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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0085

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ASIE MINEURE.

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pouvaient parler, s'écrie-t-il, elles nous
rediraient les hymnes chantés dans les
fêtes nocturnes de Vénus, les psaumes
qui retentirent dans l’église de Sainte-
Euphémie; aujourd’hui, au lieu des ex-
hortations des Pères de l’Église, elles
n'entendent plus que la voix du mollah
qui leur crie cinq fois par jour : // n’est
d'autre D eu que Dieu, et Mahomet est
son prophète.... Jusqu’à ce qu'un trem-
blement de terre ou une révolution
inattendue leur donne une autre desti-
nation ! »
Les anciens écrivains attestent que
les habitants de Chalcédoine ne se dis-
tinguèrent jamais dans les lettres; mais
ils s’adonnaient avec ardeur a la pêche
des thons et des pélamides, et étaient
devenus très-adroits dans 1’ rt de fa-
briquer et de tendre les filets. Les pois-
sons du genre scombre sont en effet
très-nombreux dans le Bosphore ; à
certaines saisons ils remontent le cou-
rant pour aller frayer dans la mer
Noire , et redescendent ensuite pour
gagner la Méditerranée et continuer
leur pérégrination autour du globe. La
ville de Chalcédoine avait deux ports
formés par deux promontoires; l'un,
nommé Acritas, portait à son extré-
mité un temple de Vénus Marine;
l’autre, qui s’appelle aujourd’hui Fa-
nar bouroun, est regardé par Pierre
Gilles comme l'ancien Hœreum pro-
montorium. Le grand port fut défendu
par un môle, ouvrage du questeur et
proicspathaire Eulrope, qui lui donna
son nom. L’autre port plus au nord
s’ouvrait sur le Bosphore, Justinien y
lit faire quelques ouvrages et notam-
ment des casemates pour les barques
que l’on (irait à sec sur le rivage. Cet
usage est encore suivi à Constanti-
nople, et ces sortes de remises sont ap-
pelées Kaïk-Hané, maisons de bateaux.
Justinien fit construire un palais non
loin du promontoire Hœreon, nous
avons dit que Théodose en possédait
déjà un au même lieu. On y voyait aussi
une église de Saint Jean ; et comme le
rivage était couvert de plantes marines,
on appelait cette plage CaJamotuin. Pro-
cope nous apprend que par les ordres
de Justinien un môle, supporté par des
arcades, fut construit dans le but de
rendre le grand port plus sûr. De nom-

breuses constructions en ornèrent les
abords.
Lorsque les habitants du moderne
village de Kadi Keui font quelques
fouilles pour planter des arbres ou
élever quelque muraille, il est rare
qu’ils ne tombent pas sur d’antiques
fondations. Tous les fragments qu’on a
mis a découvert datent des temps by-
zantins ; il y a longtemps que le dernier
vestige de la ville grecque a disparu.
Les médailles qu’on exhume a de rares
intervalles sont aussi du bas empire; il
est même difficile de s’en procurer.
LA FONTAINE ZARETA.
Il y aurait aux environs de Chalcé-
doine une curiosité archéologique et
naturelle à rechercher : c’est la fontaine
Zaréta, citée par pli sieurs écrivains
anciens et qui nourrissait de petits cro-
codiles.
Étienne de Byzance la mentionne en
ces termes (l) : « Il y a une fontaine au-
dessus delà merde Chalcédoine nourris-
sant de petits crocodiles,» et Strabon(2),
« on trouve dans la Bithynie la vile de
Chalcéuoine .., lebourgde Chrysopolis
et le temple chalcédonien ; au dessus de
ceslieux etnonlom de la mer la fontaine
Azarétia. qui nourrit de petits croco-
diles. » D’autres écrivains, notamment
Stace (3) et Antigonus de Caryste (4),
parlent aussi de ces animaux ; le premier
les appelle des lézards byzantins ( By-
zantiacos lacertos}. C’était sans doute
une espèce de salamandre et non pas
de lézards (5), car ces animaux ne vi-
vent pas dans l’eau.
Le faubourg de Drys à Chalcédoine
avait pris l’accroissement d’une ville;
aussi est il désigne par les écrivains du
temps comme une ville et un port de
mer (6). Cédrénus n’en parle que comme
d’un faubourg qu’on nommait de son
temps Rufiniana. Du temps de N. Ca-
liste, il gardait encore le nom de Rufin.
(1) V. Zareta.
(2) XII, 563.
(3) Liv. 4. .
(4) H'stor. Mirab., cap. 164.
(5; Foy. Slrabon, traduction fr.nçaise,
toni. 4, P- 79- ~*T
(6) Sucrai., Hist. eccles., 1. VI, ch. 14.
 
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