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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0083

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ASIE MINEURE.

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lequel furent hissés Nudus et quel-
ques officiers ; le reste fut mis en dé-
route. Mithridate, qui ne perdait au-
cune occasion , vint le même jour se
placer avec sa flotte devant l’entrée du
port, brisa les chaînes qui le fermaient,
brûla quatre vaisseaux ennemis, amarra
le reste, au nombre de soixante, à la
suite des siens, tandis queCotla et Nu-
dus qui se trouvaient dans la ville ne
pouvaient opposer aucune résistance;
dans cette action, Mithridate ne perdit
que peu de monde.
Pierre Gilles emprunte à Denys de
Byzance un récit qui montre à quelles
fourberies avaient recours les devins de
Chalcédoinepour attirer la foule à leurs
prétendues révélations.
Un faux devin, nommé Alexandre,
s'étant associé à Byzance avec un chro-
nographe diffamé nommé Cocconas,
avaient remarqué que les trésors pleu-
vaient dans les temples de Delphes,
Claros, Delos, et que l’art de la divi-
nation donnait de grands profits; ils
entreprirent de fonder eux aussi un
oracle. Cocconas préférait Chalcédoine
comme un lieu fréquenté par les mar-
chands. Alexandre penchait pour une
ville de Paphlagonie nommée Aboni
TeichosCles murs d’Abon), et son avis
l’emporta. I s partirent donc pour Chal-
cédoine, et imaginèrent de faire dé-
terrer près du temp'e d’Apollon des
tables de bronze portant une inscrip-
tion dont le sens était : que bientôt Es-
culape avec son père Apollon arriverait
dans le royaume de Pont, et s'étalerait
dans la ville d’Aboni Teichos. La fraude
fut assez bien concertée pour que le
bruit de cet événement se répandît
rapidement dans la Bithynie et arrivât
jusqu’à la ville, qui s’empressa de faire
bâtir un temple à Apollon. Cocconas
resta à Chalcédoine, distribuant les ora-
cles avec succès. On pense, ajoute
Pierre Gilles, qui rapporte ce fait d’a-
près Lucien, que les tables de bronze
trouvées dans les fondations des murs
de Chalcédoine, quand Valens les fit
démolir, remontent à cette époque.
Elles contenaient quelques vers hexa-
mètres annonçant à Byzance des évé-
nements sinistres.
Chalcédoine fut assiégée par Alci-
biade pendant la guerre du Pélopon-

nèse et eu partie ruinée; mais l’invasion
des Scythes dans le courant du troi-
sième siècle, sous le règne de l’em-
pereur Gallien, porta le comble à ses
malheurs; la ville fut entièrement rasée.
Constantinople venait à peine d’être
fondée, quand les Goths firent une ir-
ruption dont les ravages furent répares
par Cornélius Avitus.
Dans la vingt et unième année de son
règne, le 28 juin 326, jour de la Saint-
Pierre, Constantin fit détruire les tem-
ples de Chalcédoine, ou les convertit
en églises. L’oracle d'Apollon fut en-
glouti sous les décombres, et le temple
de Vénus fut transformé en église de
Sainte-Euphémie. Cette église était si-
tuée. dans le faubourg du Chêne (l)rys ;.
C’était le plus brillant quartier de
Chalcédoine ; c’est là que Rufin, le mi-
nistre favori d’Arcadius, possesseur de
richesses immenses, avait fait constru re
une spb ndide villa , qui englobait telle-
ment les constructions environnantes
que tout le quartier était appelé Ruli-
nopolis ; elle s’élevait sur la colline qui
avait favorisé la prise de la ville par les
Perses. Ses colonnes de marbre pré-
cieux se mitaient dans les eaux du Bos-
phore. L’or et les mosaïques' orna eut de
somptueux appartements, et Rufin, quoi-
que nqn baptisé, avait fait bâtir une église
sous l’invocation des apôtres Pierre et
Paul. Toutce luxe etces démonstrations
religieuses plaisaient a Théodose, dé-
fenseurardent de la foi orthodoxe. L’em-
pire d’Or eut était infecté d’arianisme
depuis Valens ; les ariens triomphaient ;
le desordre était dans 1 Église ; chaque
église avait sa règle, et les evëques se
lançaient mutuellement des anathèmes.
Le polythéisme profitait de ces dissen-
sions, et les sacrifices païens se multi-
pliaient. Rufin, n’étant encore que néo-
phyte, s’était déclaré avec vigueur pour
le clergé orthodoxe ; mais il ne pouvait
rester plus longtemps sans entrer dans
le giron de l’Église, et le jour où le
monastère et le temple qu’il avait fait
bâtir furent achevés, la dédicacé en fut
faite avec une splendeur inusitée, et
Piulin reçut le baptême le 24 septembre
394. Les’evêques turent mandes des di-
vers diocèses de l’Asie; un concile de
dix-neuf prélats procéda à la dédicace et
au baptême. Les anachorètes de la Thé-
 
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