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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0039

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ASIE MINEURE.

29

mot Crac, qui en langue syriaque si-
gnifie une roche.
Tout le massif lycien est composé de
roches qui se rapportent à l’âge du cal-
caire alpin, c’est-à-dire de formation
secondaire.
La base des montagnes qui entourent
le golfe de Telmissus est une brèche
calcaire tendre dans laquelle on a pu
facilement creuser les monuments dont
nous parlerons dans la suite. Ce genre
de conglomérat forme des montagnes
entières dans tout le pourtour de la
Lycie. La masse des montagnes , même
des plus élevées est d’une formation
crétacée; c’est un calcaire blanc com-
pacte souvent marneux et dont l’âge
est déterminé par la présence de fossiles
de cette époque; mais généralement ces
fossiles sont très-rares sur la côte de
Lycie; on rencontre seulement une for-
mation assez puissante de nummulites
au port Tristomo, à l’île de Kakava.
Le calcaire qui compose la plus
grande partie des montagnes de la Lycie
est blanc de lait, sonore, très-facile à
travailler et a tous les caractères d’une
roche métamorphique; c’est une question
que les géologues auront à décider. Il
est remarquable en ce qu’il présente
dans sa contexture des sortes d’excava-
tions qui ont souvent la forme de longs
tubes; d’autres fois de géodes remplies
de sable rouge.
La vallée du Xanthus, toute d’allu-
viou, présente sur ses flancs quelques
bancs de grès vert, et surtout des
dépôts d’eau douce; la vallée de Myra
est d’une même époque géologique, et
ses monuments sont taillés dans une
roche blanche compacte et d’un travail
facile. C’est l’abondance des roches
calcaires qui a porté le peuple de la
Lycie à pratiquer un art dans lequel il
a excellé à l’égal des Perses, l’art de
tailler les monuments dans le roc.
Toutes ces montagnes sont encore
aujourd’hui couvertes d’épaisses fo-
rêts, et rien ne saurait peindre la beauté
de ces vallées inextricables au fond des-
quelles roulent les eaux des torrents;
mais la nature tendre de leur forma-
tion et surtout les lits de marne qui
sont intercalés dans les bancs plus so-
lides sont des causes incessantes d’é-
boulements qui changent peu à peu la

forme des montagnes et des vallées.
Ce sont ces roches brisées et entraînées
dans les bas fonds par la fonte des
neiges qui ont formé par la suite des
siècles ces grandes collines de brèches
et de conglomérats qui composent pres-
que toute la ceinture de la Lycie. Nous
avons déjà dit quelques mots de ce
mouvement insensible des rivages ma-
nifesté par l’exhaussement ou renfon-
cement des monuments antiques ; on
le reconnaît dans presque tout le pour-
tour de la Lycie. Le port de Caunus
est aujourd’hui converti en un lac d’eau
douce qui s’épanche dans la mer, et
les antiques constructions de la ville
sont à trois kilomètres du rivage; leur
niveau actuel indique un exhaussement
successif du sol. Déjà dans l’antiquité
le territoire de Caunus passait pour
malsain. Strabon parle du teint hâve
et maladif de ses habitants et rappelle
le mot d’un plaisant qui disait : on
ne saurait appeler malsain un endroit
où les morts mêmes marchent (1)
L’ensemble du massif lycien paraît être
contemporain de la formation crétacée,
qui se reconnaît dans toutes les îles de
l’archipel et sur la côte du Pélopon-
nèse. Il y a donc peu d’espoir d’y trou-
ver des dépôts métalliques, et, en effet,
jamais il n’en a été fait mention dans
la contrée. Plus au nord dans la pro-
vince de Cibyratis les habitants étaient
renommés par leur habileté à travail-
ler le fer; mais il ne paraît pas que
ces mines aient jamais été très-consi-
dérables ; elles sont aujourd’hui com-
plètement ignorées ou épuisées.
TAURUS DE PAMPHYLIE ET DE CI-
LIC1E.
Toute la côte orientale de la Lycie,
qui se termine au cap Chélidonia par
cinq petites îles qu’on appelait les îles
Chélidoniennes (des hyrondelles) forme,
comme nous l’avons dit, une crête mon-
tagneuse qui se dirige au nord. Elle
quitte le bord de la mer et remonte
dans les terres en laissant sur la côte
la grande plaine d’Adalia.
Ce massif montagneux dans lequel se
trouvaient plusieurs villes anciennes se
(i) Strabon, XIV, 65i.
 
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