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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0027

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ASIE MINEURE.

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Pompéiopolis, sur la côte d’Asie, Hip-
pone et Carthage sur la côte d’Afrique,
nous donnent des jalons pour mesurer
la marche des alluvions sur ces côtes,
et nous pouvons constater d’autre part
que les ports situés loin des embouchu-
res des fleuves ont continué d’être fré-
quentés par les navires.
Les hommes des premiers âges, les
Babyloniens, les Egyptiens, les Assy-
riens , qui avaient, plus que nous, con-
servé une impression profonde des
temps diluviens, s’étant établis sur les
bords des grands fleuves de l’Asie ou
de l’Afrique, avaient pris toutes les pré-
cautions imaginables pour se mettre à
l’abri des inondations. Les travaux qu’ils
exécutèrent dans ce but étonnent notre
imagination, et nous serions tentés de
les regarder commefabuleux, si, chaque
jour, les études faites sur ces contrées
n’apportaient la preuve la plus évidente
de la véracité des historiens de l’anti-
quité, et si l’on n’était souvent à même
de vérifier, sur le sol même, la réalité
des travaux entrepris et menés à leur
fin.
Legolfe d’Alexandrette, qui était dans
l’antiquité un port aussi salubre que
commode, n’offre plus sur son rivage
que des marais pestilentiels; l’effet na-
turel des vagues apportant nécessai-
rement sur cette côte tous les détritus
que contiennent les eaux a suffi en quel-
ques siècles pour opérer cette métamor-
phose.
La province voisine, que les anciens
appelaient la Cilicie champêtre, est une
immense étendue de terrains d’atterris-
sement qui sont couverts de la plus
abondante végétation. Plusieurs rivières,
le Sarus, le Pyramus, le Cydnfl^, ar-
rosent ces contrées et continuent de
l’accroître en étendue. Ce mouvement
des terres est déjà apparent dans l’an-
tiquité Entre la ville d’Adana et la mer,
sont de vastes maremmes qui se sont
formées depuis cette époque. La ville
de Tarsous, qui était maritime dans
l’antiquité, ne reçoit plus maintenant
de navires, et le fond de la mer s’est
tellement exhaussé que les navires sont
obligés de mouiller à Mersine, à deux
lieues de Tarsous.
A l’ouest de Tarsous, il y avait un
port romain , dans la ville de Pompéio-

polis ; ce port est aujourd’hui entière-
ment comblé. Ici, les eaux douces ont
une propriété incrustante qu’on remar-
que dans presque toutes les rivières de
la côte. Ainsi, le port de Pompéiopolis
est rempli par une véritable roche, et
les blocs de colonnes ou autres débris
qui sont épars dans cette masse, sont
noyéscommedans uneespèce déciment.
La rivière de Douden, que les anciens
appelaient Catarrhactès, parce qu’elle
se précipite dans la mer d’une grande
hauteur, jouit au plus haut degré'de
cette propriété incrustante. Tout le ter-
ritoire de son parcours est converti en
véritable rocher qui englobe les plantes,
les restes d’animaux, et les couvre d’une
couche calcaire.
En continuant le périple vers l’ouest,
on arrive dans la province de Lycie qui
offre d’immenses et magnifiques ports
dans un état parfait pour le mouillage
des navires : le port de Marmarice, ce-
lui de Macri ; les ports de Myra, Phel-
lus Antiphilo : c’est qu’ici le Taurus do-
mine la côte presque verticalement et
les eaux n’ont pu charrier de limon
dans ces ports.
Nous avons souvent entendu les marins
et les géographes se demander pourquoi
la côte d’Asie et la côte du nord de
la Méditerranée étaient si riches en ex-
cellents ports, tandis que dans tout son
parcours la côte d’Afrique n’en offrait
pas un seul digne de ce nom. Voci la
véritable raison : le continent Africain
a été dans l’origine aussi échancré que
le continent d’Asie ; mais sous l’influence
des atterrissements et surtout, car
ceci est une cause majeure, sous l’in-
fluence des vents du Nord qui régnent
sur cette côte pendant huit mois de l’an-
née, le mouvement de la mer loin d’en-
lever la moindre parcelle de sable, les
accumule sans cesse sur le rivage. Tout
ce qui existait de ports, golfes ou échan-
crures, a été peu à peu comblé, tandis
que la côte d’Asie, abritée par ses hautes
montagnes est restée dans l’état où elle
fut créée.
Si nous remontons vers le Nord en
suivant la côte, nous trouvons un des
exemples les plus curieux de la puis-
sance des atterrissements pour changer
la surfaced’un pays. Nous voulons parler
delà ville de Mifet, une des places mari-
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2° Livraison. (Asie Mineuse. t. II.
 
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