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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0100

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90

L’UNIVERS.

Le cours du fleuve qui arrose cette
vallée, grossi par les eaux et la fonte
des neiges, vient chaque année ronger
peu à peu la base des falaises, qui s’é-
croulent en élargissant la vallée. Il n’est
pas difficile de trouver au milieu des
cailloux qui encombrent le lit des ruis-
seaux des fragments de jaspe rubané
rouge et vert d’une grande beauté; les
parties polies par les eaux laissent voir
les plus brillantes couleurs.
En continuant la route, on se trouve
sur une formation schisteuse qui en-
gendre des rocs pointus et des formes
très-tourmentées; on arrive ensuite à
une vallée transversale qui est un des
affluents du Sangarius ; c’est une ri-
vière rapide, dont les eaux sont jau-
nâtres et charrient beaucoup de sable
elle coule au milieu d’une formation
de poudingue très-dur, qui s’étend pres-
que jusqu’à Nicée.
La ville de Geïveh est située sur la
rive droite du Sangarius ; on traverse le
fleuve sur un pont musulman de six
arches, ouvrage du sultan Bayazid. La
vallée a environ quatre kilomètres de
large. Geïveh est dans la plaine, et du
côté du sud la vue est bornée par la
ligne des montagnes du Toumandji
dagh, qui fait partie de la chaîne de l’O-
lympe. De nombreuses cultures de mû-
rier et des jardins bien arrosés cou-
vrent les environs. Les melons et les
fruits de Geïveh sont célèbres dans la
contrée; mais la difficulté de transport
qui existe dans toute la Turquie d’Asie
force de les consommer presque sur
place; on en porte cependant jusqu’à
Broussa. Geïveh était autrefois une ville
assez considérable; elle avait au delà de
trois cents maisons; elle fut totalement
ruinée par une inondation du Sangarius
qui la rasa presque entièrement sous le
règne de Mourad IV ( 1640 ); jamais
elle ne s’est relevée de cet échec. Les
maisons construites depuis cette époque
paraissent avoir été bâties en prévision
d’une autre inondation; elles sont pour
la plupart élevées sur de grands piliers de
bois et bâties en terre battue.
U y a plusieurs caravanséraïs et une
chétive mosquée; autrefois elle avait
plusieurs écoles et des mosquées, qui ont
disparu.
On trouve à Geïveh assez de vestiges

d’antiquité pour être certain qu’elle oc-
cupe la situation d’une ville antique ; il
y a sur la grande place plusieurs dé-
bris de sarcophages, et un autel orné
de palmettes sur lequel on lit en grands
caractères le nom AXIAAEÏ2; un autre
fragment decippe en marbre porte sur
sa partie supérieure la trace de deux
pieds qui appartenaient à une statue de
grandeur naturelle.
En jetant les yeux sur les itinéraires
anciens, on reconnaît une ville de Tot-
tœum, située sur la route de Constanti-
nople à Antioche, entre Oriens Medio
et Dablis, à vingt-huit milles de la pre-
mière et à égale distance de l’autre.
Tottœum se trouve également sur la
route de Nicée à Ancyre, et dans la
vallée du Sangarius elle" est marquée à
quarante milles de Nicée, distance qui
convient parfaitement à Geïveh (1);
Dablæ est à vingt-huit milles, etDadas-
tana, où mourut l’empereur Jovien (2),
à quarante-cinq milles. La tablede Peu-
tinger est aussi d’accord avec ces dis-
tances. Dadastana est marquée par Am-
mien Marcellin comme étant sur la
frontière de la Bithynie et de la Ga-
latie. Il y a sept heures de marche ou
vingt-huit kilomètres entre Sabandja et
Geïveh.
Ak seraï, la Maison blanche (douze
kilomètres de Geïveh), petite ville sans
importance, est située sur la rive gauche
du Sangarius, que l’on traverse sur un
bac en venant de Geïveh ; les fragments
d’architrave et de colonnes que l’on peut
trouver dans Ak serai proviennent de
Lefké, l’ancienne Leucæ, qui en est dis-
tante de huit kilomètres ; mais elle n’est
pas sur la route directe de Nicée.
LEUCÆ.
La ville de Leucæ est située sur une
petite rivière appelée Lefké sou que le
colonel Leake et d’autres géographes
ont démontré être la même que le fleuve
Gallus, qui, selon Strabon, prenait sa
source dans la Phrygie Hellesponti-
que (3) et allait se jeter dans le San-
gariusàtrois cents stades deNicomédie;
(i) Itinér. 141.
(a) Ammien Marc., 1. XIV, ch. x.
(3) Strabon, XII, 543.
 
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