Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 3.1874

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.29209#0161
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2

LE SIFFLET

Pour tout ce qui concerne lu réduction et l admi-
nistration, s'adresser à M, Michel Anézo, 2 , eue
Rochechouart.

a :ij

P 1%
S- Z --t


T

En acier fondu, c?es manufactures de Liege

Portant le poinçon de lepreuva
ET GARANTI DE PREMIÈRE SOLIDITÉ

D’une valeur RÉELLE de 30 francs

ijw

Avec un abonnement d'un an, pour 1.5 fr. seulement

c’est-à-dire l'abonnement d’ün an

POUR RIEN

Et naia Revolver de 30 fr. poor L £5 fr»

Ajouter deux francs pour le port et l’emballage.
Adresser les demandes à radnaniptrateur du Sifflet.

(On peut procurer chez tous les armuriers la cartouche
à broche de sept millimètres)

■ A*£S£agaBEaSËS

Le duc de Padoue — dont nous offrons d’autre part le
portrait-clin ge à nos lecteurs — est, disent ses biographes,
un bon citoyen, un honnête homme et un excellent Français,
ce que nous sommes loin de contester.

Ses ennemis eux-mêmes, tout en le combattant avec éner-
gie, reconnaissent qu’il est doué d’une probité raie ivoir le
XIXe Siècle du 1er octobre).

Qu’est ce à dire?

La satire, pourtant, ne peut abandonner ses droits ; coûte
que coûte, il faut qu’eiîe trouve à mordre.

Oh! ce ne sera pas chose difficile; il y a place pour de
bons coups de dents !

Jugez en et dites-nous s’il n’est pas bien étrange de ren-
contrer par le temps qui court, un homme qui, aux jours
prospères, — où il aurait pu être tout-puissant, — ne son-
geait qu’à se replier sur lui-même comme le colimaçon et
qui — depuis que le malheur a frappé ceux qu’il aimait, —
est devenu leur plus actif courtisan ! ! !

Singulier personnnage, n’est-ce pas?

Rien ne lui coûte pour consoler ses chers exilés ; non-
seulement il va les voir, mais encore il entraîne à sa suite
de nombreux amis; ce n’est pas tout! A ceux qu’il n’a pu
entraîner avec lui, il adresse de» portraits, tant. . tant... et
tant, qu il va se trouver force de s’établir lui-même photo-
graphe.

Si cela continue, la France entière sera inondée de ses
envois !


Il y a quelques jours, un assassinat a été commis dans
les environs de Paris par un cocher de grande maison sur
la personne d’un palefrenier qu’il soupçonnait être l’amant
de sa femme. « Le coupable, dit le Figaro, s’est constitué
« prisonnier'; on a trouvé dans sa chambre le procès Du-
« bourg, le procès Duc,-et la Femme, de Claude d’Alexandre
« Dumas fils. C’est dans la lecture de ces ouvrages que ie
« meurtier a puisé les soupçons contre sa femme, dont Thon-
“ nètete est connue de tous, et dont la conduite a toujours
« été au-dessus de tout soupçon. »

Naturellement, je ne vais pas me faire le défenseur de
cet asssasin, mais-je vais déclarer à M. Alexandre Dumas
fils ce que je pense de ce meurtre, dont il est le véritable
complice.

Oui, le véritable complice, je ne plaisante pas; lisez le
Code et vous connaîtrez son degré de culpabilité.

Il n y a pas à dire, c’est M. Alexandre Dumas fils qui a
préparé et facilité le crime.

Mais, me direz-vous , dans la Femme de Claude Lcpoux
tue sa femme, et dans 1 affaire de Louveciennes c est le
mari qui assassine celui qu’il croit l’amant de la sienne •
par conséquent, les dénouements ne se ressemblent pas

Eh bien ! c’est positivement ce qui compromet le plus
le jeune académicien.

L’Othello d’écurie qui , cependant, n’a aucune teinte de
littérature, est un fanatique d’Alexandre Dumas fils. Toutes
les oeuvres de l’auteur de- l'Homme -Femme ont été dévorées

par lui avec une avidité de cannibale, et c’est depuis ce
temps qu’il es, devenu jaloux, féroce et assassin.

Ce cocher était, avant ces lectures, nous dit-on, un homme
d’une grande douceur, adorant sa femme et ne cherchant
qu’à la rendre heureuse.

Mais un malh areux hasard fit tomber, il y a quelque
temps, entre ses mains la brochure de Diane de Lys ; cette
comédie lui tourna,la tête. Il lut.ensuite l'affaire Clemen-
ceau; sa jalousie devint »ans bornes ; Y Homme-Femme,
qu’il voulut connaître après, le .rendit furieux, et enfin la
Femme de Claude qu. fit un assassin.

Mais le rm lheureux qui avait étudié son auteur à fond,
et qui avait la monoma-nie de se croire trompé, pensa que
M. Dumas n’était pas logique en tuant tout le temps les
femmes, et que ce dénouement, qui avait servi à MM. Du-
bourg et Duc était usé jusqu’à la corde.

— Tuons l’ainant et laissons vivre la femme, se dit alors
l’insensé, qui se croyait trahi comme MM. Claude et Clémen-
ce.eu, et il envoya sans raison deux balles dans le corps
du malheureux palefrenier, qui n’avait jamais songé à dé-
tourner sa femme de ses devoirs d’épouse.

Ainsi, je crois qu’il est impossible de ne pas constater la
complicité de M. Alexandre Dumas fils dans cette malheu-
reuse affaire. Je ne demande pas cependant pour l’illustre
écrivain la peine capitale ; mais il fera bien, quand l’affaire
viendra devant les assises, de présenter lui-même, avec
toute son éloquence et son esprit, la défense du fanatique de
ses œuvres.

Michel Anézo.

Je viens d’assister à une pièce qui, bien qu’éternellement |
sifflee, se jouera beaucoup plus longtemps que la Mère Angot.
Je veux parler d’un voyage en chemin de fer.

Une locomotive chauffait à la gare de Lyon.

A 8 heures 40 minutes du soir, je filais à toute vapeur
vers les bords fleuris que n’arrose pas la Seine. A peine
m'étais-je insinué dans un compartiment, qu’un fils de la
blonde Albion s’asseoit sur mon chapeau.

Vers minuit et demie, un employé vocifère :

— Tonnere ! Tonnerre ! dix minutes d’arrêt.

Ce mot me foudroie et je descends au buffet où j’avale de
nuit un excellent verre du même cru.

Le matin, à sept, heures et demie, j’étais à Lyon.

Vous connaiss e lous la grande cité lyonnaise, avec ses !
quais grandioses, ses ponts suspendus, sa Saône sur laquelle ;
se balancent les b., eaux-mouches et son Rhône qui coule
impétueux et indocile, comme un cheval fougeux rebelle à
toute monture.

'k

* *

Les trois principales curiosités de Lyon sont celles-ci :

Le Parc do la Tête d’Or, qui est à la fois le Bois de Bou-
logne ei le Jardin des Plantes du chef-lieu du Rhône;

La Ficelle.

Et Fourviôres.

ic

* »

C’est au parc de la Tête d'Or qu’on avait installé l’Expo- !
sition de l’an dernier.

11 est situé sur la rive gauche du Rhône, et possède un
g and lac et des arbres séculaires que j’ai vu planter. Tout
près du boulevard du Nord, dans une espèce de rotonde :
formée par une grille de fer, un gros ours se promène mé- i
larcoliquement on dodelinant de la tête et en barytonnant
de la gueule.

— Quel est cet ours ? demandai-je à un indigène,

— C’est un ours, me répondit il, qui a été jadis présenté
à l’Ambigu, par Léon et Frantz Beauvallet.

* I

* *

De la place dos Terreaux partent plusieurs rues qui grim-
pent péniblement jusqu’à la Croix-Rousse.

La Croix Rousse est un quartier qui domine Lyon à une •
très grande hauteur. La Compagnie du chemin de fer des
Dornbes a construit une voie ferrée qui permet d’atteindre
aisément ces régions élevées.

C’est ce chemin de fer, le plus curieux, sans contester, :
qui existe en France, qu’on appelle vulgairement la fi-
celle.

A», plus haut point de son parcours se trouve une ma- !
chine à vapeur» qui, grâce à un câble en fil de fer, très in- •
génieusernent disposé, fait alternativement monter et des- ;
cendre deux énormes wagons.

Au mument où je m’installais dans une des voitures, des'
cris répétés se firent entendre :

— Arrêtez-le ! arrêtez le ! j

C’était un habitant de la Croix-Rousse qui déménageait â \

la ficelle.

* *

De la montagne de Fourviôres on jouit du plus beau spec- !
tacle qui soit donné à l’homme et même à la femme de con- |
terapier. Tout autour de vous se déroule une chaîne de ï
montagnes verdoyantes. Là bas, vous apercevez le Mont- [
Blanc et sa cime neigeuse.

Fourviôres est un lieu de pèlerinage connu de longue s
date.

Vous: y rencontrez néanmoins beaucoup plus de curieux !
que de pèlerins. On y accède de plusieurs points, soit par
des rues, qui défient toutes les lois’du nivellement, soit par !
des chemins privés taillés dans la montagne.

Les industriels pullulent à. Fourvières. Je cueille çà et là f
des annonces étranges :

« A louer : Chambres indépendantes, avec vu© merveil-
leuse-. »

Il y a donc des chambres qui sont indépendantes? Je ne
m’en serais jamais douté.

Plus loin :

« Café au lait et autres articles de piété. »

En fait de puffisme. c’est le restaurant Gay qui tient la
corde.

« Au restaurant Gay, dit une affiche, on trouve toujours
le vieux saucisson et le jeune goujon.

« Au passage Gay la purge par le raisin commence le
samedi 12 septembre. Pour 50 centimes à l’heure on peut
manger du raisin à discrétion. »

Voilà un restaurateur qui vous fait aller !

Du reste la cuisine est excellente, mais les vins sont un
peu chers. Comme je me plaignais de leur prix excessif:

Dame, Monsieur, objecte un garçon, nous sommes bien
obligés de hausser les vins pour les faire monter jusqu’ici.

Quant à la bière, elle mousse beaucoup plus qu’on n’a ja-
mais fait mousser Théo dans les articles du Figaro.

Non loin de là, un industriel a installé un appareil d’op-
tique sur lequel on lit cette recommandation plus naïve
qu’un abonné de la Patrie :

“ Pour bien voir, il faut mettre le nez juste au milieu des
lunettes. »

*

Si la moralité marche à Paris comme sur des roulettes
j carrées, il n’en est pas de même à Lyon, où l’ordre moral a
atteint un tel développement que je m’attends à chaque ins-
tant â le voir éclater.

Ainsi, les quelques cafés qui sont servis par des
femmes font à Nanterre une concurrence des plus redou-
tables.

L’autorité protectrice des moeurs exige que ces Kébés
soient logées dans l’établissement où elles sont chargées de
w verser l’as et d’enlever terrasse. »

O caboulotières de Paris, comme vous voilà distancées I

Et comme, dans une brasserie du Cours de Brosses, je
j voulais causer un peu librement avec mademoiselle Anna,
une ravissante blonde, la houblonneuse enfant m’a envoyé

à l’ours.du parc de la Tête-d’Or. Au même instant, une

j épouvantable détonation s’est fait entendre...

L’ordre moral de Lyon venait d’éclater.

Je n’ai eu que le temps de me sauver jusqu’à Cette.



* *

En route, je salue Saint-Césaire, Lunel et Frontignan, ees
localités chères au fils de Silène.

De Frontignan à Cette, c’est moins une excursion en
chemin de fer qu’un voyage maritime que vous accom-
plissez.

Le rail-way passe entre des lacs salins et les eaux bleues
de la Méditerranée.

Parfois, à la haute marée, le flot vient lécher les roues des
wagons.

Que dis-je? quand la mer est mauvaise, elle pénètre sans
façon jusque dans les voitures, entraînant avec elle de ma-
gnifiques poissons. Ce phénomène aquatique m’a suggéré
l’idée de créer une société qui s’appellerait :

SOCIÉTÉ DES FRITURES DE LA MÉDITERRANÉE.

Il s’agirait tout simplement de placer dans la mer plu-
sieurs poêles bien allumés. Les poissons tomberaient tout
frits dans les wagons des voyageurs.

Est-ce que vous croyez que cette société ne réaliserait
pas de plus beaux bénéfices que celle des huitrières du Mor-
bihan?

*

* *

Le lendemain, j’étais à Narbonne, la plus vilaine petite
ville que j’aie jamais vue.

La pluie tombait à torrents. Comment une si grande pluie
peut-elle tomber dans une si petite localité?

Narbonne est une ville ancienne, construite, dit-on, un an
avant la naissance de mademoiselle Schneider.

Les rues sont étranglées, caillouteuses et sales ; elles sont
invariablement arrosées par un ruisseau fangeux qui occupe
le milieu de la voie.

Je vous recommande principalement la façon intelligente
dont on a numéroté les maisons.

Au lieu de les chiffrer par rues, on les a numérotées en
bloc, en suivant l’ordre numérique.

Comme j’allais voir un Narbonnais qui demeure au numéro
1 de je ne sais quelle rue et que je me trouvais en face du nu-
méro 1192, un habitant obligeant m’a dit :

— Oh! Monsieur, vous n’avez qu’à suivre les numéros i

Et j’ai été contraint de passer devant toutes les maisons,
l’une après l’autre.

Narbonne est une ville renommée par ses décrotteurs et
par son miel.

Sur vingt habitants, il y en a dix-neuf qui sont décrot-
teurs, et je vous assure que leur métier n’est pas une siné-
cure.

Quant au miel, c'est un vrai miel.

Et lorsque vous avez l’air de regarder un indigène de tra-
vers, il vous répond aussitôt catégoriquement :

— Je t’emmielle.

Cinq heures après, j’arrivai à Toulouse.

Une seule chose me désole:

C’est que je n’ai pas vu Carcassonne i comme dit la
chanson.

Alphonse Lafitte.
---—

COUPS DE SIFFLET ■

Nous prions nos lecteurs de nous excuser si nous ne leur
consacrons pas comme le Figaro de mercredi dernier tous
nos échos à faire le récit de l’exécution de Poirier... Nous
avons assez de copie cette semaine pour ne point rééditer
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen