9
Pow tout ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézo, 10,
rue Joquelet, près la Bourse.
SIFFLEMENTS
Il y a des moments, dans la vie, ,oû l'on éprouve le
besoin d'être deux.
Il y en a d'autres, en revanche, où l'on ressent le désir
d'être seul. C'est à ce dernier sentiment qu'ont obéi nos
honorables eh s'accordant trois mois de congé.
Etre député pendant le temps des vacances, quel
rêve !
Mais tous ne profiteront pas également de ces trop
courts instants de repos. Parmi eux, les bons élèves, les
forts en thème, ont certainement emporté des devoirs à
faire.
Il s'agit de préparer pour la rentrée un discours à sen-
sation ; il faut aller à la Comédie-Française étudier le jeu
des maîtres ; il faut enfin forger des armes pour de nou-
veaux* combats.
Plus malin que tous, Belcastel, dont le nom rime à
joli onûteau, a tiré, avant le départ, un petit pétard des-
tiné à perpétuer son nom gracieux.
Sois béni, ô Belcastel! par toutes les marchandes de
cierges et tous les donneurs d'eau bénite.
O Dieu puissant, Dieu de Belcastel ! n'est-ce pas trop
te demander, que de souhaiter pouvoir, caché dans
l'ombre d'un pilier, assister à cette petite fête ? Bonheur j
inouï ! voir ces fronts augustes frapper la terre ! témoin
invisible, voir la sainte colombe leur apporter le rayon
divin! ' -
Car Dieu le père pourra-t-il faire moins que ne fit
Jésus-Christ pour ses disciples?
Et quand le rayon sacré viendra mettre à ton front
une auréole d'or, ô Belcastel ! prut-être, comme saint
Paul sur le chemin de Damas, te relèveras-tu, illuminé,
par une foi nouvelle, et les échos surpris de la vieille ba-
silique entendront ta voix puissante s'écrier :
Vive la République !
Rêve et fiction! Cela se passera de la façon la plus
prosaïque du monde.
Ce sera comme la messe du Saint-Esprit à la rentrée
des classes et des tribunaux. Belcastel ne recevra aucun
rayon, vous verrez ça, et pour dorer son crâne auguste
il faudra le galvanoplastiquer.
Vraiment, ces gens-là n'étaient pas nés pour vivre au
milieu d'un peuple de sceptiques et d'incrédules.
Mais il en est temps encore.
11 est là-bas, là-bas, bien loin de la statue de Voltaire,
des pays sauvages où l'on peut encore mourir pour sa
foi; tandis qu'ici, c'est à peine si l'on peut encore en vi-
vre.
Témoin la croisade contre les Jésuites en Allemagne et
en Angleterre ; témoin encore ce Jésuite de Brest qu'un
chef de gare malveillant empêcha, la semaine dernière,
de faire son petit commerce dans un wagon de pre-
mière classe.
Hélas I le respect s'en va, voyez-vous !
Pour en finir avec cette dernière séance, constatons le -
succès qu'a obtenu M. Grévy. Pas un murmure, pas un
geste de désapprobation! .
Tudieu, quel orateur !
Combien les quelques paroles qu'il a prononcées ont
paru plus éloquentes encore après le discours macaroni-
que de M. Saint-Marc Girardin. Que Lbéritier s'en em-
pare pour le réciter dans la Tribune mécanique, et je lui
prédis un de ces triomphes...
M. Dumas fils ne se doutait guère des conséquences
qu'entraînerait la conclusion de sa brochure. Un jeune
homme qui a une maîtresse infidèle à laquelle il a la fai-
blesse de tenir, vient de l'épouser.
—Au moins, commecela, disait-il, je serai en règle avec
la loi, li ne s'agit plus que d'attendre le flagrant délit.
LB SÏFF1..R1
Mais cette question : Peut-on tuer sa femme ? n'inté-
resse qi e la catégorie, peu intéressante du reste, des ma-
ris trompés.
Il en est une autre qu'il est au moins aussi nécessaire
d'élucider. C'est celle-ci :
Peut-on tuer son oncle ?
Les neveux réclament impatiemment une réponse.
Le vent est aux brochures et aux titres aphrodisiaques.
Voiei maintenant : Comment l'empire reviendra.
Certes, s'il est un problème dont la solution excite la
curiosité générale, c'est celui-ci.
Comme les autres, cette brochure n'a de remarquable
que son titre.
Vrai, amigo mio, vous êtes un ami compromettant.
On peut faire de ces choses-là quand on a perdu toute
pudeur et sa dernière pièce de dix sous au noble jeu du
bezigue. On vend cela à un libraire pour pouvoir manger
huit jours et on signe : Trois étoiles.
Et encore la faim, dans ce cas-là, n'est-elle pas une
excuse. C'est tout au plus une atténuation. Je sais cer-
tain que les enfants d'Ugolin auraient refusé un pain de
quatre livres acheté à ce prix.
Point n'est besoin de vous dire combien nous sommes
heureux du succès de l'emprunt.
Un écho rétrospectif, à ce sujet, et qui n'a d'autre mé-
rite que celui d'être vrai.
Comme partout ailleurs, à la mairie des Batignolles,
la foule se déroule en replis tortueux, surveillée par
des sergents de ville. Un agent causant avec un sous-
cripteur, lui dit : Trois milliards ! peuh ! qu'est-ce que
c'est que ça pour le gouvernement? Mais s'il voulait, il
trouverait facilement douze cents millions, quinze cents
millions même !
Un Merlu.
TUTOIE-LA
Réponse a la réponse de la réponse d'une réponse à
une autre réponse
A MM. Alexandre pumas, Emile de Girardin et
Compagnie.
Messieurs,
Vous êtes tous des farceurs ; pas un de vous qui vous
êtes amusés à faire des variations sur le vieux thème de
l'adultère, n'a pens5 un mot de ce qu'il a écrit.
Je veux être plus, sincère et dire carrément mon opi-
nion sur ce sujet rebattu, sans être paradoxal et méta-
phorique.
Je ne parlerai pas d'Eve et d'Adam, de Joseph et de
la Vierge Marie, des femmes du temple, de la rue et du
foyer.
Tout ça, c'est des bêtises qui ne prouvent rien, pas
même votre science littéraire.
Vous me direz : c'est un truc, il faut bien parer sa
marchandise ; le charcutier met des fleurs artificielles
sur ses produits...
Assez, messieurs, assez, n'établissez pas de comparai-
son, je vous prie, entre les fleurs de rhétorique et les
fleurs de charcuterie.
Selon vous, messieurs, qui n'avez aucune conviction,
vous dites : il faut tuer, il faut pardonner, il faut recon-
naître l'enfant, il ne faut pas le reconnaître, etc., etc..
Tout cela sont des choses vagues, diffuses, incohé-
rentes.
Je veux être plus pratique et plus positif sur mon
sujet.
Je suppose que j'ai un ami qui a un fils de vingt et
un ans; je suppose également que cet ami soit, car c'est
par supposition que je veux parler tout le temps, je sup-
pose, dis-je, que cet ami soit atteint de crétinisme et
absolument incapable de donner des conseils à son fils de
vingt et un ans.
■ Eh bien ! voici ce que je dirais à ce jeune homme :
— Tu aimes les femmes ; prends gai de, Alcibiade, car
je suppose qu'il s'appelle Alcibiade, je ne vais pas te dire,
comme M. Dumas, que les femmes sont des guenons ;
quand elles sont jolies, ce sont des anges; mais, mon
cher enfant, il y a ange et ange.
Si tu trouves sur le chemin de ta vie, ou à Tivoli
Vaux-Hall, une femme du monde que tu croiras pure,
offre-lui, si tu veux et si tu en as le moyen, un sorbet,
un fiacre, un souper, ton bras même... mais jamais ta
main.
Le mariage, mon jeune ami, est une chose ridicule qui
ne produit aucune distraction mutuelle.
Ta femme t'ennuie, tu l'ennuies, vous vous ennuyez.
Donc, mon cher Alcibiade (car je suppose toujours
que le fils de mon crétin d'ami se nomme Alcibiade), ne
te maiie pas, reste garçon toute ta vie ; par ce moyen tu
n'auras jamais à redouter les couleurs de l'byménée.
Tes enfants seront à toi si tu le désira •
ressens pas le besoin de la paternité Zl'n ^ SI fu »•
cera à reconnaître ta progéniture' P ne le for-
Maintenant, cher enfant, si la jeune fem™ a
que tu auras rencontrée sur^ le ch Z 1?» • Um0I,de
voli Vaux-Hall, veut faire d«Stè24Ti;
ton insu, eh bien! frappe à sa porte oZrfP. , M,à
sort,, mets sous le bris ton <CX pi2^
d un homme quis'e» fiche... et litok-Ul*^ W
Michel Anézo.
EMILE DE GIRARDIN
Ce n'est pas sans raison que boxe
Rime bien avec paradoxe.
Sus, mes athlètes, en garde! A toi celui-ci' AW
celui-là !
C'est à coups de paradoxes que se battent le grand
Emile et le fils Alexandre Dumas.
A peine a paru l'Homme-femme que M. de Girardin
riposte par l'Homme et la1 Femme.
Le titre tire l'teil, l'ouvrage se vend et la galerie se
tient les côtes.
En effet, la conclusion se garde bien d'être la même !
Quant aux considérants du jugement, c'est joli comme
jonglage.
D'autres vous diront, s'ils le veulent, en quoi les deux
volumes diffèrent ; moi, j'aimerais mieux dire en quoi les
deux hommes ne se ressemblent guère ; mais je ne m'ap-
pesantirai pas sur ce côté et je vous parlerai seulement
d'Emile de Girardin, le grand Emile, le seul, l'uni-
que!
Une idée par jour !
Un alinéa par verbe !
Et même sans verbe!
Confiance ! confiance !
Qui ne se souvient de ce style à outrance qui s'é-
panouissait en 1848 dans les colonnes de la Presse ?
Proclamons d'abord qu'il vaut infiniment mieux faire
une étude sur la femme que de recevoir de l'argent delà
Russie pour soutenir ses intérêts ;
Ou de se fourrer dans les actionnaires domines fantas-
tiques ;
Ou de mettre sa plume au service du plus riche !
Mieux vaut un moraliste qui se trompe qu'un journa-
liste qui se. vend.
Ce compliment terminé, j'avouerai sans scrupule qu'en
fait de journalisme, delancement surtout et d'exploitation,
nul ne fut jamais digne de dénouer les cordons des sou-
liers de ce polémiste infatigable.
Avec la Presse, il a fait une révolution dans le jour-
nalisme, — etde l'argent à bouche que veux-tu.
A la fin, lassé, harcelé, dégoûté, le public l'a lâché.
Lui, qui galvanisait ses lecteurs, il lésa endormis...
Qu'a-l-il fait ? Comme Antée, il a touché la terre, et
il s'est relevé rajeuni, vivifié, fort !
Il a acheté un journal tombé, fondé par un vulgaire
endormeur, la Liberté ; il a appelé autour de lui des
jeunes gens, rien que des jeunes gens ; il a vendu son
journal un sou et a semé courageusement un million
pour en récolter deux.
Allez donc voir si la Gazette de Paris, qui joue le
même jeu en ce moment, réussit comme lui !
Il ne lui manque qu'une chose : Girardin.
Jamais un homme n'a mieux su se retourner, selon les
circonstances, au profit de ses intérêts.
Mais, à ce jeu, il est devenu tellement caméléon
qu'il est impossible à qui que ce soit de croire en lui.
On est toujours sûr que le lendemain il démentira sa
conviction de la veille.
Bah ! combien de gens prétendent que, comme l'uto-
pie, le paradoxe de la veille est la vérité du lende-
main.
Il avait, du reste, pour répondre à VHomme-femme,
des raisons particulières.
Abandonné, renié à sa naissance, il a forcé son père
à le reconnaître publiquement, en pleine Chambre des
députés, le 24 décembre 1847, et à lui laisser porter son
nom.
Il s'appela Emile Delamothe jusqu'à l'âge de 2o ans,
où il publia Emile et Au hasard, sous le nom q» » a
gardé depuis. ,
En 1828 et 1829, il fonda le Voleur et la 4W«<
deux journaux qui eurent un grand succès et qui vi
encore.
Après 1830, il fonda le Journal des connaissance
utiles, toujours vivant, puis le Journal des insliMton
primaires, à trente sous par an.
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la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézo, 10,
rue Joquelet, près la Bourse.
SIFFLEMENTS
Il y a des moments, dans la vie, ,oû l'on éprouve le
besoin d'être deux.
Il y en a d'autres, en revanche, où l'on ressent le désir
d'être seul. C'est à ce dernier sentiment qu'ont obéi nos
honorables eh s'accordant trois mois de congé.
Etre député pendant le temps des vacances, quel
rêve !
Mais tous ne profiteront pas également de ces trop
courts instants de repos. Parmi eux, les bons élèves, les
forts en thème, ont certainement emporté des devoirs à
faire.
Il s'agit de préparer pour la rentrée un discours à sen-
sation ; il faut aller à la Comédie-Française étudier le jeu
des maîtres ; il faut enfin forger des armes pour de nou-
veaux* combats.
Plus malin que tous, Belcastel, dont le nom rime à
joli onûteau, a tiré, avant le départ, un petit pétard des-
tiné à perpétuer son nom gracieux.
Sois béni, ô Belcastel! par toutes les marchandes de
cierges et tous les donneurs d'eau bénite.
O Dieu puissant, Dieu de Belcastel ! n'est-ce pas trop
te demander, que de souhaiter pouvoir, caché dans
l'ombre d'un pilier, assister à cette petite fête ? Bonheur j
inouï ! voir ces fronts augustes frapper la terre ! témoin
invisible, voir la sainte colombe leur apporter le rayon
divin! ' -
Car Dieu le père pourra-t-il faire moins que ne fit
Jésus-Christ pour ses disciples?
Et quand le rayon sacré viendra mettre à ton front
une auréole d'or, ô Belcastel ! prut-être, comme saint
Paul sur le chemin de Damas, te relèveras-tu, illuminé,
par une foi nouvelle, et les échos surpris de la vieille ba-
silique entendront ta voix puissante s'écrier :
Vive la République !
Rêve et fiction! Cela se passera de la façon la plus
prosaïque du monde.
Ce sera comme la messe du Saint-Esprit à la rentrée
des classes et des tribunaux. Belcastel ne recevra aucun
rayon, vous verrez ça, et pour dorer son crâne auguste
il faudra le galvanoplastiquer.
Vraiment, ces gens-là n'étaient pas nés pour vivre au
milieu d'un peuple de sceptiques et d'incrédules.
Mais il en est temps encore.
11 est là-bas, là-bas, bien loin de la statue de Voltaire,
des pays sauvages où l'on peut encore mourir pour sa
foi; tandis qu'ici, c'est à peine si l'on peut encore en vi-
vre.
Témoin la croisade contre les Jésuites en Allemagne et
en Angleterre ; témoin encore ce Jésuite de Brest qu'un
chef de gare malveillant empêcha, la semaine dernière,
de faire son petit commerce dans un wagon de pre-
mière classe.
Hélas I le respect s'en va, voyez-vous !
Pour en finir avec cette dernière séance, constatons le -
succès qu'a obtenu M. Grévy. Pas un murmure, pas un
geste de désapprobation! .
Tudieu, quel orateur !
Combien les quelques paroles qu'il a prononcées ont
paru plus éloquentes encore après le discours macaroni-
que de M. Saint-Marc Girardin. Que Lbéritier s'en em-
pare pour le réciter dans la Tribune mécanique, et je lui
prédis un de ces triomphes...
M. Dumas fils ne se doutait guère des conséquences
qu'entraînerait la conclusion de sa brochure. Un jeune
homme qui a une maîtresse infidèle à laquelle il a la fai-
blesse de tenir, vient de l'épouser.
—Au moins, commecela, disait-il, je serai en règle avec
la loi, li ne s'agit plus que d'attendre le flagrant délit.
LB SÏFF1..R1
Mais cette question : Peut-on tuer sa femme ? n'inté-
resse qi e la catégorie, peu intéressante du reste, des ma-
ris trompés.
Il en est une autre qu'il est au moins aussi nécessaire
d'élucider. C'est celle-ci :
Peut-on tuer son oncle ?
Les neveux réclament impatiemment une réponse.
Le vent est aux brochures et aux titres aphrodisiaques.
Voiei maintenant : Comment l'empire reviendra.
Certes, s'il est un problème dont la solution excite la
curiosité générale, c'est celui-ci.
Comme les autres, cette brochure n'a de remarquable
que son titre.
Vrai, amigo mio, vous êtes un ami compromettant.
On peut faire de ces choses-là quand on a perdu toute
pudeur et sa dernière pièce de dix sous au noble jeu du
bezigue. On vend cela à un libraire pour pouvoir manger
huit jours et on signe : Trois étoiles.
Et encore la faim, dans ce cas-là, n'est-elle pas une
excuse. C'est tout au plus une atténuation. Je sais cer-
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quatre livres acheté à ce prix.
Point n'est besoin de vous dire combien nous sommes
heureux du succès de l'emprunt.
Un écho rétrospectif, à ce sujet, et qui n'a d'autre mé-
rite que celui d'être vrai.
Comme partout ailleurs, à la mairie des Batignolles,
la foule se déroule en replis tortueux, surveillée par
des sergents de ville. Un agent causant avec un sous-
cripteur, lui dit : Trois milliards ! peuh ! qu'est-ce que
c'est que ça pour le gouvernement? Mais s'il voulait, il
trouverait facilement douze cents millions, quinze cents
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Un Merlu.
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Réponse a la réponse de la réponse d'une réponse à
une autre réponse
A MM. Alexandre pumas, Emile de Girardin et
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Vous êtes tous des farceurs ; pas un de vous qui vous
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l'adultère, n'a pens5 un mot de ce qu'il a écrit.
Je veux être plus, sincère et dire carrément mon opi-
nion sur ce sujet rebattu, sans être paradoxal et méta-
phorique.
Je ne parlerai pas d'Eve et d'Adam, de Joseph et de
la Vierge Marie, des femmes du temple, de la rue et du
foyer.
Tout ça, c'est des bêtises qui ne prouvent rien, pas
même votre science littéraire.
Vous me direz : c'est un truc, il faut bien parer sa
marchandise ; le charcutier met des fleurs artificielles
sur ses produits...
Assez, messieurs, assez, n'établissez pas de comparai-
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fleurs de charcuterie.
Selon vous, messieurs, qui n'avez aucune conviction,
vous dites : il faut tuer, il faut pardonner, il faut recon-
naître l'enfant, il ne faut pas le reconnaître, etc., etc..
Tout cela sont des choses vagues, diffuses, incohé-
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Je veux être plus pratique et plus positif sur mon
sujet.
Je suppose que j'ai un ami qui a un fils de vingt et
un ans; je suppose également que cet ami soit, car c'est
par supposition que je veux parler tout le temps, je sup-
pose, dis-je, que cet ami soit atteint de crétinisme et
absolument incapable de donner des conseils à son fils de
vingt et un ans.
■ Eh bien ! voici ce que je dirais à ce jeune homme :
— Tu aimes les femmes ; prends gai de, Alcibiade, car
je suppose qu'il s'appelle Alcibiade, je ne vais pas te dire,
comme M. Dumas, que les femmes sont des guenons ;
quand elles sont jolies, ce sont des anges; mais, mon
cher enfant, il y a ange et ange.
Si tu trouves sur le chemin de ta vie, ou à Tivoli
Vaux-Hall, une femme du monde que tu croiras pure,
offre-lui, si tu veux et si tu en as le moyen, un sorbet,
un fiacre, un souper, ton bras même... mais jamais ta
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Le mariage, mon jeune ami, est une chose ridicule qui
ne produit aucune distraction mutuelle.
Ta femme t'ennuie, tu l'ennuies, vous vous ennuyez.
Donc, mon cher Alcibiade (car je suppose toujours
que le fils de mon crétin d'ami se nomme Alcibiade), ne
te maiie pas, reste garçon toute ta vie ; par ce moyen tu
n'auras jamais à redouter les couleurs de l'byménée.
Tes enfants seront à toi si tu le désira •
ressens pas le besoin de la paternité Zl'n ^ SI fu »•
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Maintenant, cher enfant, si la jeune fem™ a
que tu auras rencontrée sur^ le ch Z 1?» • Um0I,de
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EMILE DE GIRARDIN
Ce n'est pas sans raison que boxe
Rime bien avec paradoxe.
Sus, mes athlètes, en garde! A toi celui-ci' AW
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C'est à coups de paradoxes que se battent le grand
Emile et le fils Alexandre Dumas.
A peine a paru l'Homme-femme que M. de Girardin
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Le titre tire l'teil, l'ouvrage se vend et la galerie se
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En effet, la conclusion se garde bien d'être la même !
Quant aux considérants du jugement, c'est joli comme
jonglage.
D'autres vous diront, s'ils le veulent, en quoi les deux
volumes diffèrent ; moi, j'aimerais mieux dire en quoi les
deux hommes ne se ressemblent guère ; mais je ne m'ap-
pesantirai pas sur ce côté et je vous parlerai seulement
d'Emile de Girardin, le grand Emile, le seul, l'uni-
que!
Une idée par jour !
Un alinéa par verbe !
Et même sans verbe!
Confiance ! confiance !
Qui ne se souvient de ce style à outrance qui s'é-
panouissait en 1848 dans les colonnes de la Presse ?
Proclamons d'abord qu'il vaut infiniment mieux faire
une étude sur la femme que de recevoir de l'argent delà
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Avec la Presse, il a fait une révolution dans le jour-
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A la fin, lassé, harcelé, dégoûté, le public l'a lâché.
Lui, qui galvanisait ses lecteurs, il lésa endormis...
Qu'a-l-il fait ? Comme Antée, il a touché la terre, et
il s'est relevé rajeuni, vivifié, fort !
Il a acheté un journal tombé, fondé par un vulgaire
endormeur, la Liberté ; il a appelé autour de lui des
jeunes gens, rien que des jeunes gens ; il a vendu son
journal un sou et a semé courageusement un million
pour en récolter deux.
Allez donc voir si la Gazette de Paris, qui joue le
même jeu en ce moment, réussit comme lui !
Il ne lui manque qu'une chose : Girardin.
Jamais un homme n'a mieux su se retourner, selon les
circonstances, au profit de ses intérêts.
Mais, à ce jeu, il est devenu tellement caméléon
qu'il est impossible à qui que ce soit de croire en lui.
On est toujours sûr que le lendemain il démentira sa
conviction de la veille.
Bah ! combien de gens prétendent que, comme l'uto-
pie, le paradoxe de la veille est la vérité du lende-
main.
Il avait, du reste, pour répondre à VHomme-femme,
des raisons particulières.
Abandonné, renié à sa naissance, il a forcé son père
à le reconnaître publiquement, en pleine Chambre des
députés, le 24 décembre 1847, et à lui laisser porter son
nom.
Il s'appela Emile Delamothe jusqu'à l'âge de 2o ans,
où il publia Emile et Au hasard, sous le nom q» » a
gardé depuis. ,
En 1828 et 1829, il fonda le Voleur et la 4W«<
deux journaux qui eurent un grand succès et qui vi
encore.
Après 1830, il fonda le Journal des connaissance
utiles, toujours vivant, puis le Journal des insliMton
primaires, à trente sous par an.
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