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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0038

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28

L’UNIVERS.

« Après le mont Dædala vient l’An-
ti-Cragus, montagne coupée à pic, puis
le mont Cragus avec ses huit cimes et
une ville de même nom. C’est dans ces
montagnes que la fable place la Chi-
mère , et l’on voit à peu de distance une
vallée nommée Chimæra et dont l’ou-
verture commence dès le rivage de la
mer (1). » Cette description embrasse
donc toute la largeur de la Lycie puis-
que nous sommes arrivés à la côte
orientale. Strabon nomme en effet les
îles chélidoniennes qui terminent cette
côte; ce qui ne l’empêche pas de mettre
dans la même région le mont Olympus
ou Phœnicus, et tout à fait au même
endroit le mont Solyma (2), près de
Phasélis, dont la position est bien con-
nue, et toujours dans la même région le
mont Climax (échelle), qu’Alexandre
franchitavecdifliculté, etdans ce nombre
nous devons encore trouver place pour
le mont Massicytus (3), avec une ville
du même nom. Pour faire concorder
cette topographie avec l’état du pays il
est clair que nous devons restreindre les
différents groupes et les faire rentrer
l’un dans l’autre. Aussi l’Anti-Cragus
est la montagne qui s’élève à l’est du
golfe de Macri, et qui projette sept
promontoires dans la mer; on donne
aujourd’hui à ce massif le nom turc
de Yedi bouroun. Ce groupe est li-
mité à l'est par la vallée du Xan-
thus, Kodja tchaï. Le massif suivant,
qui est limité à l’est par la courte et
abrupte vallée de Phinéca, est le mont
Massicytus, aujourd’hui Ak dagh. Il
comprend un certain nombre de som-
mets notamment le Sousousdagh (mon-
tagne sans eau); ensuite vient la So-
lyma mons appelé tantôt Almaludagh
du nom de la ville voisine, tantôt Ya-
lynizdagh (montagne solitaire).
Le versant oriental du mont Solyma
donne naissance à la vallée d’Aîaghir
tchaï, qui forme la limite entre la côte
orientale et le dernier groupe; enfin la
bande montagneuse comprise entre
cette vallée et la mer est divisée en deux
par le cap Avova. La région sud est
le mont Olympus avec la ville du même
(r) Strabon, XIV, p. 665.
(2) Ibid-, 666.
(3) Plin., V, 27.

nom. On l’appelle aujourd’hui Taktalu
(montagne des planches), parce qu’il y
a une scierie pour débiter les bois.
La région nord, dont les cimes s’éche-
lonnent parallèlement à la mer, est le
mont Climax, qui descend jusqu’au ri-
vage. Lorsque du port d’Adalia on est
témoin du coucher du soleil derrière
ces montagnes, le spectacle est des plus
majestueux. Chaque plan de montagne,
chaque sommet se dessine dans la va-
peur bleue , et l’on peut à loisir compter
les échelons du mont Climax, qui se
présente comme un escalier gigan-
tesque pour atteindre .les hauteurs de
la Lycie. Voilà selon nous le groupe qui
doit porter les noms de Cragus et d’An-
ti-Cragus. Ce dernier était ainsi nommé
parce qu’il se présentait d’abord aux
navigateurs qui venaient de l’ouest
Si nous reprenons les définitions des
auteurs grecs et latins, nous trouverons
qu’elles sont toutes d’accord pour at-
tribuer le Cragus à la Lycie et non
la chaîne qui court plus vers l’est.
Étienne de Byzance le désigne comme
montagne de Lycie qui prit son nom
d’un fils de Trémilus et de la nymphe
Praxidice. Il s’y trouvait des grottes
consacrées aux dieux champêtres. (Steph.
Byz. v. Cragus). Ovide (l)nomme ensem-
ble le Cragus, les villes de Xanthus et
de Lymira, qui en étaient voisines.
Pline (2) ne mentionne le Cragus que
comme un promontoire ; mais il le met
dans la Lycie près du mont Massycitus.
Une seule autorité a pu porter quel-
ques géographes à supposer que le nom
de Cragus était donné à quelque chaîne
de la Cilicie ; c’est la mention faite par
Ptolémée de la ville d’Antiochia ad
Cragum qui appartenait à la Cilicie ; ce
qui est confirmé parles médailles. Mais
Strabon donne l’explication de cette
difficulté. (3) en mentionnant sur la côte
de Cilicie un écueil qui avait aussi le
nom de Cragus. « Puis Cragus, rocher
(Petra) voisin delà mer, escarpé de. tous
côtés. » On voit que ce n’est pas le nom
d’une montagne. Selon Bochart le nom
de Cragus serait, comme celui de Tau-
rus, d’origine sémitique, et viendrait du
(1) Métam., IX, 645.
(2) V, 27.
(3) Strab., XIV, 669.
 
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