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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0102

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92

L’UNIVERS.

les contre-forts inférieurs de l’Olympe,
le bassin du lac a été de tout temps cé-
lèbre par sa fertilité; mais les anciens
avaient déjà remarqué que la pureté de
l’air ne répondait pas a la beauté du
pays, et que les habitants alors, comme
aujourd’hui, achetaient par des maladies
épidémiques les avantages du climat (1).
Suivant Étienne de Byzance (2), elle fut
dans l’origine colonisée par les Bottæi,
qui lui donnèrent le nom d’Ancora
(■’Ayzdjpr) ). Mais on a peu de docu-
ments sur cette ville du temps de la
Bithynie indépendante ; il n’est pas même
bien certain qu’elle ait existé à cette
époque; car, selon Strabon, son origine
est moins ancienne. Elle a été fondée
par Antigone, fils de Philippe, qui la
nomma Antigonia; ce qui ferait re-
monter son origineà l’an 315 avant J.-C.,
époque où Antigone devint maître de
toute cette partie de l’Asie, après la
mort d’Eumène. Après la chute d’An-
tigone, la ville tomba entre les mains de
Lysimaque, qui l’appela Nicée, du nom
de sa femme, fille d’Antipater.
Voilà à peu près tout ce que nous sa-
vons de l’origine de la Nicée grecque,
dont l’histoire avait été écrite par Mé-
necratès, cité par Plutarque dans la vie
de Thésée. Quoique Strabon donne à
Nicée le titre de métropole, Nicomédie
lui contesta toujours ce privilège, et
l’antipathie qui existait entre ces deux
villes se manifesta dans plusieurs occa-
sions; ainsi, dans la lutte entre Niger
et Sévère, Nicomédie s’étant déclarée
pour ce dernier, Nicée, par haine pour
les Nicomédiens, embrassa le parti de
son adversaire, et les deux villes pri-
rent les armes pour soutenir les chefs
qu’elles avaient choisis (3). Les rois de
Bithynie habitèrent constamment cette
dernière ville, dans laquelle se trouvait
leur palais. Dans les médailles frappées
sous les empereurs, Nicée n’est point
désignée comme métropole; cependant
plusieurs inscriptions tracées sur les
portes semblent attester qu’elle prenait
ce titre sur ses monuments publics.
Il paraîtrait que Nicée conserva cette
qualification pendant plus d’un siècle,
(1) Strabon, liv. XII, p. 565.
(2) Voce Nicæa.
(3) Cf. Herodien, liv, III, ch. 2.

puisqu’elle la portait encore vers l’an
120 de J.-C. A cette époque, elle était
le lieu de résidence des proconsuls;
sous Néron, Caius Pétronius (1); sous
Hadrien, Sévère, qui depuis fut em-
pereur; sous Trajan, Servilius Cal-
vus, y exercèrent cette dignité. Constan-
tin, en témoignage du respect pour le
premier concile général qui s’y était as-
semblé (2), affranchit Nicée de la juri
diction de Nicomédie. Mais l’empereur
Valens, qui persécuta les chrétiens de
cette contrée, lui enleva le titre de mé-
tropole pour le rendre définitivement à
Nicomédie. C’esf sans doute alors qu’elle
dut l’effacer de ses monuments, comme
nous l’avons vu dans les inscriptions ci-
tées plus haut.
Les tremblements de terre qui rava-
gèrent cette partie de l’Asie, à différentes
époques, 11’épargnèrent pas la ville de
Nicée. L’empereur Hadrien , vers 120 de
J.-C. (3), rebâtit les murailles, et fit cons-
truire les deux portes de marbre blanc
qui existent encore au nord et à l’est.
Sous le règne de Valérien, en 259,
les Scythes, qui avaient fait invasion en
Bithynie, prirent et pillèrent Nicée; de
là, ils se dirigèrent vers Cyzique, mais
furent arrêtés par le fleuve Rhyndacus,
subitement grossi par les pluies; ils brû-
lèrent Nicomédie et Nicée, qu’ils s’é-
taient d'abord contentés de ravager. Le
séjour de ces barbares en Bithynie ne
fut pas de longue durée, et les villes
qui avaient souffert de leurs invasions
se relevèrent bientôt de leurs ruines. On
employa dans la construction des murs
les débris des édifices que les Scythes
avaient renversés; les plus beaux frag-
ments d’architecture, les stèles et les
piédestaux qui contenaient les actes pu-
blics de la ville et qui mentionnaient les
services rendus par les citoyens, furent
employés pêle-mêle avec les matériaux
bruts. Les colonnes des temples, cou-
chées comme des pièces de bois, servi-
rent à affermir les fondations des tours
ébranlées parles machines. Peu à peu,
tout ce qui restait de l’ancienne Nicée
disparut de son enceinte et fut remplacé
par des édifices bâtis à la hâte, qui ne
(1) Tacite, lib. XVI, 18.
(2) Dion Chrysostome, Orat. XXXVIII.
(3) Eusèbe, Chronieon.
 
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