Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0089

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ASIE MINEURE.

79

pour plaire aux troupes cantonnées à
Scutari, la plupart des sultans ont con-
tribué à embellir Scutari de plusieurs
monuments remarquables ; les fontaines
y sont décorées avec goût et de nom-
breuses mosquées rompent, par la forme
élégante de leurs coupoles et la multi-
plicité de leurs minarets, l’uniformité
des lignes du paysage. Moins voisine de
Constantinople, Scutari passerait pour
une ville remarquable.
MOSQUÉE DTJ SULTAN SOLIMAN.
Le sultan Soliman, fils de Sélim, lit
bâtir en 1547, en l’honneur de sa fille
Mihrma sultane, une mosquée qui est
restée la plus belle de la ville. Elle est
située au bord de la mer ; les nombreuses
coupoles de son avant-cour (harem)
sont couvertes de plomb et soutenues
par des colonnes de marbre.
La mosquée bâtie par la mère du sul-
tan Mahomet III est située dans la par-
tie sud de la ville; elle fut bâtie en
1597, et est imitée d’une église grecque
de Constantinople qu’on appelle Kilicé-
Djami-si. La grande coupole est entou-
rée de six autres demi-coupoles dispo-
sées en polygone et quatre autres s'élè-
vent dans les quatre angles. Cet édifi e
est situé sur une éminence non loin du
marché aux chevaux (at bazari) et do-
mine presque toute la ville.
Différentes sultan s et princesses ont
suivi le même exemple et ont orné la
ville de Scutari d’édifices religieux, de
tekkès ou couvents de derviches et
d’hospices pour les pauvres. Tous ces
monuments ont été bâtis a une époque
où l’architecture turque abandonnait
l’école arabe, dont elle avait été un re-
flet original, pour se jeter dans l’archi-
tecture bâtarde qui n’est ni musulmane
ni chrétienne. La mosquée de Sélim III
en est un exemple dé, lorable. Quoique
bâtie en marbre et décorée avec un cer-
tain luxe, on ne trouve ni dans son en-
semble ni dans les details de ses. orne'
ments rien qui rappelle plutôt l’orient
que l’occident ; c’est un style qui n’a pas
même pour lui l’originalité de la bar-
barie. Les princes musulmans qui ont
doté la ville de Scutari de tant de mo-
numents religieux n’ont pas oublié d’y
joindre ceux qui. bien que se rapportant

àia viecivile, n’en sont pas moins regar-
dés comme des fondations pieuses. Nous
voulons parler des bains et descaravan-
seraïs. Ces derniers édilices sont dignes
d’une ville qui est la première place de
transit entre l’Asie et l’Europe, ils sont
nombreux et largement installés. On
est toujours certain d’y rencontrer des
caravaneurs arméniens pour des voyages
de long cours’; ils sont aussi disposes à
partir pour la Perse et l’Afganistan que
pour les environs de Smvrne ; mais
pour tout ce qui concerne l’equipement
du voyage, c’est à Constantinople seule-
ment qu’on peut se les procurer.
La ville de Scutari est entourée d’un
immense champ des morts planté de cy-
près séculaires, qui font de ce lieu un
des sites les plus remarquables des en-
virons de la capitale. Il n’y a pas en
Asie d’autres jardins publics que les ci-
metières. Ce sont des lieux de prome-
nade aussi bien que de recueillement. La
mort n’est pas envisagée par les niu>ul-
mans sousle même point de vue que par
les chrétiens, et 1 idéed’uneautre vie leur
cause plutôt un sentiment de quiétude
que de tristes-e. La terre d’Asie étant
la patrie commune de tous les Osman-
lis , les principaux habitants de Cons-
tantinople attachent un certain prix à
l’idée d’aller reposer où reposent leurs
ancêtres, et font transporter leur dé-
pouille mortelle à Scutari. Cependant
le grand cimetière n’est pas décoré de
monuments somptueux, de chapelles
sépulcrales ou Turbéh, comme on en
voit un grand nombre à Constantinople.
Autrefois la dignité du mort était indi-
quée sur sa tombe par la forme du tur-
ban qui couronnait la pierre tumulaire;
aujourd’hui c’est le simple fez qui in-
dique la sépulture des grands comme
des marchands. Lés tombeaux des fem-
mes sont décorés d’une simple inscrip-
tion au milieu de laquelle est sculpté
un cyprès la tête penchée ; c’est le sym-
bole. de l ame qui s'est envolée au ciel.
Une fois le mort déposé dans h tombe,
la famille vient quelquefois rendre vi-
site a la sépulture; mais le tombeau
reste sans gardien sous la protection
de la piété publique, sans que jamais on
songe à sa réparation ou à son entre-
tien. Aussi quoique le cimetière de Scu-
tari date de rétablissement des Turcs
 
Annotationen