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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0110
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Pow tout ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézp, 10,
rue Jôquelet, près la Bourse.





——

------^ -t^t:-

-

Si rïZ3iJ&)

LEÏ-TRE AU DUC D'ORLÉANS

Puisque amis sommes de nouveau .gratifiés de la pré-
sent âe§.,p.riaç.es d'ûrliaos, je veux bien faire un acte
agréafeje à Chantilly. .

Je veux jk-ouver'que rien n'est changé dans les habi-
tudes d'éeonoaie de cette noble famille.

On glgstltonné-ieieuc voir réclamer tant de millions
à la Franc'6'âëcàbleé sous le poids des désastres ; — l'é-
toïmeffieût cessera quand on lira la spirituelle lettre, sui-
vante, très authentique, et que nous copipns dan§ la
Quotidienne de 1S34.

C'est la doyenne de nos actrices, en ce temps-là sémil-
lante et courtisée, qui se plaint d'un abus aussi commun
aujourilhui qu'autrefois.

Que .dira le comte de Paris de la mesquine parcimonie
de l'auteur de ses jours, même dans ses fredaines '!

Le* duc d'Orléans portait alors un joli surnom. On
l'appelait le prince Rosolin,

Il était jeune, il était rose...-..

Laissons la parole à Virginie Déjazet :

Mon prince,
Je viens d'apprendre, par le programme des prochai-
nes courses de chevaux, que vous avez donné mon nom
à votre jument favorite. J'ose croire, illustre guerrier,
que cette nouvelle n'est pas moins fausse que la superbe
parure en or dont vous m'avez gratifiée, en témoignage
de votre satisfaction pour la manière dont j'ai joué
Fifine, au camp de Gompiègne, dans le Coniptis et la
Grisette; laquelle superbe parure s'est trouvée en chry-
socale.

La présente n'a pas pour but de vous faire un repro-
che. Dans mon rôle de Fifine, j'avais, il est vrai, assez
bien plaidé la cause du mariage pour remuer dans votre
cœur une fibre, hélas! trop sensible, et cela méritait
peut-être mieux qu'un collier en similor. Mais comme
vous n'êtes guère magnifiques dans votre famille, le col-
lier m'aurait agréablement surpris, quand bien même il
n'eût été qu'en simples fèves rouges. Tout ce dont je me
plains, c'est que vous ne m'ayez pas dit : « Fifine, voilà
pour ta peine un collier en chrysocale, » au lieu de me
dire majestueusement : « Madame, veuillez accepter la
dédicace de cette superbe parure en or. » C'est bête
comme tout, mon prince.

Mais donner mon nom à votre jument! voilà ce que je
ne puis permettre et contre quoi je proteste de toute la
force de ma voix.

Or1,; tous les habitués du théâtre Montansier vous
diront que j'ai beaucoup de voix.

Ce n'est pas que je redoute un échec pour mon nom
dans l'a champ clos des prochaines courses. Je croisbien,
au contraire, que les chevaux dressés par un guerrier
de votre acabit doivent gagner partout le prix de la
coursé,'et que, modestie à part, le succès couronnerait,
au Champ de Mars comme partout, le nom de Déjazet.
Mais, à défaut de celle-là, je proteste pour deux autres
raisons.

La première, parce que vos juments ne sont que des
rosses. Ah! s'il s'agissait d'une jument svelte, élégante,
gracieuse, fringante, je concevrais encore qu'on lui
donnât mon nom. Mais dans votre famille, on agit pour
les chevaux comme pour les culottes. Quand le père a
usé suffisamment une culotte , il la repasse à son fils
avec sa bénédiction.

De même, le fils reçoit, avec la bénédiction de son père,
les chevaux que celui-ci met à la réforme. Or, qu'on,
juge l'état, des chevaux réformés, d'après celui des che-
vaux en activité de service.

La seconde raison, qUe je vous dis tout bas entre nous,
c'est que mon nom donné à une jument constitue une
familiarité qui pourrait, faire supposer... Suffit ! Cela
ferait beaucoup de tort dans le monde à ma réputation
de bon goût. Je ne veux pas, d'ailleurs, qu'on puisse
croire que je suis moins difficile qu'une princesse.

J'ose espérer, mon prince, que vous ferez droit à ma
réclamation. A défaut du nom de leurs, victoires, que les
princes donnent ordinairement à leurs chevaux, et que
vous seriez fort embarrassé de donner aux vôtres, vous
pouvez trouver dans votre famille des noms de femme,
ne fût-ce que celui de voire tante Adélaïde, Je ne sais
pas pourquoi vousal!ez ainsi chercher le mien.

Ce ne peut être qu'une mauvaise, plaisanterie. Or, de
semblables farces sont indignes, je ne dis pas de votre
esprit, mais, de votre position sociale. A vingt-cinq ans,
Napoléon avait déjà donné à plusieurs villes et monu-
ment! son nom, qu'il,devait plus tard donner à un Code.

Jusqu'à présent, vous n'avez, vous, donjg $S; nom qu a
une jument. Encore est-ce le mien.

Avec lequel j'ai l;hjShnèur d'ètrp, etc., etc.

.Virginie DWAZiîT.
'(Quotidienne.''

LES TROIS Z'HÛMARBS ÇU PÈRE MILLION

Avant d'en faire un vaudeville en trois actes pour le
Palais-Royal ou les Folies-Marigny, je vais vous racon-
ter l'histoire incroyable des trois z'homards du père Mil-
lion, l'illustre et spirituel directeur que tout Paris con-
naît. P

Million, qui fait comme M. Sauvageotson marché lui-
même, se trouvait l'autre jour aux halfes centrales dans
le pavillon de la marée.

« Sapristi, se dit-il à lui-même en se bouchant le nez,
« le temps est fortement à l'orage, le poisson doit être
« pour rien... Profitons de l'occasion,
'" "— Combien vosYhomards.'la mère?
..■ — Si ypus voulez me prendrameslroiederniers, je'ije
ypus 1||§ yendrai pas cher. ., ',,,

— Alors, le prix ?

— Eh bien ! pour vous qui me paraissez un homme
respectable, ce-sera huit francs tout rond.

— J'en donne trois francs vingt-cinq et deux billets
de faveur pour le Tremblement de terre de Mendoce.

— Vieil insolent, si tu veux te moquer de moi, j'ai là
une raie de la semaine dernière que j'vas te flanquer sur
la figure.

— Eh bien ! trois francs vingt-cinq sans billets de fa-
veur !

— Allons, prenez-les, dit la marchande de poissons en
enveloppant les trois crustacés avancés dans des nu-
méros du Figaro.

— Evidemment ces z'homards ne sont pas de la première
fraîcheur, se dit Million, mais à ce prix-là je ne peux pas
les avoir vivants... Allons-en porter un chez Renée.

Renée est une actrice de son théâtre à laquelle il donne
cent vingt-cinq francs par mois, comme artiste et comme
maîtresse.

Pas généreux, Million ; mais disons loyalement que
Renée ne va#t pas deux sous de plus. La pauvre fille, en-
core plus maigre que Sarah Bernhardt, n'a comme cette
dernière pour attraits que ses yeux de merlan hysté-
rique.

— J'en donnerai un autre à mon ingénue, pense l'im-
présario... ça lui fera plaisir, à cette brave fille.. . ça
sera le premier cadeau que je lui ferai ; mon troisième
homard,.qui est le plus gros, sera naturellement pournia
femme, qui trépignera de bonheur en le recevant. . .
L'excellente épousé n'en a mangé que deux fois, dans sa
vie.

La combinaison de Million était ingénieuse, il allait
manger trois fois du homard dans la même journée:
chez sa femme, chez Renée et chez son ingénue.

Mais le malheureux directeur ne prévoyait pas les
conséquences de cet excès gastronomique.

Après avoir déjeuné chez l'une, dîné chez l'autre, et
soupe chez lui, l'infortuné fut pris par la plus terrible
indigestion.

Un médecin, mandé aussitôt, déclara que son éj^t
était désespéré, qu'il ne passerait pas la nuit.

Tout le monde sauta de joie en apprenant cette nou-
velle.

Les artistes et les auteurs dramatiques sa disposèrent
à fêter ce joyeux événement. I

Mais le leademain, au leyer de l'aurore, c'est-à-dire
à l'heure où les rats parisiens se promènent'encore aux
bords des trottoirs, à l'heure où les fiacres sont à 3 fr. 50,
à Theure oules&z'/'/îws travaillent dans les tas d'ordures,
à l'heure ou les laitières font leur lait avec de l'eau et de
l'amidon, on aurait pu voir un homme inquiet, craintif,
allant de rambuteau en rambuteau, et, ne restant que
quelques secondes dans chacun.

Quel était ce personnage mystérieux ? Que faisait-il
dans ces vespasiennes ?

Evidemment personne n'aurait pu s'en douter. »

Etait-ce un criminel, un, fou, ou un client de Ricord.?
■ Non. — C'était le père Million ressuscité qui collait
lui-même elandestinementces petites affiches manuscrites
qui font le désespoir de l'autorité.

Michel Anézo .

ALEXANDRE DUMAS FILS

Son père avait dit : Cherchez la femme !

Ce mot de policier est resté la devise de Dumas fils.

Au fond de tput drame, petit ou grand, de la vie,réeile,
il y a une femme.

Dans toutes les œuvres de Dumas fils, il y ai'.Une
femme.

Ah ! il doit bien adorer ce sexe enchanteur, car.il lui
doit tout : gloire et fortune.

Il est, en outre, une preuve que noire jeunesse de. pe-
tits crevés ne s'étiole pas tout entière- au milieu des, co*

cottes, car il a fait chez celles-ci de

si.KQ&ndes études,

qu'il devrait depuis longtemps être ,

chef. ' • ,du Premier

Hatons-nous'% dire qu'il n'en a jamais rien été ,
qu ,1 se porte au physique comme , vous « ^ ^ el
H le moral entièrement libre de vagabond^.»?

ou

N'importe ! Vpy^it que la gloire de son père fe t
mait toutes les ppr^s, - ceci est à la lettre <zRm\
il se présentait, on gisait : Bah ! c'estlè fils de ffi*L
voila tout ! quant au talent, ce n'est pas une raison

Voyant donc, k tour que lui jouait la .célébrité pater
nelle, il voulut se frayer une autre voie. .;,,

C'était difficile ;"le père avait tout pris!

Il se fit simplement una spécialité,^ taillant un^,.
point dans un manteau de roi. [i smi . . .

Ce qu'il entreprit, — après les .éludas susdites -
avait quelque chose d'original et d'audacieux, c'était"
la réhabilitation de la femme perdue.',

Rien que cela !... Et tout jeune !

Voyez plutôt. Il est né en 1824,1e 28 juillet ; il a
donc aujourd'hui, tout j liste, quarante-huit ans.

Or, quand il fit sa volte-face et publia en roman la
Dame aux Camélias, on élait en plein 1848. fl avait
donc vingt-quatre ans.

C'est un ancien élève du lycée Bourbon, qui s'est
appelé depuis lycée Bonaparte et qu'on nomme aujour-
d'hui lycée Condprcet.

Le démon des vers s'empara de lui dès l'âge de seize
ans. A dix-sept ans, il publia son premier volume en
vers : Les Péchés de jeunesse.

Albert Millaud l'a imité depuis en publiant, vers le
même âge, un volume de vers aussi : les Fantaisies de
jeunesse.

Le premier jetait sa gourme. Le second donnait sa
note.

Alexandre Dumas fils, ayant trouvé sa voie, ne cher-
cha plus que : LA FEMME.

A part la Question d'argent, le Fils nature) et le
Père prodigue, tous ses titres sont à LA. FEMM3.

La Dame aux Camélias, la femme.

Diane de Lys, la femme.

Le Demi-Monde, la femme.

L'Ami des femmes, la femme.

Le, Supplice d'une femme, la femme.

lièloïse Paranquet, la femme.

Les Idées de madame Aubray, la femme.

Une Visite de noces, la femme.

l,a Princesse Georges, la femme..

Et pour le bouquet, le volume actuel ;

L'HOMME-FEMME.

Ici, la bizarre alliance des deux sexes masque at com-
plète le procédé.

De temps en temps, il a publié des préfaces doctorales
et prétentieuses,, à la façon de son dernier livre...

C'est ce qu'on appelle couper la queue du chien d Al-
cibiade.

Son mérite le plus grand, le plus vrai, c'est de con-
naître son public et de savoir faire parler de lui.

Avec cela une entente, profonde de la scène et le dialo-
gue le plus scénique des temps modernes.

C'est le premier arrangeur de' pièces de. notre épo-
que.

Quand il touche un cadavre, informe de M. de Girar-
din -, ou de Durantin, ou de tout autre, il lui donne la vie,
il en l'ait presque un chef-d'œuvie.

Aussi, sa véritable; force, c'est le, théâtre bien plus
que le roman.

A part les romans qu'il a mis au théâtre, que eonnait-
on dans la liste suivante :

Aventures de quatre femmes et d'un p&ioque ■

— Cèsctrine. — Le docteivt-Seroans. — Antonme-

— Tristan le roux. — Trois hommes forts. F- «*
venants, — Le régent Mustel, — Contes et Nouvel-^
les. _ Sophie Printemps. — L'Affaire Clemen-
ceau ?... .k

Ce dernier peut-être seulement. Le reste ne va pas
la cheville de son père. .

En somme,. Alexandre Dumas fils semble avjrPJ
en tout, le contre-pied de so^père. Ce sont deux ëem'
bien distincts : i, , ^

Le premier avait le souffle vigoureux et cijea
c'était un géant, . se

. Le.ssçtuid.a.l'haleine courte et.l'ipaçinabondou ^
il manie, le parodoxe sous toutes les formes; rae.me
lement, mais son scalpel porte souvent à feux. -

C'est un habile mosaïste. • , , surpri-

Ou je me trompe, ou il nous, réserve bien d|s

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