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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0062

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52

L’UNIVERS.

NICOMÈDE Ier.
Zipœtès mourut après un règne de
quarante-sept ans, en laissant son fils
Nicomède 1er possesseur de ses États.
Ce prince signala son avènement au
trône par un crime trop commun dans
les annales de l’Orient. Il fit massacrer
ses frères , dans la crainte que leur am-
bition n’amenât le démembrement d’un
royaume encore mal affermi. Le plus
jeune d’entre eux , Zibéas ou Zipœtès,
fut assez heureux pour échapper à la
mort. Retiré dans la partie orientale de
la Bithynie, il rassembla des partisans,
et marcha contre son frère.
Nicomède s’était ainsi suscité le dan-
ger qu’il redoutait le plus. Effrayé
des progrès que faisait son ennemi, il
demanda l’alliance des habitants d’Hé-
raclée, anciens ennemis de la Bithynie,
mais depuis longtemps fatigués de la
guerre. Chalcédoine avait été tellement
maltraitée qu’elle vit avec joie une pro-
position qui était propre à amener la
cessation des troubles dont elle avait
tant souffert. Byzance suivit la fortune
de Chalcédoine/Mais, d’un autre côté,
Antiochus, roi de Syrie, qui songeait
depuis longtemps à réduire sous sa do-
mination les provinces de l’Asie Mi-
neure situées en deçà du Taurus , était
venu offrir des secours à Zipœtès. C’est
alors que Nicomède, pour faire face à
un ennemi si puissant, eut l’idée d’ap-
peler à son secours des alliés dont la
renommée avait déjà traversé l’Helles-
pont, et qui seuls pouvaient contre-ba-
lancer la puissance d’Antiochus. On
vit paraître sur les bords de la Propon-
tide les plus hardis compagnons de
Brennus, qui avaient laissé au loin der-
rière eux la Grèce et la Macédoine, et
qui campaient aux portes de Byzance
comme des alliés menaçants. Il est pro-
bable que le traité que"Nicomède avait
signé avec les Byzantins ne fut pas sans
influence sur la détermination du roi,
et que les Byzantins furent heureux, en
lui prêtant secours, de se débarrasser
d’une amitié onéreuse. En ouvrant les
portes de l’Asie à une poignée d’hom-
mes qui arrivaient pour fonder un em-
pire , Nicomède fit preuve d’une poli-
tique sage. Déjà les émissaires des Gau-
lois avaient fait une descente sur les

côtes de la Troade dans le but d’y for-
mer un établissement (1).
Il valait mieux les appeler comme
des amis que d’attendre qu’ils vinssent,
les armes à la main , réclamer un pays
pour s’établir. Lorsque nous nous oc-
cuperons de l’invasion des Gaulois en
Galatie, nous examinerons en détail les
circonstances qui ont précédé leur arri-
vée. Nicomède signa avec eux un traité
qui nous a été conservé par Photius (2).
Les intérêts de Byzance sont ménagés
dans ce traité, ainsi que ceux des autres
villes alliées de Nicomède. Les Gaulois
devaient se déclarer ennemis de tous
ceux qui entreraient, les armes à la
main, dans les diverses terres dépen-
dantes de cette république.
LES GAULOIS PASSENT EN ASIE.
L’arrivée des Gaulois en Asie chan-
gea la face des affaires. Bien qu'Antio-
chus, Grec de nation, eût toutes les
sympathies des républiques de la Bithy-
nie, elles restèrent fidèles à Nicomède.
Iléraclée fournit même des vaisseaux
pour défendre les côtes. Les Gaulois
marchèrent contre l’armée d’Antiochus
et la forcèrent de repasser le Taurus.
Nicomède , pour récompenser la valeur
de ses nouveaux alliés, leur céda quel-
ques terres au delà du Sangarius (3).
C’est là que nous les retrouverons plus
tard, imposant des lois à toute l’Asie
centrale.
Délivré de tous ses ennemis, en
bonne harmonie avec ses voisins, Nico-
mède put donner ses soins aux intérêts
de son royaume. Astacus , la principale
ville de Bithynie, avait si longtemps
souffert des ravages de la guerre, qu’elle
était presque démantelée. Il songea à
fonder une capitale , et choisit pour l’é-
tablir la position la plus heureuse de
toute la côte de Bithynie. Nicomède s’é-
tait allié à une princesse phrygienne
nommée Kosingis (4), dont il eut trois
enfants. A la mort de Kosingis, il
épousa une femme nommée Étazéta,
qui traita les enfants du premier lit avec
(1) SUab., liv. XII, ch. IV.
(2) Memnon, apud Pholium, p. 720.
(3) 281 à 246 av. J.-C.
(4) Memnon, apudPhot., p. 724.
 
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