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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0035

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AS!E MINEURE.

25

la physionomie de la côte. Ce phéno-
mène" était tellement appréciable du
temps même des Grecs qu’on prévoyait
déjà le jour où La merde Chypre serait
comblée, et on prêtait à l’oracle la pré-
diction suivante: Un temps viendra où
la postérité verra le vaste et rapide
Pyramus atteindre l’île sacrée de Chypre
à force de reculer la côte de la terre
ferme (1). On sait que les anciens
étaient fort prodigues de faits sem-
blables , soit pour réunir, soit pour sé-
parer les îles et les continents; mais
il n’en est pas moins vrai que toute
cette contrée gagne à vue d’œil sur la
mer, et les barres formées à l’embou-
chure des fleuves engendrent ces étangs
qui sont comblés à leur tour.
Le Pyramus , après avoir charrié des
monceaux de sable qui ont obstrué
son embouchure, a pris son cours plus
a l’est et s’est creusé un nouveau lit qui
s’ouvre près du cap Karatasch. Sur
toute cette côte les navires ne sauraient
trouver un mouillage, tant elle est hé-
rissée de bas-fonds sablonneux.
Nous devons dire aussi que le long
de cette côte, et notamment au mouil-
lage de Mersyn, près de Tarsous, ce
qui a contribué le plus à gâter le mouil-
lage, c’est l’habitude séculaire des marins
qui viennent sur lest pour faire des char-
gements sur cette côte et qui jettent
leur lest dans la mer. En effet, des
sondages opérés par un marin fran-
çais ont ramené des pierres travaillées,
des briques et une quantité de pro-
duits hétérogènes qui prouvent que le
fond sur cette côte n’est rien moins que
naturel. L’ancien lit du Pyramus est en
communication avec un vaste étang
marin de peu de profondeur; la nou-
velle embouchure a déjà formé un
delta considérable, et les vents modi-
fient à leur gré les sinuosités du rivage
en rassemblant tantôt le sable en col-
lines et en falaises, tantôt en formant
des barres à fleur d’eau ou sous-ma-
rines. La nouvelle embouchure du Py-
ramus se trouve maintenant à l’ouest
du cap Karatasch, et par conséquent
dans le golfe même d’Alexandrette.
La baie d’Ayas, qui fut autrefois un
excellent mouillage, est maintenant
(i) Strab., XII, 536.

obstruée par les sables. Le vent de
mer, qu’on appelle dans ce pays im-
bat, pousse dans le golfe une partie
des sables charriés par les fleuves et
contribue à son envasement. Aujour-
d’hui le mouillage d’Alexandrette est
le seul qui soit praticable pour les gros
navires.
Les caps Karatasch, à l’ouest, et
Kanzir, à l’est, limitent les rivages du
golfed’Alexandrette ou de Scanderoun ;
il s’avance dans les terres dans une pro-
fondeur d’environ 0°40', soit quinze
lieues selon la direction nord-est. La
ville de Scanderoun est située sur la
côte orientale, au sud d’une petite anse ;
le mouillage est abrité des vents du
large par les terres environnantes. C’est
au cap Kanzir que se termine le périple
de l’Asie Mineure; tout le reste du lit-
toral appartient à la Syrie.
Ce rapide coup d’œil jeté sur les
côtes de la presqu’île montre jusqu’à
quel point le profil de son littoral a été
modifié non-seulement par les grands
phénomènes géologiques qui ont pré-
cédé l’arrivée des premiers habitants,
mais encore par l’effet du travail des
alluvions. Depuis les époques histo-
riques, plusieurs lacs, des golfes, ont
été comblés par les terres amoncelées
et sont devenus des terres habitables.
Un calcul a été fait duquel il résulte
que l’Asie Mineure, depuis l’époque de
Strabon, s’est augmentée d’une surface
égale à la moitié d’un département de
la France. Il sera donc toujours im-
portant pour ceux qui voudront s'oc-
cuper de questions de géographie an-
cienne, de tenir compte de ces modi-
fications.
CHAPITRE XL
MONT TAURUS.
Montagnes de la Lycie.
Nous avons déjà exposé un des ca-
ractères qui distinguent la presqu’île
d’Asie des autres contrées de l’Europe ;
mais il en est un plus frappant encore,
c’est le haut relief de ses terres qui
surgissent du sein des mers comme une
pyramide tronquée dont le sommet
forme les plateaux intérieurs. Ces hau-
 
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