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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0076

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66

L’UNIVERS.

du soleil, disparut au point qu’on ne
distinguait pas les objets les plus voi-
sins; puis, comme si un dieu eût lancé
ia foudre et excité les vents des quatre
coins du monde, on entendit le bruit
effrayant des tempêtes et le fracas des
flots débordés ; à cela se joignirent des
tourbillons et des torrents de vapeurs
enflammées, avec d’affreux tremble-
ments de terre qui renversèrent de fond
en comble et la ville et les faubourgs.
La plupart des maisons qui se trouvè-
rent sur le penchant des collines tom-
bèrent les unes sur les autres, et les
échos portèrent de tous côtés le bruit
de cet horrible désastre. Les sommets
des montagnes renvoyaient les cris
plaintifs de ceux qui cherchaient leurs
épouses, leurs enfants et leurs proches;
enfin, longtemps avant la troisième
heure du jour, les ténèbres étant dis-
sipées et i'air devenu plus serein, on
découvrit toute l'étendue de ces ra-
vages.
« Quelques malheureux , accablés par
les décombres, périrent écrasés; d’au-
tres, ensevelis jusqu’aux épaules, expi-
rèrent faute de secours; ceux-ci se trou-
vèrent susp ndus à de hautes poutres
sur lesquelles iis étaient tombés; on
vit alors confondus les cadavres d’un
grand nombre d’habitants que le même
coup avait détruits; quelques-uns mou-
rurent de crainte et de disette dans
leurs maisons ruinées. Ce fut ainsi que
termina misérablement ses jours Aris-
tenète, qui avait recherché la place de
vicaire du diocèse créé par Constance
pour honorer la piélé de sa femme Eu-
sébie. On aurait pu sauver une
grande partie des temples, des mai-
sons et des habitants, si I ardeur des
flammes, qui se répandirent aussitôt,
n’eût pas, pendant cinquante jours et
cinquante nuits, achevé de ruiner
tout (1). »
C’est à cette époque que tout ce qui
restait de l'art ancien dans la ville fut
entièrement détruit. On pourrait dire
que Nicomédie renferme encore les
preuves de ce tremblement de terre;
car ses rues et ses cimetières sont jon-
chés de colonnes, de débris d’archi-
traves et de fragments informes.
(i) Amin. Marcel!., iib. XVII, cap. Vil.

Ce ne fut guère que sous le règne de
Justinien, vers le milieu du sixième
siècle, que Nicomédie vit renaître une
partie de sa prospérité passée (1). Pro-
cope s’étend avec complaisance sur les
nombreux monuments dont l’empereur
dota cette ville : c’étaient encore des
bains, des aqueducs et des églises;
mais aucun de ces édifices n’a subsisté
jusqu’à nous, et nous devons chercher
au milieu des jardins de la ville turque
les débris d’une cité qui fut si puis-
sante.
Sous le rapport de l’antiquité, on
ne saurait esperer faire de grandes dé-
couvertes dans une ville qui a supporté
de si déplorables catastrophes. 11 ne
reste plus rien de ces temples, de ces
portiques si nombreux. A l’orient de
la ville, vers le quartier appelé Zeï-
toun, Mahallé-si, et dans le lieu
nommé Imbaher,au milieu des terrains
du cimetière juif, se trouvent les ruines
d’une grande citerne qui fournissait de
l'eau à l’ancienne ville. Elle est com-
posée de trente six piliers port mt des
arcades surmontées de voûtes en pen-
dentifs Toute la construction est de
briques : les impostes seules sont d'une
espèce de grès volcanique. La surface
de cette citerne est de deux cent cin-
quante mètres carrés; elle contenait
quinze cents mètres cubes d’eau. Pline
avait trouvé une source considérable
qu’il proposait à l’empereur d’utiliser
pour l’usage des habitants, en la con-
duisant à la ville au moyen d’un ou-
vrage voûté (arcuato opéré}, et il
tenait particulièrement à maintenir le
niveau de la source, afin que les quar-
tiers élevés pussent en profiter égale-
ment. Il proposait, pour cela, de res-
taurer un aqueduc qui avait coûté aux
habitants trois millions trois cent vingt-
neuf mille sesterces (644,993 francs),
et qui était resté imparfait (2 j. On ne voit
plus de traces de ce monument ; mais la
position de cette citerne, à mi côte,
donne lieu de penser qu’elle a reçu les
eaux de la source atijourd hui perdue.
L'intérieur était revêtu d’un enduit
composé de trois couches différentes :
la première, appliquée immédiatement
( t) l’roçope, De Ædif., liv. V.
• (» Rplst. XIV, lib. X.
 
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