Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0077

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ASIE MINEURE,

67

sur îes briques, était un blocage com-
posé de chaux et de ciment ; la deuxième,
un mélange de charbon pilé et de chaux ;
et la troisième était un .-tue fort dur,
formé de pierres pilees, tle chaux et
d’huile.
C’est de ce lieu, qui domine une vallée
profonde, qu’on jouit du plus beau coup
d’œil de 11 ville et du golfe. Les mina-
rets qui s’élèvent au milieu des masses
de verdure, et les nombreux jardins de
Nicomédie, lui donnent cet a-pect de
fraîcheur et de richesse particulier aux
villes de Bit hy nie.
Après avoir suivi la fortune de la ca-
pitale de l'empire d’Orient, Nicomédie
tomba entre les mains des Turcs en l’an
727 de l’hégire, ou 1326 de notre ère,
après les efforts inutiles que lit Ka-
loioannès, frère de Marie Paléologue,
pour défendre cette place. Après la
prise de Constantinople par les Latins,
les princes Comnènes vinrent résider à
Nicomédie.
Presque toutes les églises furent con-
verties en mosquées par lesul tan Ot khan.
Néanmoins, Nicomédie conserva tou-
jours dans l’Église grecque les privilèges
et l'importance d’un siège épiscopal ; et
dans les grandes fêtes de l’Eglise de
Constantinople, l’évêque de Nicomédie
marche à côté de celui de Nicée, immé-
diatement apres le patriarche. On con-
serve dans l’église de Nicomédie plu-
sieurs reliques, parmi lesquelles on
remarque le bras de saint Basile ren-
fermé dans une châsse d'argent, qui a
la forme d’un bras et qui est richement
ornée de rubis et de perles.
La moderne Nicomédie est appelée
par les Turcs /.suu'Zanh/, par suite de
cette corruption de langage qui a altéré
les noms des anciennes cités, lsnikmid
n’est qu'une portion de ces mots grecs :
stç N'.z.otj./oîiav.
Le grand vizir Koupruli a fait établir
à Nicomédie des arsenaux maritimes qui
ont longtemps fourni les galères et les
caravelles les plus estimée- de Constan-
tinople. Tous les armements importants
se font à Constantinople, mais on cons-
truit encore à Nicomedie quelques bâ-
timents de guerre. Cette ville doit à son
heureuse position, à son voisinage des
forêts, et à l’activité de ses habitants,
de n’avoir pas déchu du rang qu’elle

occupait. Elle est toujours une des villes
les plus importantes de l’Asie Mineure;
sa population peut, être évaluée;) 30.000
âmes, réparties de la manière suivante :

Turcs.
Grecs . . . . .
. . . 1,200
zrf.
Arméniens. . .
. . 800
id.
Juifs. . . . . .
. . 500
id.

Mais on sait combien il est difficile
d’obtenir des renseignements exacts sur
la population réelle des villes musul-
manes; car tout le monde, les gouver-
neurs comme les habitants. ont intérêt
à en dissimuler le chiffre Quelque con-
fiance que l’on inspire aux rayas',1 ils
croiront toujours utile de diminuer le
nombre de leurs coreligionnaires, parce
que le karatcb ou capitation étant établi
par tête, et recueilli par les tchorbadji,
ou primats de chaque nation, on parvient
ainsi, en divisant l’impôt sur un plus
grand nombre de têtes, a en alléger le
poids, et les gouverneurs devant re-
mettre au trésor le montant des impôts
établis sur un nombre donné d'habitants,
sont enclins, à donner un chifre moindre
pour qu’il reste une partie notable de
1 impôt perçu,dans leurs caisses.
Le principal commerce de Nico-
médie rst le bois et le sel. On a utilisé
les vastes marais qui sont au fond du
golfe, pour établir des salines qui sont
d’un grand produit. La fabrication du
sel est entre les mains des particuliers;
le gouvernement se réserve, la dîme du
sel fabriqué Le commerce de bois est
libre, à la charge de vendre au gouver-
nement les échantillons de choix qui
peuvent être ut des-à la marine. Mais cette
liberté est chèrement achetée par les
charges qui posent sur les haletants ; car
les Bavas comme les Turcs , qui s’occu-
pent du commerce des bois, «Ici ven* four-
niren corvées les ouvriers nécessaires au
service (le la marine. Le gouvernement
alloue une journée de cinq piastres pour
les ouvriers de ces chantiers ; mais cette
somme est rarement payée intégrale-
ment, et nul n’oserait la réclamer du
gouverneur. Les Arméniens se livrent
volontiers à la fabrication du maroquin,
qui s’exporte à Constantinople.
La ville moderne de Nicomédie est
composée de vingt-trois quartiers, dont
dix-neuf sont habités par les Turcs, trois
par les chrétiens et un par les juifs.
 
Annotationen