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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0078
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SIFFLEMENTS

Heureux les peuples qui n'ont pas a'histoice !

Us ne sont pas obligés, tous les jours, d'ajouter une
rectification au procès-verbal de la séance de la veille.

Us n'ont pas, dans leur :passé, des Louis XV et des
Napoléon lï, et, dans leur présent, des Napoléon III.

Les gens impartiaux qui voient se dérouler notre his-
toire moderne, avec ses mensonges et ses surprises, sont
en droit de se demander si l'histoire tintamarresque de
Touchatout n'est pas la véritable histoire de France.

Si ce n'était pas lugubre, ce serait grotesque : Rouher
parlant au nom de la morale et de l'honnêteté !

Hélas ! tous les bonapartistes n'ont pas la candeur de
celui qui-, ati lendemain de Sedan, me disait, en se frap-
pant la poitrine et en baissant le front comme la femme
adultère : « Oui, je fus un imbécile ; oui, j'ai voté oui ;
je m'en accuse et m'en repens ; mais que celui qui est
sans péché me jette la première pierre. »

Et je vous l'avoué, en voyant Rouher monter à la
tribune, j'ai cru un instant que, déchirant ses habits et
couvrant de cendre son crâne dénudé, il allait donner
au monde ce grand exemple de sincérité et de courage.

Pardonnez-moi, Seigneur, de l'avoir cru capable de
cet héroïsme !

Et vous verrez que, malgré sa veste, il y reviendra.

Ainsi que l'ivrogne de l'Ecriture retournant à ses vo-
missements, ainsi que les cabotins retournant aux tro-
gnons de pommes, vous le verrez revenir, malgré l'ac-
cueil peu chaleureux de ses collègues.

Mais, un peu plus de nerf, morbleu ! une autre fois.

Si le silence est la leçon des rois, que les couteaux à
papier et les pommes cuites soient celle de leurs mi-
nistres.

Il y a des gens pour qui les souverains et lés préten-
dants sont des êtres supérieurs, et qui considèrent cette
profession comme le monopole de quelques familles pro-
videntielles.

Sans aller chercher l'exemple de Tibère et d'Hélioga-
bale, et Sans vouloir prendre la peine de leur démontrer
que tel de nos contemporains n'a rien à envier à Trop-
mann, il serait peut-être utile d'apporter à l'examen de
ces hautes questions le simple bon sens qui préside aux
relations quotidiennes de la vie.

Peut-être le bonapartiste le plus forcené serait-il bien
embarrassé de répondre à cette question :

« Prendriez-vous Napoléon III pour caissier ou pour
le précepteur de vos filles, même avec un fort caution-
nement ? »

Peut-être, par un beau jour de printemps, quand le
soleil, filtrant à travers les branches, venait se casser
aux angles des monuments funèbres, avez-vous traversé
un cimetière, cherchant, entre toutes les épitaphes mo^
notones, une pensée nouvelle, un adieu inédit.

Et vous n'avez rien trouvé ; et après des Bon Père,
vous avez trouvé des Bon Epoux, Bon Fils, Bonne Fille,
Tendre Mère.

Certes, la bonté n'est pas à dédaigner, et le bon vin a
des charmes, tout comme les bonnes filles.

Mais quand On pense que les princes d'Orléans ont,
pendant vingt ans, vécu sur bette phrase : « Bans cette
famille, tous les hommes sont braves, et toutes les fem-
mes sont chastes. »

il est vrai qu'ils profitaient de la comparaison.

Mais le prince de Condé ?

« Dans cette famille, .s »

Mais madame de Feuchères, mais les émeutes heb-
domadaires, mais Teste, Cubières?...

« Dans cette famille... »

Mais?... mais?...

« Puisque je vous dis que, dans cette famille... »

Il faudrait pourtant s'entendre.

J'aime à croire qu'il existe d'autres familles qui pos-
sèdent à un égal degré des fils braves et des filles
chastes.

La bravoure et la chasteté sont des qualités purement
négatives, excepté aux yeux des lâches et des filles.

Décidément, l'ermite de Chislehurst baisse à vue
d'œil. Jadis, au beau temps de sa splendeur, au temps
de Bellangé, des bons Jeeker, il ne tirait jamais un pé-
tard, il ne lançait jamais un manifeste sans faire à son
grand oncle une allusion délicate.

Aujourd'hui, c'est fini !

Faringhea a parlé, et pas le moindre mot aimable

II SÎPFLËÏ

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pour son ancêtre, pas le moindre souvenir pour les vic-
toires remportées sur les Russes, les Anglais, les Alle-
mands, etc. Il n'a même pas eu l'idée ingénieuse de faire
coïncider l'apparition de son manifeste avec l'anniver-
saire de la bataille d'Austerlitz.

Ah dam ! Fini le temps des éphémérides bonapar-
tistes. .— A côté des victoires du premier on pourra met-
tre les défaites du second. Total égal : Du sang, des
ruines, et dans la terre profonde des milliers de cada-
vres dont les ossements blanchis pourront prouver aux
savants de l'avenir la supériorité du chassepot sur le
fusil à piston.

Un Merle.

A LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE

Hier au Soir, place du Château-d'Eau, en face delà
boutique de Billion, un monsieur, perché à un balcon du
cinquième, s'amusait, à l'aide d'un appareil électrique,
à envoyer des jets de lumière sur la chaussée et sur les
maisons environnantes.

Grâce aux rayons lumineux produits par cette lanterne
vraiment magique, j'ai aperçu plusieurs scènes de la gi-
gantesque comédie humaine ; et, comme je suis un tan-
tinet observateur, j'ai deviné à la physionomie des pas-
sants et des voisins les pensées qui les agitaient et même
les dialogues qu'ils tenaient entre eux.

Chaque rayon me faisait assister à un spectacle nou-
veau, — dont je vais vous donner ici même la photogra-
phie :

Premier rayon.

Le premier rayon m'a fait apercevoir un pauvre diable,
au teint hâlé, au regard indécis.

— J'ai faim, semblait-il dire; je n'ai pas déjeuné
depuis la dernière fête de Badinguet... Rien à se mettre
sous la. dent, ça n'est pas drôle ! J'ai tâté de toutes les
professions; j'ai été successivement : loueur de pavés
pour les barricades, avocat, journaliste, figurant à la
Morgue, girafe au Châtelet ; j'ai embrassé toutes les car-
rières, même celles d'Amérique, et toujours sans suc-
cès!... Plutôt que de crever la misère, ne vaut-il pas
mieux en finir tout de suite? Justement, voilà un omni-
bus qui passe.

Le cocher du lourd véhicule sa mit à crier :

— Eh !... fais donc attention, imbécile !
Mais il était trop tard.

Le malheureux était littéralement broyé.

— C'est un ivrogne, disent les passants qui se pressent
autour du cadavre.

Deuxième rayon.

Une Cocotte. — Pstt! pstt!

Un Monsieur. -— Ta as beau me faire cygne, tu ne
seras jamais ma Léda.

Troisième rayon.

Le troisième reflet de la lanterne est venu mettre en
lumière deux cabinets particuliers de la maison Truchot.

Dans le premier compartiment, un gros banquier serre
de très près une dame, qui a une robe très légère et des
mœurs idem.

Le Banquier.-—Décidément, je suis un gros séducteur,
n'est-ce pas, Nana?

Nana. — Gros, oui; séducteur, non!

— Et dire que ma femme est tranquillement à la mai-
son à s'ennuyer... Pauvre chatte, elle ne s'imagine pas
que son Tutur est en bonne fortune.

Le second cabinet est occupé par un petit jeune homme
blond, rose, bien frisé, qui répond au noin d'Isidore.

D'une main il tient un cigare, de l'autre il pince la
taille d'une jeune femme, de l'autre...

(Ah! pardon, j'oubliais qu'il n'avait que deux mains.)

La jeune femme n'est autre que la chaste épouse du
banquier Tutur.

Où donc est la fidélité dans le mariage?

Où les neiges d'antan?

Quatrième rayon.

Le quatrième rayon est venu tomber dans une chambre
où une femme est agenouillée auprès d'un lit.

Dans le lit un moribond est couché.

La femme pleure, et d'une voix entrecoupée de san-
glots !

— Si tu meurs... jemeurrai aussi... On m'ensevelira à
côté de toi, dans la même tombe... Nous serons unis dans
la mort comme nous l'avons été dans la vie...

Le mourant se relève, prononce ces mots à peine intel-
ligibles :

— Rose... nos enfants... aime-les bien,..
Puis un soupir.

La mort avait pris sa proie.

Rcse se lève, essuie ses yeux, et la voix du cœur parle
aussitôt ;

— Enfin, dit-elle, je Vais pouvoir épouser Arthur 1

Cinquième rayon.
Madame est sortie.

Monsieur est seul avec Françoise, une petite blonde au
nez retroussé, à la lèvre friande, aux yeux vifs.

— Finissez donc! dit Françoise, je le dirai à madame.

— Mais, petite sotte, si tu le lui dis, madame te ren-
verra.

— Qu'est-ce que ça me fait! vous m'avez promis de
m'acheter des meubles.

Sixième rayon,

— Dis donc, as-tu la monnaie de cinq francs?

— Oui.

— Eh bien, prête-moi cinq francs.

Septième rayon.

Leste et gentille, la petite Nanette Sort de l'atelier.
Elle est encore très sage, la petite Nanette.
Dans ce moment-ci, elle se livre aux réflexions sui-
vantes :

— Je ferais pput-être mieux de balancer l'atelier où je
ne gagne que trente sous... J'ai des bottines qui prennent
l'eau... Je vais souper avec deux sous de fromage d'Italie...
Crac, voilà mon corsage qui se déchire encore... Quelle
dèche ! et l'on m'a dit que fêtais gentille... quej'irais en
voiture, si je voulais... Si je voulais!... Oui, mais si un
jour Je ne rentrais pas à la maison, qui soignerait petit
frère?... Il en mourrait, le pauvre petit!

Pan, para râla 1ère!... pa pa pan, papa panl...
C'est l'orchestre de Pilodo qui égrène ses notes joyeuses
jusque sur la place.

— Des yeux, des nez, des bras, etdes jambes en l'air...
la joie de l'harmonie et l'harmonie de là joie.., Des mes-
sieurs qui ont des cheveux qui sentent bon... La valse, le
quadrille, la mazurka... Dame, je me risque.

Elle entre, elle est entrée, la petite ouvrière!
Brutus avait peut-être raison quand il disait :.

— Vertu ! tu n'es qu'un nom!

Huitième rayon.

Le huitième rayon me fait découvrir un homme pâle,
défait, l'œil comme une ancienne actrice de l'Odéon, c'est-
à-dire Agar.

Ce malheureux sortait de l'Ambigu-Triste.

Au coin de la rue Turbigo, il est brusquement arrêté
par un monsieur d'un âge mur, — qui n'était autre que
le père Billion.

— Que me voulez-vous ? demande-t-il au directeur de
l'Ambigu. Pourquoi me saisissez-vous à bras-le-corps,
Billion?

' —Ah! ah! ah! le corbillon... très-joli 1... J'aurai une
grâce à vous demander.

— Laquelle?

— Vous êtes le seul spectateur que j'aie vu à mon
théâtre depuis la mort de François Ier... Promettez-moi
de revenir !

L'individu se dégagea des étreintes folles de Billion et
prit la fuite.

Alphonse Lafitte.

BARBEY D'AUREVILLY

Molière avait le hoquet comique, cela faisait très bien
au théâtre.

Barbey d'Aurevilly a le hoquet burlesque, c'est écœu-
rant dans le style.

Beaucoup de gens confondent Barbey d'Aurévillyavec
Blanche d'Antigny. C'est excusable.

Quant on lit des articles signés B. d'A., ou même
B. d'A....y, évidemment on peut s'y tromper.

Nous conseillons pourtant au littérateur qui nous oc-
cupe de ne pas trop signer B. d'A., cela frise la gros-
sièreté .

Maintenant, je n'hésite pas à avouer que Blanche
d'Antigny, comme nom, est infiniment supérieur à Bar-
bey d'Aurevilly.

Barbey, c'est un nom crotté.

Blanche est agréable.

Dans d'Aurevilly il y a deux notes de musique, do ré,
qui feraient croire que l'écrivain fait chanter.

Il y a dans le reste quelque chose de vieilli, — quel-
que chose qui rappelle une vieille actrice de l'Opéra-Co-
miqUe, — quelque chose de Révillon, ou réveillon.

D'Antigny, au contraire, est pur.

En définitive, ce sont des aïeux de même pacotille.
N'en parlons plus.

Barbey revient sur l'eau depuis quelques jours avec
une verve aussi usée que ses prétentions.

Ses prétentions? Vous ne les connaissez pas?

Brummel, d'Orsay, Bnçkingham, Barbey prétendait
être tout cela.

Ses chapeaux, quel chic 1

Ses redingotes, quel boutonnage! Quelle cambrure!

L'écrivain était tout entier la-dedans.

Pourquoi employer l'imparfait? me demandera-t-on.

D'abord, l'imparfait le personnifie, — ensuite, il est
si dégommé !

En somme, Barbey d'Aurevilly n'a jamais été qu'an
Paul de Cassagnac avant la latte.

Op se souvient qu'il fut avec le père Cassagnac l'un
des fondateurs du Réveil.

D'après le sage Vapereau lui-même, ce journaliste est
l'un des virtuoses de Véreintement.

Puisqu'il partage ce titre avec le révérend Veuillotj
n'en parlons plus.

Moi, j'aimerais mieux l'appeler un virtuose-réac, car
il n'a pas changé de spécialité depuis 1810.

1810 !... Ce dandy ! ce gandin ! ce cocodès fané ! Mon
Dieu oui, c'est en cette année-là qu'il est né à Saint-Sau-
veur-le-Vicomte, en Normandie.

C'est même à Caen qu'il a débuté.

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