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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0041

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ASIE MINEURE.

31

aujourd’hui Sélefké tchaï, est encore
un repère pour reconnaître quelques
détails de la région montagneuse; c’est
à l’est de cette rivière que se trouvait
la roche nommée Pœcile avec une route
des échelles taillée dans le roc pour
aller de la côte à Séleucie. Ici Stra-
bon emploie encore le mot petra pour
désigner ce rocher, comme il l’a fait
pour le rocher Cragus de Cilicie. Pour
le mont Andriclus qui selon nous forme
la frontière septentionale de la Cilicie,
le géographe grec emploie le mot oros
qui s’applique aux chaînes aussi bien
qu’aux montagnes isolées. Il y a dans
Strabon une sorte de confusion dans la
nomenclature des montagnes de cette
côte. Après avoir fait parcourir à son
lecteur toutes les côtes et les montagnes
delà Cilicie, il ajoute « Aux extrémités
du Taurus est le mont Olympus...
d’où l’on voit toute la Lycie, la Paru
phylie et la Pisidie, et qui servit de re-
traite au pirate Zineticus(l) ». Il est clair
que c’est la même montagne qu’il a
mentionnée en Lycie (2) ; il était hors
de propos d’en parler ici.
Il nous reste à placer une, chaîne ci-
licienne appartenant au Taurus et dont
Strabon n’a pas parlé, c’est le mont Im-
barus, que Pline indique au nord de
Séleucie (3); ce serait alors l’ancienne
dénomination de toute cette partie du
Taurus qui confine à la Cilicie cham-
pêtre jusqu’à la chaîne qu’on appelait
Anti-Taurus, et qui commence au delà
du fleuve Pyramus.
C’est dans la région orientale de
l’Imbarus ou du Taurus de Cilicie
que se trouvent les célèbres portes
ciliciennes appelées aujourd’hui Kulek
Boghaz (le défilé du moucheron ). On ne
saurait se faire une idée de la confu-
sion de montagnes qui existent en cet
endroit, tantôt des précipices qu’il faut
tourner en longeant des corniches de
rochers glissants, tantôt des pentes si
rapides qu’on ne saurait les franchir à
cheval si le chemin n’eut été rendu
praticable en couvrant le rocher avec
des troncs d’arbres qui forment une
espèce d’escalier.
(1) Strab., XIV, 671.
(2) XIV, 666.
(3) Liv. V, ch. 27s

Après avoir escaladé ce défilé, on
arrive sur un plateau d’où partent en
diverses directions des vallées qui con-
duisent au nord, à l’est et à l’ouest. De
notre temps c’était Samour-bey, dévoué
à Méhémet-Ali, qui occupait ce Yaëla,
c’est-à-dire que le pacha d'Égypte était
de fait maître de l’Asie Mineure. D’é-
paisses forêts d’essences d’arbres verts
et des cèdres couvrent ces montagnes,
et la nature des roches prouve qu’elles
appartiennent à une formation bien an-
térieure à celle du Taurus; le sommet
offre de nombreux fossiles qui ne se
rencontrent que dans les couches infé-
rieures du terrain secondaire; le pied
de ces montagnes est couvert par des
formations plus récentes, et nous y
avons recueilli une espèce d’huître, la
plus grande espèce connue, et qui n’a
pas encore reçu de nom des géologues ;
elle a plus de"cinquante centimètres de
longueur (1). Le versant oriental de
ces montagnes donne passage au fleuve
Sarus, qui coule au milieu des forêts
de cèdrès. Ici les habitants divisent les
montagnes en deux groupes, l’un appelé
Buyuk Phyrat (le grand Phyrat) et
l’autre Kutchuk Phyrat. Ces deux mon-
tagnes sont calcaires et séparent le bas-
sin du Sarus de celui du Pyramus.
Ici l’Anti-Taurus remonte au nord pour
former un des contrefaits de la vallée
où coule l’Euphrate, qu’on appelle aussi
Phyrat tchaï. Ces montagnes ont été
longtemps au pouvoir des princes chré-
tiens, et les ruines de nombreux châ-
teaux du moyen âge, attestent que ces
passages étaient vigoureusement dé-
fendus. Ici la largeur du Taurus, selon
Pline (2), est de douze mille pas. Pen-
dant qu’il traverse le Taurus, l’Eu-
phrate perdait son nom pour prendre
le nom d’Ommas. Après avoir franchi
les rapides de la montagne, il reprend
son nom d Euphrate (3). L’Anti-Tau-
rus ou grand Phyrat a abandonné la
direction de l’ouest à l’est pour pren-
dre celle du nord. Ici nous retrouvons
dans sa contexture les mêmes boulever-
sements, on pourrait dire les mêmes
(1) Plusieurs échantillons sont déposés
dans les galeries du Jardin des plantes.
(2) Liv. V, ch. 24.
(3) Pline, ibid.
 
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