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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0106
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LB SIFFLET

Pour tout ce qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézo, 10,
rue Joquelet, près la Bourse.

SIFFLEMENTS

A monsieur le duc d'en face.

Faubourg Saint-Germain.
Mon cher duc,
Je remise définitivement le drapeau blanc de mes
ancêtres. Hélas! trois fois hélasI plaignez-moi, cher
ami, je n'ai pas même l'extrême ressource d'abdiquer
en faveur d'un Henri VI quelconque. Il y a bien, quel-
que part, un fils authentique de Louis XVII, mais je
crois prudent ne pas revenir là-dessus. Remerciez nos
amis en mon nom ; ils ont fait leur devoir jusqu'au
bout. Mais la Providence en a décidé autrement et
Baragnon ne sera pas chambellan. Pauvre Baragnon !
c'est lui que je plains le plus. Pour moi, vous le savez,
depuis longtemps j'avais perdu ma dernière illusion. Je
ne comptais guère m'asseoir sur ce trône de France, sur
lequel, pourtant, on doit être si bien. Le succès certain
de l'emprunt ne fait que me confirmer dans mes idées de
retraite. J'irai cacher sous la bure mes rêves de gloire et,
nouveau Charles Quint, apprendre l'horlogerie au mo-
nastère de Saint-Just. J'ai bien peur pour la tranquillité
de mon ménage. Ma femme désirait un fils ; je lui avais
promis, en échange, de lui faire porter le Régent, le
jour du sacre. Envoyez-moi les Pensées d'un emballeur,
ça pourra peut-être la distraire. Ingrate patrie, je ne
ferai pas ton bonheur. Au revoir, mon cher duc ; amenez
donc la duchesse un vendredi soir ; nous aurons Thérésa.

Henri.

A M. le vicomte de Cascamèche.

Faubourg Saint-Honoré.

Un bon conseil, mon cher vicomte : achetez de l'em-
prunt à prime si vous ne pouvez l'avoir au cours. Je viens
de toucher trente mille francs que j'emploierai à cet
usage. Cela me rapportera bien quelques billots de mille.
Triste fiche de consolation-en regard des millions de la
liste civile ! Mais il faut savoir se contenter de peu.
Mon pauvre neveu va bien regretter le temps employé à
visiter les usines et à faire des brochures socialistes. Il
a manqué quelques jolies chasses à courre. Mais, bah !
cela se retrouvera plus tard. Et pourtant, mon ami,
quel excellent cœur ! La France ne sait pas assez ce
qu'elle perd. Il n'aurait pas oublié un de ses amis. Vrai-
ment, la Providence réserve ses rigueurs pour ceux
qu'elle place au sommet de l'échelle sociale. Rentrez
votre habit d'aide de camp, comme je rentre celui de
général de division. Nous n'aurons pas souvent l'occa-
sion de le produire. Ingrate patrie ! Venez dimanche
avec la vicomtesse ; nous aurons un médium qui évo-
quera le prince de Condé. Ce sera drôle.

Henri d'Orléans.
j
A Monsieur Fra Diavolo.

Chaussée d'Antin.

E finila la comedia ! La farce est jouée ! Vous n'aurez
pas votre autorisation pour l'exploitation des carrières de
sel gemme dans le Luxembourg. Il faut chercher autre
chose, mon vieux camaro. Pensez-vous qu'un journal
avancé aurait chance de succès? Si oui, j'ai là, dans un
coin, cinquante mille pesetes à votre disposition. Je com-
mence à m'installer ici, mais je regrette bien un peu ma
petite maison de là-bas. Jusqu'à hier j'avais conservé
l'espoir d'y revenir, et sans ce maudit emprunt... Enfin,
il faut prendre la vie comme elle vient et les femmes par
la taille. Mais cet article est rare par ici. Comme il faut
bien se distraire, envoyez-moi donc M. Auguste et ma-
demoiselle Giraud. Tâchez de pousser j-isqu'ici, un di-
manche ; nous ferons des tours de cartes.

Au revoir, vieille branche.

Napoléon.

Ces trois lettres n'étaient pas destinées à la publicité ;
elles nous ont été remises par des laquais infidèles que
' nous n'avons pas hésité à féliciter de cet acte d'indélica-
tesse.

Elles sont visibles tous les jours entre minuit et une
heure du matin pour les femmes blondes et rêveuses,
de dix-huit à vingt-six ans.
Nous n'aimons pas les "brunes. -

Un Merle.

IL Y AURA DEUX GUILLOTINES

Sont-ils heureux, les tourtereaux! me disais-je dans
la salle d'attente de la gare Saint-Lazare, en voyant au
bras d'un gentil garçon d'une vingtaine d'années une
charmante petite blonde à l'air timide et modeste.

— Comme ils se regardent avec passion!

— Comme ils se pressent tendrement !

— Oh ! l'amour, que c'est bon !

— Ces deux pigeons, pensais-je avec la jalousie dans
l'âme, vont aller roucouler dans les bois, sous le vert
feuillage !

— Ali ! que n'ai-je point vingt ans aussi !

— Ils rient, ils se parlent tout bas. Ce sont des mots
d'amour qu'ils se disent. Je crois comprendre leur con-
versation.

— La jeune fille semble lui chanter avec sa voix mélo-
dieuse :

« —Adrien, dans une demi-heure le chemin de fer nous
« aura conduits dans le bois de Ville-d'Avray; là, nous
« serons seuls, tout à nous, tout à notre amour, libres
« comme les oiseaux, loin du bruit et des ennuis du
«' monde. »

«— Oh ! Marguerite, paraît lui répondre le jeune amou-
» reux, comme la vie est agréable avec toi ; sans ton
« amour, sans ta tendresse, je ne pourrais vivre. »
' Sont-ils heureux, continuais-je à mû dire?

— En wagon ! cria un employé en ouvrant la porte de
la salle d'attente.

Tous les voyageurs se précipitent vers le train et cher-
chent à se caser le plus commodément possible.

Moi je reste derrière les deux amoureux, qui marchent
lentement, sans s'inquiéter de leurs places.

"On wagon de seconde classe est libre, ils s'y installent.

Je fais comme eux, je prends place dans un coin du
même compartiment.

Quel voyage charmant je vais faire dans une si aimable
compagnie !

Je vais entendre un long et poétique duo d'amour qui
enivrera mon âme !

Le train part !

Lajolie blonde, Juliette, Héloïse ou Marguerite, al-
longe ses jambes sur la banquette et laisse voir un pied
cambré enfermé dans une coquette petite bottine
Louis XV.

Elle défait son chapeau de paille d'Italie, et son épaisse
chevelure tombe en flots d'or.

Oh ! oui, pensais-je encore, cette jeune fille est bien
l'idéal du poète.

Comme elle doit être aimée !

Pendant la minute que le train met àtraverser le tun-
nel des Batignolles, il m'a semblé entendre le bruit de
doux et tendres baisers.

Mon sang est en ébullition !

Les wagons sortent des ténèbres et je revois la divine
Marguerite dans un rayon de soleil.

J'étais ébloui!

Le jeune homme lui pressait la main.

Je n'avais pas encore entendu le son de sa voix.

Evidemment elle allait parler, ou plutôt chanter, car
les anges ne parlent pas.

Jamais plus douce harmonie n'aura frappé aussi déli-
cieusement mes oreilles.

J'attends !

Mais aucun mot n'est échangé entre les deux amou-
reux.

Ils regardent par la portière le merveilleuse paysage de
Levallois-Perret.

Tout à coup, la blonde et suave enfant se met à dire
avec une voix enrouée :

— Jules, est-ce que tu sais ca?

— Quoi ?

— Qu'il y aura deux guillotines.

— On le dit.

— Ta m'y mèneras.

— Parbleu !

— Quatre têtes le même jour... Quelle vraie partie!
répète avec sa voix enrouée l'ange déchu... de mon
esprit..

Le train s'arrête. On crie : Asnières ! Asnières !

— Caroline, nous voilà arrivés... Allons bastring.uer,
fait le cavalier de ma fausse Marguerite.

Michel Anézo.

VILLEMESSANT

Jusqu'à l'âge de quatorze ans,

A peine au sortir de l'enfance,
Quatorze ans au plus je comptais...

Cela se chante dans Joseph, — il se nomma Cartier,
comme son père, qui était colonel.

A cet âge-là, il fit peau neuve et sa première commu-
nion, et il n'eut pas plus de Cartier dans sa signature que
dans sa noblesse.

Il y a environ dix ans, il a eu un procès de famille
tout exprès pour bien faire constater par les tribunaux
qu'il s'appelle Monsieur —■ Hippolyïe DE Villemes-
sant.

A cette date, son diable de procès eut même un rico-
chet contre le Hanneton, envers lequel il se montra
sans Cartier.

Deux cents francs d'amende, ce n'est pas cher, mais
on s'en souvient.

Aujourd'hui, cet homme proéminent a un troisième,
nom quu tient de son parrain Commerson: il ft^

Vous voyez que je ne chicane pas sur cet article S'il
en veut réclamer d'autres, je suis tout prêt à les ajouter
à ma liste. J

Sa noble race se distingue d'ailleurs par un signe tout
particulier : depuis les croisades, par suite d'un bain
froid pris à Saint-Jean d'Acre, un jour d'hiver, tous ses
aïeux sont enroués de père en fils.

Leur organe est unique au monde. lis ne peuvent pas
dire un mot sans qu'on ôte son chapeau.

C'est au son de cette voix tirée du fond des bottes
qu'Henri V le reconnaît. Il n'a pas deux courtisans aussi
rogommisés. On sent bien que c'est chronique.

Ce n'est pas lui personnellement qui remonte à saint
Louis, il ne remonte guère qu'à 1812 et le courant du
progrès.

Les chroniques de Joinville le font naître le 22 avril
c'est-à-dire trois avant le retour de l'île d'Elbe.

On aurait pu tirer un feu d'artifice à sa naissance, car
la poudre était déjà inventée.

Sa liaison avec le parti légitimiste a une origine asse2
curieuse. Sa vocation semblait le pousser exclusivement
à la rédaction des articles de modes...

On le comprend quand on. sait qu'il se maria à l'âge
de dix-huit ans, à Blois, et qu'il débuta par établir dans
cette ville un commerce de rubans...

Je sais attacher les rubans !

Donc, suivant sa vocation, aux environs de 1840, il
rédigeait le feuilleton de la Presse, sous le pseudonyme
de Louise de Saint-Loup. C'était le nom de sa grand'mère,

Le nom fit tout. Ses aïeux firent le reste.

On dit que Blois est la ville de France où l'on parle le
plus purement le français ; si quelqu'un en doute, il n'a
qu'à écouter l'organe enchanteur de ce grand homme.

Il quitta Blois pour aller passer trois ans à Tours.

Il quitta Tours pour aller à Nantes.

Sur ces deux séjours, mes bons amis, je pourrais vous
en dire long, long, long... des volumes !

Mais notre homme serait dans le cas de s'en fâcher;
d'ailleurs, la place me manque : il faut réserver cela
pour un grand ouvrage spécial, à la Plutarque.

C'est convenu, n'est-ce pas? Je passe le plus beau.

En 1839, il s'avisa enfin de venir faire du journa-
lisme à Paris.

Aleajacla est!

En 1840, la Sylphide, journal de modes, paraît à
grands frais, à grand flafla, à grand orchestre. Le voilà
en relation avec de vrais écrivains.

Les journaux de modes se suivaient et se ressemblaient
lorsque 1848 arriva : Hippolyte sentit la réaction bouil-
lonner dans ses flancs, et il fonda le Lampion, avec
MM. A. de Galonné et L. Boyer.

Deux mois après, le journal était supprimé et le gérant
condamné à. dix jours de prison.

Il se hâta de remplacer le Lampion par la Bouche
de fer. Celui-ci fut saisi dès le premier numéro.

C'était le temps de la Foire aux idées, quelque chose
de non moins réac, mais beaucoup plus spirituel que Sa-
oagas.

Une fois lancé dans cette nouvelle voie, Jean Chambon
(c'est ainsi que l'appelait le Hanneton, en souvenir du
château de ses aïeux) ne s'arrêta plus.

Il fonda, en 1850, la Chronique de Paris, qui fut
supprimée en 1852 et remplacée par la Chronique de
France, réclamée et gardée par M. de Rovigo, qui vie»'
de mourir. .

Mais il y avait eu jadis un journal tapageur dont le
souvenir empêchait Jean Chambon de Villemessant de
dormir. Vous pressentez le Figaro et les petits crétins
.de son premier fondateur, Lepoitevin Saint-Aime.

C'est en 1854 qu'eut lieu la troisième incarnation du
Figaro, avec la trinité Villemessant — Bourdin - J°u"
vin. Le père et les geindres.

Oh ! ici, la plume nous tombe des mains. Il faudrait e
nouveaux volumes pour raconter les procès en diffama-
tion intentés à ce maître — ës-scandale. _

Ce procédé lui réussit : les huit pages du Figaro
vinrent bi-hebdomadaires. Pourtant les choses alleren
loin que, de procès en procès, le journal du scandale au
définitivement être supprimé, lorsque le prince impe

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M. de Villemessant se trompa, il crut parler a uu

de saint Louis et écrivit une supplique fameuse au n
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