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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0106

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96

L’UNIVERS.

par les empereurs grecs avaient été
mises en bon état, et la triple ligne de
circonvallation qui défendait son en-
ceinte fit l’admiration des croisés, et,
loin de les intimider, redoubla leur
courage. Un large fossé communiquant
avec le lac était toujours rempli d’eau ,
et le revers du côté de la place était
défendu par un agger flanqué de tours,
formant un chemin couvert de seize
mètres de large en avant du rempart,
lequel avait dix mètres de hauteur sur
une épaisseur de quatre mètres. De dis-
tance en distance, des tours de dix-neuf
mètres de hauteur et de dix mètres de
diamètre protégeaient la muraille et le
chemin de ronde qui circulait tout au
tour de la ville.
La forme de la ville est irrégulière,
et son grand axe se dirige du nord au
sud ; toute la partie sud est défendue
par le lac, sur lequel il n’y avait pas
d’embarcations. La porte du Nord con-
duisait vers le mont Arganthonius,
dont les collines sont boisées et cou-
vertes de jardins. La porte de l’est
s’ouvre sur la grande vallée qui forme
le prolongement du bassin du lac, et la
porte du sud communique avec la route
qui conduit à Broussa par la montagne.
Toutes ces portes étaient défendues par
un double rang de tours et par des che-
mins tortueux que formaient les res-
sauts de l’agger, et qui forçaient l’as-
saillant de passer immédiatement sous
les traits de la place. Telle était la ville
que les chrétiens vinrent assiéger au
nombre de six cent mille fantassins et
cent mille cavaliers cuirassés. Le duc
Godefroi se chargea d’attaquer l’est de
la ville, c’est-à-dire, la porte de Lefké
et les remparts qui la défendaient.
Bohémond et Tancrède occupèrent la
position du nord L’ouest de la ville fut
bloqué avec difficulté par Hugues le
Grand et l’évêque Adhémar. Le valeu-
reux comte de Toulouse, arrivé depuis
peu, défendit la position du sud; ce
fut ce corps d’armée qui eut à soutenir
le premier engagement avec les Sarra-
sins. Soliman, qui était en embuscade
dans les défilés situés au sud du lac
( il occupait probablement le territoire
de Yenicheher) , voulant dégager les
abords de Nicée occupés par les chré-
tiens, s’élance sur la troupe de Ray-

mond de Saint-Gilles, et est repoussé
après des prodiges de valeur. Les chré-
tiens , non moins barbares que leurs
ennemis, coupèrent les têtes des morts,
et les jetèrent dans la ville à l’aide de
leurs machines.
La ville était investie de trois côtés,
et les chrétiens veillaient jour et nuit à
ce qu’aucun convoi de vivres ou de
munitions ne put être introduit dans
Nicée. Mais à l’ouest les murs étaient
baignés par les eaux du lac Ascanius,
qui offraient une communication facile
avec le dehors. Les chrétiens, n’ayant
à leur disposition ni barques ni bateaux,
se trouvaient dans l’impossibilité de ré-
duire la ville par la famine. Soliman
lui-même prenait souvent la voie du lac
pour aller voir sa femme et son fils,
qu’il laissait dans la place pour mieux
encourager les assiégés à résister aux
croisés.
Plusieurs semaines s’étaient écoulées
sans que les croisés eussent tenté un
assaut; chaque jour on inventait des
machines pour renverser les murailles.
Parmi les princes les uns dirigeaient les
balistes, les autres fabriquaient des bé-
liers de fer pour battre en brèche les
remparts, mais le génie des Sarrasins
ne le cédait pas à celui des Francs. Les
portes avaient été fermées avec soin
par des herses de fer glissant dans des
rainures, et les murailles garnies de
machines de toutes sortes écrasaient les
assiégeants sous des quartiers de roche,
ou enlevaient avec des crochets de fer
les combattants qui s’approchaient trop
près des murailles , et les laissaient re-
tomber morts ou mutilés. Les têtes
des vaincus servaient de part et d’autre
de projectiles, et chaque fois que les
Sarrasins effectuaient une sortie, les
têtes de ceux qui succombaient étaient
coupées et portées à l’empereur de
Constantinople, comme un sanglant
trophée. En récompense, Alexis envoyait
aux croisés des vivres et des chariots
chargés d’armes, de munitions et d’ha-
billements.
Les chefs de l’armée, fermement
résolus à s'emparer de Nicée, pour ne
pas laisser entre les mains de leurs en-
nemis une place aussi importante, se
décidèrent à pousser le siège avec vi-
gueur. Deux seigneurs croisés, Henri
 
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