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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 1.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3248#0178
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I

u& SIFFLAS
——

Powr forai ce 2«» concerne l'Administration et
la Rédaction, s'adresser à M. Michel Anbzo, 7,
rue Rochechouart.

SIFFLEMENTS

Un fait curieux à constater, c'est que dans un pays
comme le nôtre, où tout le monde est plus ou moins pi-
qué de la tarentule oratoire, il est très rare de rencon-
trer un orateur complet.

L'histoire de la tribune française est là pour l'attester;
à part deux ou trois individualités qui sont encore nos
maîtres et nos modèles, nous n'avons eu, pendant une
longue suite de législatures, qu'une très nombreuse col-
lection de médiocrités.

Il est temps peut-être de remédier à cet état de choses.
Nous recommandons ce projet au ministre de l'instruc-
tion publique. Les avocats qui achètent le droit de dire
en public tout ce qui leur passe par la tête, arrivent
mieux préparés que les autres à la tribune.

Comme au jeu des métiers, que faut-il, en effet, pour
faire un parfait avocat ? tirlifaut, tirlifaut, tirlifaut, du
toupet et encore du toupet.

L'assemblée la plus glaciale se laissera facilement ga-
gner par celui qui pourra tenir le crachoir pendant une
heure ou deux. Mais les commerçants, les propriétaires
que leur notoriété désigne aux emplois publics, ont be-
soin d'être entraînés.

A cet effet, le Sifflet ouvre dès à présent un cours de
déclamation (rien des bureaux) où les aspirants à la
députation pourront venir s'essayer devant un public
aussi peu nombreux que mal choisi.

Partisans de l'éclectisme en littérature et en politique,
nous aurons des orateurs qui défendront avec un égal
talent toutes les causes.

En sa qualité de marquis, notre collaborateur marquis
de Le Guillois sera le champion de la légitimité.

Tout le rattache, du reste, à cette noble cause, et
sa haute naissance et ses goûts aristocratiques. Combien
de fois ne l'avons-nous pas entendu soupirer :■ Si j'avais
seulement cent mille francs de rente !

Allez, marquis, allez, vous serez Marcellus! Peut-être
mourrez-vous pauvre; mais, dans les assemblées de
l'avenir, vous verrez vos élèves se sucer le crâne d'après
votre méthode ; vous pourrez vous endormir du dernier
sommeil en répétant : Je n'ai pas perdu ma journée.

Le véritable orateur ne doit pas être seulement un
beau parleur. Il lui faut le geste, l'attitude et surtout
cette intuition subite de l'impression produite sur ses
auditeurs. Il ne faut pas qu'il soit exposé à se tromper
et, comme les cabotins de province, à prendre des tro-
gnons de choux pour des couronnes de laurier.

Pour les gestes, Milher nous prêtera l'appui de son
grand talent et, pour le reste, quelques titis armés de
sarbacanes rempliront à merveille le rôle du chœur
dans la tragédie antique.

L'enfant du peuple (soyons polis, notre programme
s'adresse à toutes les classes) est parfaitement préparé
pour l'emploi d'interrupteur.

Ah ! si les séances de la Chambre se tenaient seule-
ment à l'Ambigu, nous pourrions lire plus d'une fois
dans le compte-rendu officiel, au lieu de ces mots :
Bruit à gauche. Une voix à gauche : Tais donc ta g...
eh, empaillé !

Le compte-rendu y perdrait un peu de sa monoto-
nie.

Puisqu'on est en train de réformer le programme
des études, ne pourrait-on pas créer en même temps
une école de diplomatie et d'art oratoire, où les élèves
diplomates apprendraient à écouter aux portes et à
faire le mouchoir, et les élèves orateurs à parler deux
heures sans cracher et à accompagner la parole d'une
mimique expressive?

Mais pas de demi-mesures. Rompons avec tous les
préjugés et que le programme de la future école se
réduise à cet article unique :

Article 1" et dernier. —Les orateurs devront posséder
à fond le sujet sur lequel ils voudront s'étendre.

Mais si l'application de cet article unique présentait
de trop grandes difficultés, nous proposerions une ré-
daction nouvelle, ainsi conçue:

Les orateurs devront avoir entendu .parler du sujet,
etc., etc.

Osez dire maintenant que nous ne faisons pas de con-
cessions !..

Un Merle.

M. DE KERDREL

Un nom retentit aujourd'hui comme un glas funèbre.
Quel est ce nom ?

Un nom se mêle à l'éclat du Message pour essayer de
le ternir; il ne fait que rehausser cet éclat, comme
l'ombre fait ressortir davantage les parties lumineuses
d'un tableau. Quel est ce nom?

Un nom endosse à lui seul toutes les rengaines de
la routine et du passé ; un nom s'associe aux rodomon-
tades de Bisaccia. Quel est ce nom?

Un nom assume toute une responsabilité écrasante.
Celui qui le porte sera écrasé demain comme un insecte
nuisible sous le seul poids de la vérité. Quel est ce
nom?

Ce nom, qu'il ne nous est pas permis d'apprécier plus
longuement ici, mais que nous avons le droit de citer,
puisque toutes les bouches le répètent, ce nom c'est celui
de M. Audren de Kerdrel.

On parlera de sa gloire

Pour en rire eneor longtemps!

M. de Kerdrel est un enfant de la Bretagne, qui a déjà
produit autant de variétés de types que l'Auvergne, sa
rivale en originalité.

Il aspire à la gloire des Rouher, sous une autre
étiquette.

Il est né dans le Morbihan et parle le bas-breton
comme père et mère. Dieu du ciel ! pourvu qu'il ne nous
fasse pas ses discours dans cette langue, aussi dure qu'in-
connue parmi nous!

Plaisanterie à part, M. de Kerdrel s'appelle Vincent-
Paul-Marie-Casimir, — sans compter Audren, qui fait
partie de sa dénomination patronymique.

Vincent, ce n'est pas mal. On connaît la chanson :

Bonjour, mon ami Vincent!

qui aurait pu être fai'e pour lui.

Paul, c'est encore bien. Il faudrait à ce vénérable
Breton qu'il se trouvât un jour sur le chemin de Damas,
comme son patron, et que, de son aveuglement, la
lumière jaillît tout à coup, radieuse et concluante, Qui
sait?

Marie, c'est un nom de femme, une vraie idée bre-
tonne ; sa marraine devait être très forte sur les pèleri-

Gasimir, c'est le prénom de M. Périer, un nouveau
converti, un nom prédestiné s'il en fut. De son vivant,
Casimir était roi de Pologne et dévot ; aujourd'hui, le seul
patron à invoquer, c'est Casimir Périer..
Il est né à Lorient le 28 septembre 1815.

Ce n'est donc pas encore un vieux au physique. Il ne
l'est qu'au moral.

Avec un pareil nom et une telle patrie, au lendemain
du retour des Bourbons, sa famille, mortifiée par l'exil,
lui inculqua de bonne heure les idées dont la raillerie a
fait le succès du Château à Toto, au Palais-Royal.

Par suite de ces idées hér;ddiques, le jeune de Kerdrel
entra à l'école des Chartes. Il y était encore en 1840,
méprisant souverainement Louis-Philippe l'usurpateur.

Aussi, suite naturelle des choses, en 1848 il rédigeait
à Rennes un journal légitimiste, lorsqu'éclata la Révolu-
tion, qui ne fut pas faite au profit du Chambord de
ses rêves.

En 1848, il y eut néanmoins TREIZE candidats à la
députation dans le département d'Ille-et-Vilaine. M. de
Kerdrel fut un des treize

Treize ! nombre fatal. Il explique pourquoi Vincent
n'arriva jamais an but de ses désirs.

Cependant Paul fut élu le septième sur les treize en
question.

Marie vint siéger à la Constituante, et Casimir, réélu,
fut envoyé à la Législative.

0 gloire de la rue de Poitiers !

Audren se montra si franchement rêac qu'il fut envoyé
d'emblée au Corps législatif, qu'il avait tant contribué à
évoquer.

Mais Kerdrel donna sa démission le 22 novembre
1852, quand il vit que ce n'était pas son homme qui avait
fait le coup d'Etat.

Cet homme convaincu a toujours fait partie de la
majorité.

Aujourd'hui — chose que nous n'avons plus à appré-
cier — il croit encore en faire partie. Que l'éloquence lui
soit légère !

Heureux homme ! Il ne sait pas parler et il essaie de
passer pour orateur, et il réussit, à force d'excentricité,
à faire mieux connaître son nom bretonnant que -'
s'appelait Mirabeau.

Heureux homme! Il ne sait pas écrire, n'a jamais
éerit et n'écrira jamais, et il a ses phrases imprimées
toutes vives dans l'Officiel.

Il est hardi, ce Breton !

Mais demain, que sera-t-il ?

Il s'en ira par les places et nar. i„„ «» ,
rique, chantant comme  Kfoarek onT $*W
sur la lyre à sept cordes. S°n R^ bien-aimé

Qu'il aille donc et qu'il chante Tl n ^

Maintenant, lecteurs ie vn„, J - ,
le nom.retentit ^rAT^^Tlf»
trr^l^* Pas e-nd chose àt £. fc£

»■£>

H y en aura motos encore.

Le Guillois.

l'il

CORRESPONDANCE

Nous ne faisons, généralement pas attention aux let
fr-es sans signature qui nous sont adressées. J?m~
toutes n'offrent aucun intérêt et sont conçues dans an
style si relâché, qu'il faudrait un académicien comme
M. de Broglie pour reconstruire leurs phrases diffuses

Aujourd'hui, par une incroyable exception, nous
avons trouvé dans notre courrier une très amusante
épître que nous nous empressons d'insérer.

Evidemment cette missive n'est pas non plus un mo-
dèle de style épistolaire, mais les lecteurs du Sifflet
nous pardonneront pour cette fois de ne pas leur servir
un morceau littéraire à la Littré.

« A Monsieur le Rédacteur en chef du Sifflet
« Comme le sapeur qui écrit à sa payse, je mets la
« main à la plume pour vous faire connaître une chose
« que vous ne connaissez pas.

« Je dis que vous ne connaissez pas, car je suis per-
« suadé que ce que je vais vous dire est aussi nouveau
« pour vous que pour vos lecteurs.

<c Vous croyez peut-être que je vais vous parler de
« Gambelta et du général Changarnier?
« Vous n'y êtes pas.

« Je vous écris pour vous dire qu'il existe un homme
« incroyable, ou plutôt un marchand de vin illustre, qui
« aie cœur assez grand, l'âme assez noble pour faire
« crédit à tous les honnêtes travailleurs, sans distinc-
te tion de sexe, qui se présentent à son comptoir sans
« porte-monnaie. Ce protecteur de l'ouvrier, cet ami de
«. l'humanité, ce philanthrope généreux qui habite rue
« de la Chopinette, en iace d'une fontaine Wallace, mé-
« riterait je crois une belle récompense pour son patrio-
« tisme et son dévouement, car au jour d'aujourd'hui
« le malheureux prolétaire qui n'a pas trois sous dans
« sa poche est obligé d'aller s'abreuver comme les ca-
« nards aux nouvelles fontaines, et ce n'est pas cela
« qui donne du cœur au ventre et qui fait des bons pa-
« triotes.

« Le marchand de vin de la rue de la Chopinette, je
« vous le dis encore, monsieur le Rédacteur, est un bon
« et brave citoyen qui ne craint pas, pour protéger son
« industrie et le gouvernement, de faire une concurrence
« loyale, mais ruineuse, aux nouveaux monuments hy-
« drauliques qui font notre désolation.

« Une récompense honnête ne serait que la juste rétri-
« bution des services que ce brave patriote rend chaque
« jour au peuple.

« Nous sommes chez lui, presque toute la journée, une
« cinquantaine de bons buveurs qui absorbons sans
s cesse et sans mettre la main à la poche, en attendant
s: des jours meilleurs, les litres et- les brocs qui nous
s sont offerts si généreusement.

« C'est donc un tribut de reconnaissance que nous
< devons à ce dévoué et loyal mastroquet qui, par ses
ï persévérants sacrifices, saura faire triompher la cause
<. du peuple. Aux élections municipales nous nous sou-
; viendrons de lui.

« Je compte sur vous, monsieur, pour insérer dans
: le Sifflet cette lettre qui est l'expression sincère de
: ma gratitude et de. mon estime envers un citoyen qui
: devrait servir d ex mple aux négociants cupides et
: anti patriotes qui refusent un malheureux canon aux
: pauvres diables altérés.

« Salut fraternel.
« Un travailleur en grève. »■
Pour copie conforme :
Michel Anézo.

COUPS DE SIFFLET

— Quelle différence y a-t-il entre un menuisier et
une corneille qui abat des noix ? .

— U n'y en a pas. Tous les.deux travaillent dans ie
noyer.



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