?

Si seulement on nous appliquait celle des animaux !
N'en sommes-nous pas, fi Veuillot, des animaux?

Il y en a de moins laids que vous, maître.

En Belgique, j'ai vu deux sergents de ville arrêtés
devant deux hommes qui se battaient à coups de cou-
teau.

Cinq cents personnes faisaient cercle. C'était à Bruxel-
les même. Personne ne protestait.

Je dis aux sergents de ville :

— Empêchez-les donc de se tuer !

— Oh ! firent-ils, et la liberté individuelle ?

S'il se fût agi de chevaux, ils auraient conduit en pri-
son celui qui les aurait maltraités.

Heureux chevaux !

Tandis que nous nous disputons pour obtenir l'ensei-
gnement gratuit et obligatoire, on prend d'eux les soins
les plus raffinés.

Education laïque, purement laïque, s'il vous plaît.

Il serait beau voir -des congréganistes entraîner les
pur-sang !

Rien que leur robe noire leur ferait peur.

Les chevaux jouissent, non-seulement de l'enseigne-
ment laïque, mais encore de l'enseignement gratuit.

A-t-on jamais vu les chevaux payer leurs piqueurs ?

Malgré les flatteries de Buffon à l'adresse du cheval,
nous recommandons cette question à M. Jules Simon.

N'y a-t-il pas. une injustice flagrante à traiter les
hommes plus mal que les chevaux ?

* *

En confidence, je vous avouerai bien que l'éducation
des pur-sang n'est pas des plus conformes aux règles
philanthropiques de la Société protectrice des animaux.

La cravache y joue un rôle qu'il faudrait proscrire de

La gymnastique y est outrée de telle sorte qu'elle res-
semble à la torture. ,.,,-, . i, j„0

Mais voulez-vous chercher la philanthropie chez des
gens qui sacrifient l'homme au cheval ?

Suivez bien mon raisonnement.

La Compagnie des Omnibus, payant ses chevaux de
deux à quatre mille francs, aime mieux perdre dix, cent
conducteurs ou cochers qu'un seul cheval.

Un homme ne coûte que quatre ou cinq francs par
jour ! et on en trouve à revendre.

Sur le turf, c'est autre chose. ,<.„„„,„„„+

Un jockey n'a de. prix qu'autant qu'il est suffisamment
efflanqué pour ne peser guère plus qu'une ombre et coûte

^Tandis qu'un cheval peut rapporter légalement cent
mille-francs en cinq minutes et des millions par les pa-
ris, et coûte beaucoup. ,' . , ., fi
On change donc les rôles. L'homme devient la bete de

""fait suer le jockey entre vingt couverture et des
matelas, on le fait jeûner... jusqu'à ce qu il soit assez
maigre pour ne pas trop charger son coursier.
Le cheval est tout; l'homme n'est que l'accessoire.

*

i?f tfnm n'en vovez pas moins deux cent ou trois cent

il fait beau, pour admirer la grâce et la vitesse des pu
sang, et leur facilité à gagner ou à perdze des mu

lions.

Car les courses ne sont qu un jeu-

Ma foi, voulez-vous que je vous le dise / ■ i .

Je soupçonne, entre nous, que ces réunions W"
sont tout bonnement un motif à promenade, un lieu

"«rl'instruction laïque et gratuite des chevaux,

°nMon é?cierœèstallé dimancheau bois de Boulogne, aux
courses.
Lundi, je lui ai dit :

— Eh bien ! qui a gagne ? - - f

- Ma foi, fit-il, j'ai gagne q«ara«Xoonnaissent
La poule ! Voilà tout ce que nos badauds connais

Tpourtant ils en ont assez mangé pendant le
'"Il moi, je l'aime encore mieux sur le turf que dans la
casserole. LE G[JILLois.

.Sal"111

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M!jener»'ei

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