Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0084

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
74

L’UNIVERS.

baïde et de l’Égvpte avaient été appelés ;
ils étaient arrivés sous la conduite de
leurs abbés cou verts de peaux de chèvres,
d’autres presque nus, les cheveux et la
barbe en desordre; ils rappelaient les
Bosci ou anachorètes broutans, qui vi-
vaient dans les montagnes de Césarée.
La cuve baptismale était entourée d'un
rideau de pourpre, et Rufin y descendit
soutenu par Aminonius, le célèbre soli-
taire du Pont.
Trois fois on lui plongea la tête dans
l'eau b ptismale, et au sortir des fonts',
Aminonius lui donna I accolade. De ri-
ches eulogies (les présents baptismaux)
furent envoyées aux principaux habi-
tants de Chalcédoine. Cette cérémonie
fut illustrée par l’homélie de Grégoire
de [xysse, plus que par la pompe théâ-
trale qui l’accompagnait. Ce fut pour
ainsi dire le dernier éclat de la splen-
deur de Chalcédoine (1).
Sur le promontoire Herœon s'élevait
un somptueux p lais qui appartenait
à Théodose ; ce lieu était célèbre chez
les Byzantins. C’est de là que Théodose
écrivit aux chefs des ariens de Constanti-
nople, qu’ils eussent à rentrer dans la
commtu ton de Nicée ou à abandonner
les églises dont ils étaient en posses-
sion. Une assemblée de ces sectaires
ayant eu lieu, les ariens se soumirent
à la sentence de Théodose et quit-
tèrent les édifices qu’ils possédaient
dans la ville, pour s’installer dans ceux
du faubourg. D’après cette maxime
qu’ils avaient adoptée : Si vous êtes per-
sécutés dans une ville, retirez-vous dans
une autre.
L’église de Sainte-Euphémie, décrite
par Évagrius (2), fondée comme nous
avons dit par Constantin, était distante
de deux stades ( 3B8 ni. )du Bosphore,
sur le penchant d’une colline dépendant
d’un faubourg de Chalcédoine. On
avait voulu que les fidèles qui se ren-
daient à l’eglise pussent en même
temps jouir du spectacle de la nature,
du murmure des flots et de la verdure
de la campagne. Son plus bel orne-
ment, ajoute l'écrivain, était l’admi-
rable tableau que présentait la vue de
Constantinople qui s’élevait directe-
(i) Améd. Thierry,/™o-., rS6o.
(a) Gillius, De fi ' , Thrac., lib. III.

ment en face. L’ensemble des cons-
tructions se composait de l’église et de
deux vastes mono; (ères avec des por-
tiques et des promenoirs. C’est la qu’en
l’année 451 se tint le comile contre
l’hérésie d’hutycnès et qui prit son
nom de la vill où il ei.t lieu. Hiéro-
cles classe. Chalcédoine parmi les \illes
de la Pontica prima, et lui assigne le
premier rang parmi les évêchés de la
province.
Dans la seconde année du règne de
Justinien, en 5G i, le 21 mars, le général
sarrasin Almunzar s’empara d’un fau-
bourg de Chalcédoine, et le réduisit en
cendres. C est de ce moment qu’une
croyance s'établit dans Chalcédoine que
le vingt et unième jour du mois était
un jour malheureux. On se rappelait
de sinistres événements arrivés a cette
même date.
L'invasion des Perses suivit à peu
près la même marche que celle des Sar-
rasins ; ils se présentèrent devant Chal-
cédoine, la cinquième année du régné
d'Héraclius, en 715, et comme ils ne
pouvaient pas s'en rendre maîtres im-
médiatement, ils laissèrent un corps
d’observation, et 1 année d’après iis
l’emportèrent (1). Enfin la ville étant
tombée entre les mains des Turcs peu
de temps avant la prise de Constanti-
nople, ils détruisirent les derniers ves-
tiges de ses riches monuments pour
bâtir dans leur nouvelle capitale des
mosquées et des bains. Aujourd’hui on
cherche en vain remplacement de ses
murs et de ses édifices ; mais la fon-
taine d'Hermagoras continue de ra-
fraîchir le sol ; et le petit fleuve Chalcé-
don, sous le nom peu poétique de
Kadi-Keui-Souiou , porte toujours ses
eaux à la mer après avoir arrosé quel-
ques jardins.
Pierre Gilles vit détruire les derniers
vestiges du palais de Rufin, qui fut plus
tard occupé par Bélisaire. Les pierres
de taille étaient transportées à Cons-
tantinople pour construire la mosquée
de Soliman le Grand. Cette destinée
des pierres de Chalcédoine inspire au
savant écrivain de Hammer une triste
monodie dans le genre de celles de Liba-
nius sur Nicomédie! « Ah si ces pierres
(t) Théophane, ans 6 et 7 de Héraclius,
 
Annotationen