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CHENAVARD.

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sera comme celui du Jugement dernier l’a été pour le passé, le
plus uoble exercice de la puissance de l’artiste jusqu’à l’avène-
ment d’un nouveau Michel-Ange. »
Préoccupé de la nécessité exclusive d’imposer à l’Art une
mission religieuse et philosophique et naturellement porté à reje-
ter tous les détails d’exécution faits pour compliquer ou ralen-
tir l’expression de ses idées, Chenavard professe la négation
de la couleur et réduit la peinture aux parties indispensables
au dessin proprement dit : le contour linéaire, le modelé par
les ombres et la composition ou mise en scène des person-
nages. Il s’imagine que ces trois moyens sont, comme l’écriture
des hiéroglyphes, le langage le plus simple, le plus austère et
le plus expressif, tandis que la couleur jette dans les yeux et
dans l’esprit du spectateur la vague sensualité de son charme
matériel. Les figures simplement dessinées et modelées sont, à
l’en croire, une parole courante, intelligible surtout aux illet-
trés, comme la poésie de la Bible du Dante et de Shakspeare
dont la grandeur primitive et éternelle s’adresse au peuple naïf.
11 soutient que l’art véritable a toujours agi dans le sens de cette
idée depuis le moment où il bégayait sur les murailles des tem-
ples, le fût des colonnes, les faces des obélisques de l’Egypte,
jusqu’à l’heure suprême où il a chanté avec Michel-Ange son
dernier chant héroïque aux voûtes sublimes de la Sixtine. Je ne
me sens pas très-franchement porté vers ces tendances rétro-
spectives d’un art hiératique fait pour changer les passions et la
physionomie de l’homme en rébus religieux et pour traduire les
beautés de la nature en signes d’algèbre. Quant à cette intelli-
gence infuse de l’Art et de la Poésie reconnue au peuple par
fartiste-hiérophante, je n’y crois pas davantage. Si les hébraï-
sants, les arabisants, les hellénistes, les latinistes, les scholiastes,
cartophages et pédants de toute nature qui s’écornent nuit et
jour sur des virgules, n’ont fait qu’embrouiller le sens de la
Bible ou du Dante, il n’est pas à dire pour cela que l’ignorant lise
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