L* SIFPLBl
Pour tout ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézo, 7,
rue Rochechouart.
Les bureaux du SIFFLET* Sont trans-
férés, 7, rue Rochechouart.
SIFFLEMENTS
Il y a un proverbe qui dit que le canon est Vultima
ratio des rois. Ce qui veut dire, en bon français, que les
rois bombardent le peuple quand ils en sont à leui1 der-
nière ration. Continuons d'épater les populations par mon
érudition. 11 y a un autre proverbe qui prétend que : le
salut du peuple doit être la règle suprême.
J. J. n'aurait pas résisté au désir d'écrire ce proverbe
en latin. Admirez ma modestie 1 Un auteur de chanson-
nettes, né malin, voulant introduire ce proverbe au café-
concert où la politique est interdite, a tourné la difficulté
d'une façon fort ingénieuse.
La chanson en question et qui n'est que la paraphrase
de ce dicton, s'appelle: C'est pour l'enfant.
Cela se chante avec des gloussements dans la voix et
une tyrolienne comme final.
C'est pour l'enfant.
Voyons, messieurs, ne vous plaignez pas ; si mes exi-
gences vous semblent un peu dures, si les impôts aug-
mentent,
C'est pour l'enfant.
Les allumettes, les timbres-poste, le café, le sucre, le
petit bleu, etc.,
C'est pour l'enfant.
Mais voyez comme il va bien : tout cela fait ventre, il
engraisse à vue d'œil. Voyez avec quelle ardeur il
prend le sein. Mais vous savez quelle influence a le mo-
ral sur le physique.
A tout prix il faut lui éviter les émotions violentes.
Du calme et du repos, c'est l'ordonnance. Ne laissons
entrer près de lui que des personnes amies.
Il me semble voir la nourrice chanter cet air sur
sa guitare et finir, avec uâe tyrolienne à la clef :
Si nous fîmes, filer Jérôme,
C'est pour l'enfant,
J'en fais le serment.
Des utopistes voudraient amener le genre humain à
n'avoir qu'une même opinion politique et religieuse.
Si jamais rêve fut irréalisable, c'est bien celui-là.
Il vous serait plus facile dé voir se réaliser ce souhait
que vous avez dû former certainement plus d'une fois :
si j'étais roi!
Le moyen est aussi simple que peu coûteux.
Faites-vous adopter ou épouser par A. Orélie.
Je ne demande pour cela que la nourriture en timbres-
poste. 20 timbres de 25 centimes, c'est-à-dirè une mo-
deste pièce de cent sous, par jour, lui suffiraient.
Mais amener les peuples à s'entendre sur le terrain
politique, ce qui nous épargnerait le désagrément d'en-
tendre hurler par ces poohards de l'avenir :
Les peuples sont pour nous des frères, oh ! là là, «omme
dirait Saint-Louis Veuillot, archange!
0 âmes naïves qui caressez ce doux rêve, déposez au
coin d'une borne cette dernière illusion, soigneusement
enveloppée dans un numéro de l'Univers. Evitez autant
que possible de choisir un endroit où il y ait cette inscrip-
tion : Défense de déposer, sous peine d'amende.
Cela vous coûterait 16 francs.
Quand on y voit les passions s'exalter à propos d'une
personnalité aussi mince, quand on a lu ces kilomètres
de ligues écrites sur un sujet aussi peu intéressant, c'est
à croire que le seul Gagne qui, lui, n'a pas pris part au
débat, est en parfait équilibre.
J'ai été à même d'entendre juger le fait par deux hom-
mes d'opinions différentes. L'un, possesseur d'un bre-
vet de perfectionnement pour la fabrication des cocottes
en papier et qui attribue sa ruine à la République trou-
vait la chose effroyable. Et pas seulement une garde
d'honneur, disait-il, mais si vous teniez tant à ce qu'il
partît, il fallait au moins le renvoyer poliment et le faire
escorter parla fanfare d'un régiment qui aurait joué l'air
de : Partant pour la Syrie.
Il faut des convenances, que diable !
Le second, Jacobin à tous crins, qui a écrit Une bro-
chure très remarquée, en son temps, sur la façon de
faire Vabsinthe (au moyen d'une échelle), ne trouve
pas la leçon suffisante.
— Comment, disait-il, vous f avez là sous la main et
vous le laissez partir! Je ne l'aurais pas lâché, moi,
croyez bien ; j'aurais voulu qu'il pût écrire à ses parents,
comme César :
Vehi, vidi, vixi.
Et l'on parle d'abolir la question.
Un Merle.
L'EAU MIRACULEUSE
Ce n'est pas de celle qui fait repousser les cheveux, ni
de celle qui rajeunit les vieilles femmes, ni de celle qui
enlève les taches de camb ouis que je vais avoir l'hon-
neur de vous parler.
Mon eau merveilleuse n'est pas un produit industriel
qu'on prône à deux francs la ligne.
Non, mesdames et messieurs, le charlatanisme n'en-
trera pas dans cet article, et je ne viens pas sur cette
place, je veux dire à cette place, comme un banquiste,
vous offrir au son de la grosse caisse et des cymbales un
spécifique vulgaire.
Je ne suis point coiffé, ainsi que vous pourriez le croire,
du casque de feu Mangin, ni vêtu du costume éclatant de
l'ancien marchand d'eau de Cologne.
Je n'aurai pas non plus l'outrecuidance de vous dire
que je suis le premier écrivain de l'Univers et du
Monde.
Je ne veux pas vous tromper, moi !
Les miracles que je vais vous faire connaître sont au-
thentiques, réels, palpables et indiscutables.
Oyez ! écoutez !
La semaine dernière, comme Nazet et d'Aunay, ayant
l'intention d'aller à Lourdes pour remplir pieusement
mon devoir de journaliste, je pris le chemin de fer de
l'Ouest et débarquai sans naufrage à Saint-Malo.
Huit jours après, de retour à Paris, mes amis et con-
naissances croyant sérieusement que j'avais été assez
naïf pour aller dans le pays de Bernardette, m'accablè-
rent de demandes pour obtenir un peu d'eau de la fon-
taine miraculeuse.
Avouer que je n'avais pas fait le pèlerinage de Lour-
des était perdre ma réputation et compromettre mon cré-
dit de journaliste.
J'imaginai (c'était canaille, que Veuillot me le par-
donne 1) d'aller remplir quelques litres avec l'eau
limpide d'une fontaine Wallace.
Tous mes amis et connaissances furent satisfaits et me
bénirent,1 car mon eau ou plutôt l'eau des nouvelles fon-
taines fit des prodiges.
Jamais à aucune époque on ne vit miracles semblables.
Les plus incrédules, les plus sceptiques, les plus bla-
gueurs ne pourront réfuter avec les preuves que je pos-
sède les effets merveilleux de l'eau de la Vanne.
Si je voulais comme l'Univers raconter tous les mira-
cles que ce liquide a opérés, je remplirais ce numéro.
Je ne veux et ne puis que citer les cures les plus mi-
raculeuses de ce spécifique divin.
Plus tard je les numéroterai comme celles de la Re-
valescière, mais aujourd'hui je ne classe rien, je les
offre au hasard de la fourchette.
François Coppée, rongé par les vers, après avoir bu
une timbale d'eau, a été guéri radicalement.
Alphonse Daudet, atteint de nostalgie à en mourir,
ayant humecté ses lèvres à une coupe remplie de mon
eau, a renoncé â ses poésies et à ses pièces proven-
çales.
Mademoiselle Duguéret, par un seul petit verre, a re-
trouvé sa beauté et sa jeunesse.
Depuis qu'il a bu de l'eau de la fontaine Wallace,
Paul Fouuher peut lire sur les colonnes-affiches, sans
son lorgnon, le programme du théâtre des Folies-Ma-
rigny.
M. de Villemessant, atteint d'hypocondrie, a été guéri
miraculeusement en avalant quelques gouttes du bienfai-
sant liquide.
En quelques instants, MM. Louis Veuillot et Vavas-
seur ont vu disparaître les sinuosités grotesques de leur
visage.
M. Garnier-Pagès, en moins de trois minutes, a pu
comprendre que ses faux-cols ne sont plus de saison.
Une gorgée de la liqueur limpide a suffi pour faire du
no^T d6S Bouffes-p^iens un homme k
politesse.
une exquige
Madame Thierfét, par mon eau miraculeuse est de
venue svelte et légère comme Sarah Bernhardt
Ma concierge, après quarante-trois ans de ménage et
de stérilité, vient d'accoucher... une cuisinière fît
maison. UB la
Je pourrais continuer l'énumération de tous les mira
des de cette eau merveilleuse qui, quoique paisée dans
nos fontaines parisiennes, a des vertus que je Crois égales
à celle de Lourdes; mais je m'arrête, la dimension de
notre feuille ne me permettant pas d'en faire connaître
davantage.
Cependant j'engage les personnes qui me prendront
au sérieux et qui ont des infirmités morales ou physiques
à boire de l'eau des fontaines Wallace ; leur guérisoù
sera radicale.
Il n'y a que la foi qui sauve!
Michel Anézo.
AU LYCÉE SAINT-LOUIS
Cinq heures, -i- Roulement de tambours; branle-
bas de combat.
Le dortoir est établi dans la cour et dans le jardin,
pour que les élèves puissent se familiariser avec la
tente,
Les sergents instructeurs se promènent en se mordant la
moustache.
Le capitaine soigne ses rhumatismes.
Cinq heures cinq minutes. — Roulement d», tam-
bours.
Tous les élèves sortent des tentes et se placent au port
d'arme, chacun devant la sienne.
Le vieux capitaine, une bonne binette, commande :
— Pliez... tente !
Aussitôt, comme par enchantement, toutes les toiles
tombent sur le sol.
Les uns arrachent les piquets, les autres plient la
tente, la roulent, et la placent sur le sac.
Cinq heures et demie. — Roulement de tambours,
Tous, sac au dos.
La voix du bon vieux capitaine :
— Droit... alignement !
Les sergents distribuent des taloches à droite et à gau-
che pour obtenir la régularité des lignes.
Le capitaine, après avoir tâté tristement son rhuma-
tisme :
— Fixe!
— Portez arme!... Présentez arme!... Reposez
arme !... Peloton, tour!... etc., etc.
Les lycéens se rangent par quatre et entrent, l'arme
au bras, dans le lavabo.
Au premier roulement de tambours, ils se débar-
bouillent; au deuxième, ils se peignent; au troisième,
ils se lavent les mains.
Six heures. — Roulement de tambours. Au trapèze.
Chacun fait de la gymnastique selon le degré de force
auquel il est arrivé.
Tous regardent avec admiration un jeune réthoricien
qui fait le double saut périlleux avec une grâce épa-
tante.
Le vieux capitaine rhumatismal :
— De mon temps, mille potences, je faisais le triple
saut périlleux, moi, et à cheval encore!... Allons, du
nerf !... La gymnastique, c'est la santé de l'avenir.
Le vieux brave pousse un cri; il tomberait à la ren-
verse, si l'un des vieux grognards de sergents ne le rete-
nait dans ses bras.
— Ça, c'est la tente ! grogne le retraité.
— Et le cbamp de bataille ! soupire le sergent.
Six heures et demie. — Roulement de tambours. On
passe au réfectoire où l'on mange la soupe, debout, sac
au dos.
Au commandement :
— Levez... er!...
Chacun lève sa cuiller, ensemble et simultanément,
comme disent les vieilles brisques de sergents.
Sept heures. — A la salle d'études. Le sergent est
assis dans la chaire, fumant sa pipe.
Etude de la théorie et de Cicéron.
Huit heures. — Roulement de tambours. En classe.
Le professeur est en képi; il a le grade d'officier dans
l'armée et l'université.
Récitation des leçons.
— Elève... pardon, caporal Fistibule, quelles sont tes
idées de Cicéron s ur le maniement du chassepot ?
— M'sieu...
— Dites : Mon officier !
— Mon lieutenant, dans les Catilmaires.....quoi-
que tandem...
1 J'ai,
Pour tout ce qui concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anézo, 7,
rue Rochechouart.
Les bureaux du SIFFLET* Sont trans-
férés, 7, rue Rochechouart.
SIFFLEMENTS
Il y a un proverbe qui dit que le canon est Vultima
ratio des rois. Ce qui veut dire, en bon français, que les
rois bombardent le peuple quand ils en sont à leui1 der-
nière ration. Continuons d'épater les populations par mon
érudition. 11 y a un autre proverbe qui prétend que : le
salut du peuple doit être la règle suprême.
J. J. n'aurait pas résisté au désir d'écrire ce proverbe
en latin. Admirez ma modestie 1 Un auteur de chanson-
nettes, né malin, voulant introduire ce proverbe au café-
concert où la politique est interdite, a tourné la difficulté
d'une façon fort ingénieuse.
La chanson en question et qui n'est que la paraphrase
de ce dicton, s'appelle: C'est pour l'enfant.
Cela se chante avec des gloussements dans la voix et
une tyrolienne comme final.
C'est pour l'enfant.
Voyons, messieurs, ne vous plaignez pas ; si mes exi-
gences vous semblent un peu dures, si les impôts aug-
mentent,
C'est pour l'enfant.
Les allumettes, les timbres-poste, le café, le sucre, le
petit bleu, etc.,
C'est pour l'enfant.
Mais voyez comme il va bien : tout cela fait ventre, il
engraisse à vue d'œil. Voyez avec quelle ardeur il
prend le sein. Mais vous savez quelle influence a le mo-
ral sur le physique.
A tout prix il faut lui éviter les émotions violentes.
Du calme et du repos, c'est l'ordonnance. Ne laissons
entrer près de lui que des personnes amies.
Il me semble voir la nourrice chanter cet air sur
sa guitare et finir, avec uâe tyrolienne à la clef :
Si nous fîmes, filer Jérôme,
C'est pour l'enfant,
J'en fais le serment.
Des utopistes voudraient amener le genre humain à
n'avoir qu'une même opinion politique et religieuse.
Si jamais rêve fut irréalisable, c'est bien celui-là.
Il vous serait plus facile dé voir se réaliser ce souhait
que vous avez dû former certainement plus d'une fois :
si j'étais roi!
Le moyen est aussi simple que peu coûteux.
Faites-vous adopter ou épouser par A. Orélie.
Je ne demande pour cela que la nourriture en timbres-
poste. 20 timbres de 25 centimes, c'est-à-dirè une mo-
deste pièce de cent sous, par jour, lui suffiraient.
Mais amener les peuples à s'entendre sur le terrain
politique, ce qui nous épargnerait le désagrément d'en-
tendre hurler par ces poohards de l'avenir :
Les peuples sont pour nous des frères, oh ! là là, «omme
dirait Saint-Louis Veuillot, archange!
0 âmes naïves qui caressez ce doux rêve, déposez au
coin d'une borne cette dernière illusion, soigneusement
enveloppée dans un numéro de l'Univers. Evitez autant
que possible de choisir un endroit où il y ait cette inscrip-
tion : Défense de déposer, sous peine d'amende.
Cela vous coûterait 16 francs.
Quand on y voit les passions s'exalter à propos d'une
personnalité aussi mince, quand on a lu ces kilomètres
de ligues écrites sur un sujet aussi peu intéressant, c'est
à croire que le seul Gagne qui, lui, n'a pas pris part au
débat, est en parfait équilibre.
J'ai été à même d'entendre juger le fait par deux hom-
mes d'opinions différentes. L'un, possesseur d'un bre-
vet de perfectionnement pour la fabrication des cocottes
en papier et qui attribue sa ruine à la République trou-
vait la chose effroyable. Et pas seulement une garde
d'honneur, disait-il, mais si vous teniez tant à ce qu'il
partît, il fallait au moins le renvoyer poliment et le faire
escorter parla fanfare d'un régiment qui aurait joué l'air
de : Partant pour la Syrie.
Il faut des convenances, que diable !
Le second, Jacobin à tous crins, qui a écrit Une bro-
chure très remarquée, en son temps, sur la façon de
faire Vabsinthe (au moyen d'une échelle), ne trouve
pas la leçon suffisante.
— Comment, disait-il, vous f avez là sous la main et
vous le laissez partir! Je ne l'aurais pas lâché, moi,
croyez bien ; j'aurais voulu qu'il pût écrire à ses parents,
comme César :
Vehi, vidi, vixi.
Et l'on parle d'abolir la question.
Un Merle.
L'EAU MIRACULEUSE
Ce n'est pas de celle qui fait repousser les cheveux, ni
de celle qui rajeunit les vieilles femmes, ni de celle qui
enlève les taches de camb ouis que je vais avoir l'hon-
neur de vous parler.
Mon eau merveilleuse n'est pas un produit industriel
qu'on prône à deux francs la ligne.
Non, mesdames et messieurs, le charlatanisme n'en-
trera pas dans cet article, et je ne viens pas sur cette
place, je veux dire à cette place, comme un banquiste,
vous offrir au son de la grosse caisse et des cymbales un
spécifique vulgaire.
Je ne suis point coiffé, ainsi que vous pourriez le croire,
du casque de feu Mangin, ni vêtu du costume éclatant de
l'ancien marchand d'eau de Cologne.
Je n'aurai pas non plus l'outrecuidance de vous dire
que je suis le premier écrivain de l'Univers et du
Monde.
Je ne veux pas vous tromper, moi !
Les miracles que je vais vous faire connaître sont au-
thentiques, réels, palpables et indiscutables.
Oyez ! écoutez !
La semaine dernière, comme Nazet et d'Aunay, ayant
l'intention d'aller à Lourdes pour remplir pieusement
mon devoir de journaliste, je pris le chemin de fer de
l'Ouest et débarquai sans naufrage à Saint-Malo.
Huit jours après, de retour à Paris, mes amis et con-
naissances croyant sérieusement que j'avais été assez
naïf pour aller dans le pays de Bernardette, m'accablè-
rent de demandes pour obtenir un peu d'eau de la fon-
taine miraculeuse.
Avouer que je n'avais pas fait le pèlerinage de Lour-
des était perdre ma réputation et compromettre mon cré-
dit de journaliste.
J'imaginai (c'était canaille, que Veuillot me le par-
donne 1) d'aller remplir quelques litres avec l'eau
limpide d'une fontaine Wallace.
Tous mes amis et connaissances furent satisfaits et me
bénirent,1 car mon eau ou plutôt l'eau des nouvelles fon-
taines fit des prodiges.
Jamais à aucune époque on ne vit miracles semblables.
Les plus incrédules, les plus sceptiques, les plus bla-
gueurs ne pourront réfuter avec les preuves que je pos-
sède les effets merveilleux de l'eau de la Vanne.
Si je voulais comme l'Univers raconter tous les mira-
cles que ce liquide a opérés, je remplirais ce numéro.
Je ne veux et ne puis que citer les cures les plus mi-
raculeuses de ce spécifique divin.
Plus tard je les numéroterai comme celles de la Re-
valescière, mais aujourd'hui je ne classe rien, je les
offre au hasard de la fourchette.
François Coppée, rongé par les vers, après avoir bu
une timbale d'eau, a été guéri radicalement.
Alphonse Daudet, atteint de nostalgie à en mourir,
ayant humecté ses lèvres à une coupe remplie de mon
eau, a renoncé â ses poésies et à ses pièces proven-
çales.
Mademoiselle Duguéret, par un seul petit verre, a re-
trouvé sa beauté et sa jeunesse.
Depuis qu'il a bu de l'eau de la fontaine Wallace,
Paul Fouuher peut lire sur les colonnes-affiches, sans
son lorgnon, le programme du théâtre des Folies-Ma-
rigny.
M. de Villemessant, atteint d'hypocondrie, a été guéri
miraculeusement en avalant quelques gouttes du bienfai-
sant liquide.
En quelques instants, MM. Louis Veuillot et Vavas-
seur ont vu disparaître les sinuosités grotesques de leur
visage.
M. Garnier-Pagès, en moins de trois minutes, a pu
comprendre que ses faux-cols ne sont plus de saison.
Une gorgée de la liqueur limpide a suffi pour faire du
no^T d6S Bouffes-p^iens un homme k
politesse.
une exquige
Madame Thierfét, par mon eau miraculeuse est de
venue svelte et légère comme Sarah Bernhardt
Ma concierge, après quarante-trois ans de ménage et
de stérilité, vient d'accoucher... une cuisinière fît
maison. UB la
Je pourrais continuer l'énumération de tous les mira
des de cette eau merveilleuse qui, quoique paisée dans
nos fontaines parisiennes, a des vertus que je Crois égales
à celle de Lourdes; mais je m'arrête, la dimension de
notre feuille ne me permettant pas d'en faire connaître
davantage.
Cependant j'engage les personnes qui me prendront
au sérieux et qui ont des infirmités morales ou physiques
à boire de l'eau des fontaines Wallace ; leur guérisoù
sera radicale.
Il n'y a que la foi qui sauve!
Michel Anézo.
AU LYCÉE SAINT-LOUIS
Cinq heures, -i- Roulement de tambours; branle-
bas de combat.
Le dortoir est établi dans la cour et dans le jardin,
pour que les élèves puissent se familiariser avec la
tente,
Les sergents instructeurs se promènent en se mordant la
moustache.
Le capitaine soigne ses rhumatismes.
Cinq heures cinq minutes. — Roulement d», tam-
bours.
Tous les élèves sortent des tentes et se placent au port
d'arme, chacun devant la sienne.
Le vieux capitaine, une bonne binette, commande :
— Pliez... tente !
Aussitôt, comme par enchantement, toutes les toiles
tombent sur le sol.
Les uns arrachent les piquets, les autres plient la
tente, la roulent, et la placent sur le sac.
Cinq heures et demie. — Roulement de tambours,
Tous, sac au dos.
La voix du bon vieux capitaine :
— Droit... alignement !
Les sergents distribuent des taloches à droite et à gau-
che pour obtenir la régularité des lignes.
Le capitaine, après avoir tâté tristement son rhuma-
tisme :
— Fixe!
— Portez arme!... Présentez arme!... Reposez
arme !... Peloton, tour!... etc., etc.
Les lycéens se rangent par quatre et entrent, l'arme
au bras, dans le lavabo.
Au premier roulement de tambours, ils se débar-
bouillent; au deuxième, ils se peignent; au troisième,
ils se lavent les mains.
Six heures. — Roulement de tambours. Au trapèze.
Chacun fait de la gymnastique selon le degré de force
auquel il est arrivé.
Tous regardent avec admiration un jeune réthoricien
qui fait le double saut périlleux avec une grâce épa-
tante.
Le vieux capitaine rhumatismal :
— De mon temps, mille potences, je faisais le triple
saut périlleux, moi, et à cheval encore!... Allons, du
nerf !... La gymnastique, c'est la santé de l'avenir.
Le vieux brave pousse un cri; il tomberait à la ren-
verse, si l'un des vieux grognards de sergents ne le rete-
nait dans ses bras.
— Ça, c'est la tente ! grogne le retraité.
— Et le cbamp de bataille ! soupire le sergent.
Six heures et demie. — Roulement de tambours. On
passe au réfectoire où l'on mange la soupe, debout, sac
au dos.
Au commandement :
— Levez... er!...
Chacun lève sa cuiller, ensemble et simultanément,
comme disent les vieilles brisques de sergents.
Sept heures. — A la salle d'études. Le sergent est
assis dans la chaire, fumant sa pipe.
Etude de la théorie et de Cicéron.
Huit heures. — Roulement de tambours. En classe.
Le professeur est en képi; il a le grade d'officier dans
l'armée et l'université.
Récitation des leçons.
— Elève... pardon, caporal Fistibule, quelles sont tes
idées de Cicéron s ur le maniement du chassepot ?
— M'sieu...
— Dites : Mon officier !
— Mon lieutenant, dans les Catilmaires.....quoi-
que tandem...
1 J'ai,