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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0088

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78

L’UNIVERS.

Non-seulement ils ont le droit de pren-
dre dans chaque mensil hané les che-
vaux qui leur sont nécessaires; mais
dans les villages ou même sur les routes
nul cavalier n’oserait refuser de troquer
son cheval contre celui d’un Tatar en
mission, quitte à retrouver sa monture
dans la maison de poste, prochaine. Les
tatars sont reconnaissables à leur cos-
tume particulier; ils portent un grand
béniche, sorte de robe rouge avec le fez,
et tout l'attirail de campagne ne les
quitte jamais; nous voulons parler des
armes de toute sorte et des accessoires
de la pipe.
TÉLÉGRAPHIE CHEZ LES BYZANTINS.
Indépendemment de cette transmis-
sion terrestre des ordres impériaux, les
souverains de Byzance avaient établi
une ligne de télégraphie aérienne
nocturne entre Tarses et la vdle de
Seutari. La première station était placée
sur le mont Boulgourlou Ce système de
signaux correspondait avec Constanti-
nople, soit a la tour des vedettes (î),
soit à la tour du centenier voisine du
palais. L’invention de ces signaux re-
monte aux plus anciens temps histori-
ques. La prise de Troie fut annoncée à
la Grèce par des signaux nocturnes qui
se répétèrent de proche en proche sur
les sommets de toutes les montagnes (2).
Les Gaulois connaissaient le même
moyen de correspondance; mais l’or-
ganisation régulière des signaux télé-
graphiques ne date que du neuvième
siècle de notre ère. Ils furent perfec-
tionnés sous ie règne de Théophile par
Léon le Philosophe, évêque de Thessa-
lonique. La nécessité de connaître les
mouvements des Sarrasin- avait fait or-
ganiser ce service; les feux étaient dis-
posés de manière à former des chiffres
qui correspondaient à des phrases; huit
stations étaient établies entre Tarsus et
la capitale. La première à Kola dans
le voisinage de Tarsus (sans doute
Kidek-Boghaz )(3), une seconde sur les
hauteurs du mo.it Argée (4). Les autres
(1) Cohortes vigilium.
(2) Eschyle, Agamemnon, v. 281,283.
(3) Voyez page 3t.
(4) Continuator Theophanis, IV, § 35, ap
Hammer, lec. cit,

stations étaient sur les sommets Isamos,
Ægylos, Manias, Kyrizos, Mokilas (1),
et la dernière sur le sommet du mont
Auxent (Boulgourlou), où était le monas-
tère des Acœmites (qui ne dorment pas).
Ce dernier point correspondait directe-
ment avec le palais. Il est fait mention
de cette télégraphie dans l’histoire by-
zantine au sujet de l’empereur Mi-
chel 111 en 842. Ce prince, abandonnant
les soins de l’empire, se livrait avec em-
portement aux jeux du cirque. Un cour-
rier du palais vint au moment des cour-
ses lui annoncer que les Sarrasins ve-
naient d’envahir une des provinces de
l’empire. Il fit écarter cet importun et
ordonna d’éteindre les feux qui dans les
temps d alarme avertissaient tous les
pays situés entre Constantinople et Tar-
sus (2).
Le promontoire de Seutari forme la
véritable limite entre le Bosphore et la
Propm.tide; c’est à cette place que, se-
lon la tradition des Grecs, la vache lo
aurait traversé la mer; aussi le cap de
Seutari était-il appelé Damalis ou le cap
de la Vache. Si l’on veut chercher une
source historique à ce nom de Damalis,
il faut franchir plusieurs siècles et ar-
river à l’époque d’Alexandre. Philippe
de Macédoine assiégeait Byzance, qui
était défendu par Charès, général athé-
nien. Sa femme Damalis étant morte
pendant le siège, les Byzantins, pour
reconnaître les services que leur avait
rendus Charès, élevèrent un tombeau a
Damalis sur le cap de Seutari et dres-
sèrent une colonne portant la ligure em-
blématique d’une vache (3).
Seutari est du petit nombre des villes
d’Asie qui n’ont pas vu leur prospérité
déchoir avec la domination musul-
mane. Faubourg de Constantinople
comme elle l'était de Cbalcédoine, c’est
toujours le lieu de casernement des
principales troupes réunies autour de
la capitale, et de magnifiques casernes,
qui s augmentent tons les jours, peuvent
recevoir des corps d’artillerie et de ca-
valerie.
Autant par esprit de religion que
(1) Aujourd’hui inconnus.
(2) Gibbon, règne de Michel.
(3) Codin d’après Denys de Byzance (Da-
malis).
 
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