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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0086

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76

L’UNIVERS

Le faubourg de Drys ou du Chêne avait
pris son nom d’un chêne gigantesque
qui en faisait l’ornement.On disait aJors
le faubourg de Ruphin.
CHAPITRE VII.
CHRYSOPOLIS. — SCUTARI. — USKU-
DAR.
A dix stades environ de Chalcédoine
et dans le territoire appelé Chalcedo-
nia (1) se trouvait l’arsenal des Chalcé-
doniens, qu’on appelait Chrysopolis, et
dont l’emplacement est occupé par la
ville moderne de Scutari, nommée Us-
kudar par les Turcs. La ville s’élève sur
une pente douce au pied du mont Boul-
gourlou, du haut duquel on jouit du
plus magnifique panorama qu’il soit
possible d’imaginer ; en aucun lieu de
la côte la vue du Bosphore et de Cons-
tantinople ne se développe d’une ma-
nière aussi splendide.
L’antique Chrysopolis était, sous
l’empire des Perses, le lieu où se ver-
saient les tributs levés sur les peuples
de la presqu’île; c’est de laque lui vint
le nom de la ville d’Or. Etienne de
Byzance, qui rapporte les traditions des
Grecs, nous les montre fidèles à leur ha-
bitude de faire dériver tous les noms des
villes et des peuples de quelque héros
de leur race; selon cet auteur Chry-
sès, fils de Chrvseis et d’Agamemnon,
fuyant la persécution d’Ægiste et deCly-
temnestre, se retira en Asie, et mou-
rut en ce lieu, où il eut sa sépulture. En
commémoration de ce fait, la ville fut
appelée Chrysopolis. Quoique le voisi-
nage de Byzance ait toujours été un
obstacle à l’accroissement de cette ville,
comme elle se trouve être le point de
l’Asie le plus avancé du côté de l’Eu-
rope. elle fut toujours un lieu de tran-
sit assez fréquenté Les Dix mille, après
avoir quitté Trebizonde, s’arrêtèrent
pendant sept jours à Chrysopolis pouf
y vendre leur butin (2). Les Athéniens
s'étaut emparés de Chrysopolis, l’en-
touièrent d’une muraille, et en firent
une place où se versait l’argent prove-
nant des dîmes perçues sur tous les
(i) Xénophon, Anab.> VI, 6, 36.
(a) Xénoph., I. 6.

navires qui traversaient le Bosphore en
venant du Pont-Euxin. Une flotte de
trente voiles sous deux commandants
veillait à la sûreté du port. Une partie
de ce port fut comblée, lorsque la ville
de Chalcédoine fut détruite, et l’autre
partie, sous les empereurs byzantins,
pour empêcher les barbares d’y trouver
un refuge. Les derniers vestiges de ce
port disparurent au commencement du
seizième siècle lorsque la fille du sultan
Soliman fit bâtir la mosquée qui porte
son nom. Quelle que fut son impor-
tance commerciale du temps des Grecs,
Chrysopolis ne subit aucun accroisse-
ment pendant le règne des rois de Bi-
thynie. Strabon ne la mentionne que
comme un village dépendant de Ghal-
cédoine. Son nom acquit quelque célé-
brité, parce que c’est dans le voisinage
de Chrysopolis que Licinius fut vaincu
par Constantin en l’an 324, et la dix-
neuvième année de son règne. Licinius,
prisonnier, fut conduit à 1 hessalomque,
où il eut la tête tranchée. Le nom de
Scutari, qu’on ne trouve pas dans les
auteurs anciens, vient sans doute de ce
que cette ville renfermait un cor> s des
scntarii, porte-boucliers, équités primi
scutarii, créé avec les sagittarii par
l’empereur Valons. Ils précédaient le
corps des seconds scutaires et se trou-
vaient sous les ordres du maître des mi-
lices pour l’Orient (1). Selon M. deHam-
mer, le nom uskudar est perse et cor-
respond au mot deastandar, que Xéno-
plion emploiepour désigner les courriers
impériaux, les angan des Perses.
LES COURRIERS EN ORIENT DANS
l’antiquité et de nos jours.
Les Perses avaient établi à Chryso-
polis une station de courriers qui por-
taient les ordres dans tout l’empire, et
cette institution fut soigneusement con-
servée par l’empire romain. Auguste
imita les Perses en établissant une cor-
poration de veredarii ou courriers qui
avaient des stations tous les cinquante
milles. Là on trouvait non-seulement des
chevaux de rechange, mais encore des
voitures à deux et à quatre roues qui
pouvaient porter jusqu’à mille livres.
(i) Notice de l’Empire, p. 5q.
 
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