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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0108

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L’UNIVERS.

98
Cette flottille était sous les ordres du
capitaine Butumites, que les historiens
des croisades appellent Tatin, et qui
était particulièrement attaché à la per-
sonne de l’empereur. Lorsque les mu-
sulmans virent les murailles du côté du
lac cernées par les barques des chrétiens,
leur courage commença à les abandon-
ner. Du côté des chrétiens, au contraire,
l’attaque fut poussée plus vigoureuse-
ment ; le côté du midi, c’est-à dire de
la porte de Yéni cheher, où comman-
dait le comte de Toulouse, était remar-
quable par une tour d’une grande élé-
vation; près de là se trouvait le palais
des sultans, qu’Anne Comnènenomme
sultanikon, et où demeuraient la femme
et la sœur de Soliman. Ce palais était
sans doute le même que celui qui fut
construit par les empereurs grecs et
restauré par Justinien. Tous les efforts
des croisés se tournèrent vers ce point,
et les machines les plus puissantes fu-
rent approchées pour battre en brèche
et renverser la tour. Ils parvinrent, à
l’aide d’un bélier très-solide, traîné à
force de bras, à faire dans la muraille
une ouverture assez grande pour que
deux hommes pussent y passer. La nuit
ayant mis un terme aux travaux du
siège, les chrétiens s’aperçurent avec
découragement que les Turcs avaient
profité de leur repos pour réparer tous
les dommages de la veille. Un des as-
saillants, Lombard de naissance, pro-
pose enfin de construire une machine
au moyen de laquelle la muraille sera
sapée sans danger pour les assaillants.
Les chefs des croisés lui fournissent
l’argent et les matériaux nécessaires,
et bientôt les Turcs voient une tour de
bois, dont la hauteur égale celle des
remparts, s’avancer lentement, et venir
s’appliquer contre la muraille, sans que
les combattants qu’elle contient soient
exposés aux traits de la ville. La mu-
raille est minée ; les pierres de la base
sont remplacées par des pièces de bois ,
et bientôt le feu, consumant ces sup-
ports , amène la chute du rempart, qui
s’écroule en entraînant la tour, objet
d’une attaque si bien combinée. Cet
événement acheva de démoraliser les
assiégés, d’autant plus que la femme
de Soliman , voyant sa retraite menacée
par la chute de la tour, fit une tentative

pour fuir par le lac; mais elle fut ar-
rêtée avec son fils, et livrée aux princes
croisés. C’est alors que les musulmans
envoyèrent des députés à Godefroi pour
traiter de la reddition de la place; Bu-
tumites, qui avait reçu des instructions
secrètes de l’empereur Alexis, pénètre
dans la ville, et décide les Ottomans à
rendre de préférence la ville à l’empe-
reur. Cette proposition fut acceptée,
et les princes croisés virent sans envie
une trahison qui les privait du fruit de
leur victoire. Mais, sous le rapport po-
litique, ils avaient atteint leur but :
car, devant s’enfoncer dans l’intérieur,
ils étaient sûrs de ne pas laisser sur
leurs derrières un ennemi redoutable.
En 1106, la ville de Nicée fut remise
par l’empereur Alexis aux princes seid-
joukides. A la mort du jeune Alexis,
Andronic Comnène, peu de temps après
son avènement à l’empire, en 1183 , se
présenta devant les villes de Pruse et de
Nicée, qui lui refusaient l’obéissance;
Nicée ayant été réduite, fut saccagée
par les troupes impériales, qui y com-
mirent des cruautés inouïes (1); mais
elle revint aux Comnènes, au moment
de la prise de Constantinople par les
Latins, et l’empereur Théodore Lasca-
ris, qui s’y fit couronner en 1203, y éta-
blit le siège de l'empire de Nicée.
N la chute de l’empire des Seldjou-
kides, les Osmanlis s’emparèrent rapi-
dement de leurs anciennes provinces.
Orkhan eut d’abord à se rendre maître
des places de Broussa et de Nicée,
dont son père avait préparé la conquête.
A cette époque, Andronic le Jeune ré-
gnait à Constantinople (1330). La prise
de Nicée n’offrit pas à l’armée ottomane
moins de difficultés qu’à celle des croi-
sés, et la marche du siège fut exacte-
mentla même. Orkhan s’empara des pe-
tits forts construits dans les plaines en-
vironnantes, et bloqua la place assez
étroitement pour que les habitants,
pressés par la famine, songeassent à lui
ouvrir leurs portes. Il s’empara du fort
de Karatekin, voisin de Nicée, ce qui
acheva d’intercepter toute communica-
tion avec le dehors. Enfin, les habi-
tants, épuisés par des assauts multipliés
et par un blocus de plusieurs années,
(i) Art de vérifier les dates, p. 445.
 
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