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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 3.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.29209#0006
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2


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ÉTRENNES ET PRIME DD SIFFLET

offert pour 2 francs à tous les lecteurs du Sifflet
{expédié franco) et

Que veux-tu pour tes étrennes ?
Ma sultane, que veux-tu?

Un attelage de rennes
Ou le grand prix de vertu?

Veux-tu trois cents crinolines?
Un Alphonse sur le gril?

Au fond d’un sac de pralines
Les oeuvres de Lorgeril?

GRATUITEMENT

franc de port à toutes les personnes qui s’abonneront ou
se réabonneront pour un an au journal.

Adresser les demandes à l’administration du Sifflet,
7, rue Rochechouart.

FEU LE CARNAVAL

Grandeur et décadence! comme dirait Montesquieu,
l’homme le plus sérieux et le plus folichon du siècle précé-
dent ; — l’homme de VEsprit des Lois et des Lettres per-
sanes .

Oui, chaque chose à son heure.

Mais, je vous le dis bien haut : L’heure du carnaval a
sonné.

Qu’est devenu le carnaval de Venise?

Que devient celui de Rome?

Que devient le nôtre?

Autrefois, après la révolution de 1830, quand tout fermen-
tait dans les esprits, le carnaval n’était qu’une fermenta-
tion de plus.

En ce temps-là, les boulevards et les rues regorgeaient de
masques aux costumes bariolés.

Sur les boulevards, notamment, la cohue était grande et
les lazzis pleuvaient ; les titis avaient encore de l’esprit,
alors.

On voyait de tout dans cette foule en délire, depuis les
draperies d’or fin, jusqu’aux oripeaux déguenillés.

A pied, à pied !... En voiture ! En char !...

On aurait juré que tout Paris s’était déguisé.

Ce dernier vestige des Satura des ne durait que trois
jours. La folie régnait en souveraine. On peut s'en donner
une légère idée par le tableau de la reine Bacchanale, dans
le Juif-Errant.

Veux-tu des tableaux, des perles,
Un faux chignon, des bijoux?
Veux-tu la chanson des merles,

Le Toc-toc de Ben-Tayoux?

Veux-tu le grand cachemire
De dora Pearl ? un magot
De la Chine ?... Ou bien, pour rire,
L’Almanach de M'ame Angot ?

Veux-tu, pour ton corps si ferme,
Le lit-cercueil Pompadour
Où SarahBernhardt enferme
Tous ses vieux poulets d’amour ?

Veux-tu le nez d’Hyacinthe?...

A l’heure où le shah s’endort,

Dis, veux-tu boire une pinte
De l’antique Liqueur d'or ?

Veux-tu qu’on t’offre, ma bonne.
Sur un air amoroso,

De Le Guillois la couronne,

Ou le faux col d’Anézo ?

Veux-tu, Cascadette ingrate,
Puisque, hélas ! rien ne te plaît,
Pour désopiler ta rate,

Cent numéros du Sifflet ?

— J’aime mieux, pour mes étrennes,

— Dit enfin la belle enfant, —

Qu’à l’Alcazar tu me mènes...

Je veux voir : D'où vient le vent?

Adrien Dézamy.

Il y avait encore un quatrième jour, la Mi-Carême; ce
dernier jour a survécu plus longtemps que les autres, grâce
aux blanchisseuses; mais il tend aussi à disparaître.

Dimanche, lundi et mardi gras, joie bruyante plein les
rues et le soir plein les bals.

Puis, le mercredi des cendres, la fameuse descente de la
Courtille !... On enterrait le carnaval.

On l’a si bien enterré qu’il a fini par ne plus se réveiller.
— Mais cela tient à d’autres causes.

On a voulu réglementer la folie, la discipliner, la réfré-
ner. Dès lors, plus d’élan, plus de spontanéité, plus d’impré-
vu, plus d’originalité.

On a donné de l’extension au carnaval; — en s’allon-
geant il a disséminé ses grelots, ses flonflons, ses chansons,
ses farces.

Puis on l’a parqué la nuit dans des bals innombrables. On
lui a rendu la rue impossible.

L’Opéra a d’abord réussi. On s’est intrigué avec esprit
sous le masque et sous le domino; l’élément d’en haut
n’a pas dédaigné de s'encanailler, comme on disait sous
Louis XV.

Mais cela n’a pas duré longtemps.

L’élément d’en bas a tout envahi; les femmes ont perdu
toute pudeur. Les scènes de couloir sont devenues trivia-
les, grossières, éhontées; — au lieu d’esprit, on a lancé des
mots crus, choquants, graveleux. Le bal masqué est de-
venu une halle où le maillot provocateur a débattu son
prix.

On rougit d’avouer qu’on y va!

Ce n’est plus le gai carnaval, c’est la basse orgie.

Notre dessin rend bien cette pensée.

Voyez ce polichinelle ivre, qui se promène avec la mort
costumée en pierrot. C’est bien cela.

Les danses d’aujourd’hui ne rappellent plus que la danse
macabre. Tout est faux, jusqu’au plaisir ! car, enfin, vous
ne continuerez pas à appeler cette fatigue un plaisir ! Ce n’en
est pas un.

C’est une promenade de convention au milieu du
vice.

Le carnaval est mort et bien mort chez nous. Mais, pas
assez encore. Qu’il disparaisse complètement ! ses derniers
vestiges nous abrutissent et nous énervent.

On y a toujeurs gagné des fluxions de poitrine, — aujour-
d’hui on y gagne la gangrène morale.

L’époque n’est pas gaie par elle-même, mais laissez faire !
on saura bien remplacer le carnaval par autre chose quand
le moment sera venu.

En attendant, adieu.

Louis Gille.

LES ÉTRENNES DE CÂSCADETTE

Mirobolant météore,

De mes ineffables nuits,
Cascadette, que j’adore,
Lorsque j’ai trop bu de Nuits,

LÉONCE DETROYAT

Quelques abonnés, aussi aimables que spirituels, nous ont
manifesté, par lettre, le désir de lire dans les colonnes
du Sifflet la biographie du ténor de la Liberté.

Ce désir est un ordre. J’obéis.

On peut appeler la Liberté l’enfant du miracle, — à bien
plus juste titre que le comte de Chambord.

Emile de Girardin, suivant la pente fatale, voyait sa po-
pularité dépérir à vue d’œil. Sous lui, la Presse sombrait!...
Lui qui l’avait tant de fois galvanisée !...

Il se dit : « Je me fais vieux !... A moi les jeunes !... »

Et, avisant un journal qui se mourait avant d’avoir vécu,
— un journal qui ne tirait qu’à 500 exemplaires, — il l’a-
cheta.

Puis, au lieu de le faire payer trois sous, — prix des
water-closets et des grands formats, — il n’en voulut qu’un
sou ! — Cinq centimes le numéro.

M. Rousset a recommencé l’entreprise et n’y a réussi qu’à
moitié. Il lui manquait pour son National le chien de Gi-
rardin. — D’autres aussi ont échoué.

Le raisonnement était des plus simples.

— Si j’achète un journal en pleine prospérité, se disait
Emile, cela me coûtera un million et demi, et je risquerai
de le couler comme la Presse.

Si, au contraire, je ne paye mon journal que le prix d’un
pourboire, en y dépensant un million j’ai toutes les chances
pour le lancer.

Mais, comme je me sens vieillir, — et que le public me
croit encore plus vieilli que je ne suis, — à moi les jeunes !

Avec les jeunes, il sut perdre dans les environs de son
million ; — mais le tirage de la Liberté monta à 80,000,— et
quand il en rétablit le prix à dix centimes, le succès con-
tinua.

C’est tout ce qu’il voulait : il avait prouvé ce qu’il pouvait
faire encore. Aujourd’hui, au Petit Journal, il l’affirme de
nouveau.

Dès lors, il ne songea plus qu’à chercher un pilote capable
de bien diriger le navire qu’il avait si laborieusement lancé
à la mer.

Cepilote, il le rencontra dans un de ses neveux, M. Léonce
Détroyat, qui avait épousé Mlle Hélène Garre, fille de la
plus jeune sœur de Delphine Gay. Ce mariage date de
1866.

M. Léonce Détroyat est né en 1829.

C’est un provincial dans toute l’acception du mot. lia
commencé ses études à Pons, dans la Charente-Inférieure,
et les a terminées à Lorient, dans le Morbihan.

Entré à l’école navale en 1845, il en sortit aspirant en
1847, et navigua dans les Indes, sous les ordres de l’amiral
Page, qui n’a rien de commun avec Koning.

En 1852, nous le retrouvons enseigne de vaisseau.

Il a pris part à la guerre de Crimée et à l’expédition de
Chine.

Blessé en 1859, il fut nommé chevalier de la Légion-d’Hon-

neur et reçut de la reine Isabelle la croix militaire de
Saint-Ferdinand.

En 1860, il est lieutenant de vaisseau au Mexique et cri-
tique vertement son général en chef, le maréchal Bazaine,
qui depuis...

En 1864, il devient officier de la Légion-d’Iionneur. Il
accompagna en France l’impératrice Charlotte, comme chef
du cabinet militaire de l’empereur Maximilien et sous-
secrétaire d’Etat de la marine.

Le jugement sévère qu’il porta sur les agissements de
Bazaine le fit tomber en disgrâce et l’empêcha de retourner
au Mexique.

Mis en non-activité le 27 mars 1867, il se lança résolù-
ment dans la carrière littéraire.

A la Liberté, — qui lui ouvrit NATURELLEMENT ses
colonnes, il se fit remarquer.

Enfin, en 1869, il quitta la direction d’une grande Compa-
gnie financière pour acheter le journal la Liberté, comme
je le disais en commençant.

Pendant le siège, il transporta la Liberté à Bordeaux, où
son principal collaborateur fut Ganesco.

La guerre marchant difficilement, aumilieude nos revers,
Gambetta en fit un général de division, et il organisa le
camp de La Rochelle. On sait qu’il se montra défavorable
à la paix ; il fut même obligé de quitter Tours précipitam-
ment, poursuivi par l’autorité militaire prussienne, à
l’occasion de sa profession de foi au moment des élections
de 1871.

Comme on le voit, il n’a pas été aussi étrange qu’on le
crut alors de le voir général à l’armée de la Loire; ses
états de service sont bien remplis ; quand il obtint sa
retraite plus ou moins définitive, il était depuis vingt-cinq
ans sous les drapeaux, dans la marine de guerre.

Aujourd’hui, il rédige habilement la Liberté ; naguère, il
a écrit :

1868. — L'Empereur Maximilien.

— L'Intervention française au Mexique.

1870. — Le Recrutement, VOrganisation et l'Instruction
de Varmée française.

Et la même année, le feu sacré l'ayant consumé, il fit
jouer, au Vaudeville, une petite pièce en un acte, intitulée :
Entre l'enclume et le marteau.

Tels sont ses titres de gloire; le bagage n’est pas lourd;
mais j’ai omis, à dessein, de parler de ses articles de fond,
qui souvent ont eu du succès.

Vous dire son opinion en politique m’est absolument
interdit : mais son journal est bien fait et très renseigné ; —
et il n’a pas renoncé à se servir des jeunes : au contraire !

A Chislehurst, on le connaît bien — c’est assez dire. —
Mais la Liberté est supérieure au Pays et à l'Ordre ! elle
est surtout plus parlementaire...

Pour lui, personnellement, il est en train de se rendre
ridicule en chantant au lutrin.

Comme Néron, il se croit le plus fameux ténor de son
siècle... Un peu de douches, et il n’y paraîtra plus.

Le Guillois.

LA QUADRATURE DU CERCLE

Si je vous disais qu’elle a été trouvée, vous me ririez au
nez.

Eh bien ! ne vous gênez pas ; je vais vous prouver- pièces
en mains, qu’elle a été découverte, il y a deux cents ans.

Faites attention à la harangue suivante, prononcée au
dix-septième siècle, par un capucin de Béziers, à l’occasion
de la réception de monseigneur Rotondis de Biscaras, comme
évêque de ce diocèse.

Cette pièce curieuse, que le hasard m’a fait découvrir,
est la chose du monde la plus drôle et la plus amusante.

Voyez et lisez en vous tenant les côtes :

« Monseigneur,

« Quand j’envisage votre illustre personne, je manque de
« paroles pour en exprimer les rares et sublimes qualités !

« Oui, monseigneur, si les mathématiciens qui ont jus-
« qu’ici consommé tant de veilles inutilement, et épuisé sans
« fruits toute la force de leur génie pour chercher la qua-
« drature du cercle, avaient jeté les yeux sur votre illustre
« nom de Rotondis cle Biscaras, ils auraient trouvé ce qu’ils
« cherchent depuis si longtemps ; et nul mortel ne peut
« disputer à votre grandeur qu’elle ne soit, en effet, cette
« quadrature tant désirée ; quadrature que je ne cesserai de
« publier, quadrature, enfin, qui mettra dans la honte et
« dans la., confusion, les plus fameux professeurs de mathé-
» matiques !... Car, qui osera disputer à votre grandeur que
» le nom de Rotondis ne soit la figure ronde ? Figure la
« plus utile qui fût jamais.

« C’est pourquoi, de quelle utilité n’allez-vous pas être
« dans cet heureux diocèse, et quelles perfections ne va-t-
« elle pas remarquer dans votre Grandeur !... Biscaras, c’est
« la figure carrée, jointe à la figure ronde!... Oui, mathé-
« maticiens ! c’est ce que vous cherchez depuis si longtemps.
« Que dis-je? depuis tant de siècles... Biscaras, deux fois
» carré ; carré devant, carré derrière ; Rotondis de Bisca-
« ras, rond et carré tout ensemble... C’est là, oui, c’est là,
« monseigneur, la seule, la véritable quadrature du cercle;
« et ce qui se rencontre, si miraculeusement, dans votre il-
» lustre et très respectable personne ! «

Pour copie conforme,

Michel Anezo.
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