Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0036

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
26

L’UNIVERS.

tes terres ne s’abaissent jamais à moins
de six ou huit cents métrés au dessus
des mers, et forment, pour ainsi dire ,
le niveau moyen de l’Asie occidentale;
car l’Arménie et la Perse restent, dans
leurs régions, à six cents mètres au-
dessus de la mer.
Il y a peu d’années que l’invention
du baromètre portatif a permis aux
observateurs de mesurer avec une exac-
titude suffisante l’altitude des contrées
qu’ils parcouraient, et les récits des
premiers voyageurs furent accueillis
avec la plus grande incrédulité. Nous
ne saurions croire, disait un rédacteur
du Journal des Savants, que la ville
d’Erzéroum soit aussi élevée que le col
du petit Saint-Bernard. C’est pourtant
ce qui a lieu, et les vérifications réité-
rées des mêmes altitudes, si elles ne
concordent pas à quelques mètres près,
offrent cependant un moyen de con-
trôle suffisant pour qu’on puisse dès au-
jourd’hui tracer le profil de toute cette
partie du continent asiatique. On pour-
rait dire, non sans quelque apparence
de raison, que l’Asie Mineure n’est pas
une contrée sillonnée par des chaînes
de montagnes, mais qu’elle est à elle
seule une montagne dont les chaînes
ne sont que les dentelures. En effet,
vues de la mer, les côtes se présentent
comme une suite à peine interrompue
de montagnes rocheuses et abruptes;
vues du côté de la terre, les sourcilleux
sommets ne sont plus que des collines,
dont l'ascension est des plus faciles.
Cette manière d'envisager la contrée
n’est pas nouvelle; car le géographe
Ératosthène estime la largeur de la
chaîne du Taurus égale à celle de toute
la presqu’île (1). Les anciens avaient déjà
remarqué que la conséquence de cette
conformation n’était pas des plus heu-
reuses pour en faire une région homo-
gène. Les eaux y sont trop dispersées,
les rivières maigres et torrentueuses,
les terres en pentes trop rapides; de là
ces immenses alluvions dont nous avons
tracé un tableau dans le chapitre pré-
cédent.
Cette forme du relief des terres que
révèle l’étude barométrique du conti-
nent d’Asie échappe en grande partie à
(i) Strabon, liv. XI, 490.

l’habitant, qui, s’en rapportant seule-
ment au témoignage de ses yeux , voit de
grandes montagnes dans ce qui n’est en
réalité que les contreforts des terres éle-
vées du centre. Mais toutes ces monta-
gnes secondaires ont eu un nom qui se
rattache à des événements historiques ;
leurs ondulations ont formé les limites
de provinces et de royaumes ; elles sont
donc pour l’étude de la presqu’île aussi
importantes à connaître sous le point de
vue historique que sous celui de la
géographie.
Du peu de mots que nous avons dit
de la distribution des eaux sur cette
partie du continent on ne doit rien con-
clure de défavorable à la contrée.
L’incomparable beauté du climat, la
richesse de la végétation feront toujours
de ce pays une terre privilégiée où le
travail intelligent de l’homme recevrait
au centuple la récompense de ses
soins.
Du côté du sud le plateau central de
l’Asie Mineure est soutenu par une
grande chaîne qui suit les ondulations
de la côte et qui se prolonge dans toute
la longueur de la presqu'île. Cette
chaîne, appelée par les anciens Taurus,
du mot syrien Tor (montagne) est
une de celles qui ont été le mieux étu-
diées par les géographes anciens; ils
en faisaient la base de tout le système
géographique de l’Asie.
Le mont Taurus est comparé par
Ératosthène à un baudrier qui cou-
perait le continent en deux parties,
l’une septentrionale,l’autre méridionale.
Ces deux parties sont, relativement aux
Grecs, en deçà et au delà du Taurus, et
la chaîne elle-même était regardée
comme la plus considérable de la terre
habitée. Elle était considérée comme
prenant naissance aux colonnes d’Her-
cule, passant le détroit de Sicile , lon-
geant les extrémités méridionales du
Péloponnèse et de l’Attique, et s’éten-
dant jusqu’à Rhodes et au golfe d’issus.
Du golfe d’issus elle remonte vers le
nord, va joindre la grande chaîne de
ITmaüs dans l’Inde, et se prolonge jus-
qu’à la mer des Indes dans une lon-
gueur de quarante-cinq mille stades
soit 835 myriamètres. Mais dans tout
ce parcours il change tant de fois de
nom qu’on a peine à reconnaître la
 
Annotationen