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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0117

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ASIE MINEURE.

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tintement ou moyennant une faible re-
devance, il y avait des cuisines publi-
bliques ( imarets ) et des bains: entre-
tenus aux frais d’un fondateur, qui
étaient ouverts aux pauvres à certains
jours et à certaines heures. Ce zèle re-
ligieux ne se ralentit pas sous les suc-
cesseurs d’Orkhan ; la ville de Broussa
fut richement dotée de monuments pu-
blics par le sultan Mourad. Nicée ne
fut pas oubliée par les lieutenants de
ce prince, et le plus gracieux monument
d’architecture arabe, qui existe encore
à Nicée, le temple appelé vulgairement
la Mosquée verte ( Yechil-Djamy) est
une des fondations de Khayr-Eddin pa-
cha, grand vizir de Mourad Ier. Ce
ministre, célèbre dans l’histoire otto-
mane par la prise de Salouique, dont
il s’empara après un siège sanglant,
laissa dans l’histoire une brillante répu-
tation de sagesse et de bravoure. 11 mou-
rut à Yeni cheher, en Europe, en 1386,
peu de temps après la prise de Salo-
nique.
L’obligation où sont tous les musul-
mans de faire au moins une fois dans
leur vie le pèlerinage de la Mecque peut
être rachetée par des aumônes propor-
tionnées au rang et à la fortune des
croyants. C’est pour payer leur dette
de pèlerinage que les sultans ont élevé
dans Constantinople ces mosquées qui
font l’ornement de la ville. Le grand vi-
zir Khayr-Eddin, constamment engagé
dans des guerres qui ne lui laissèrent
pas le loisir d’accomplir ce pieux de-
voir, fonda la mosquée de Nicée, con-
formément à cette sentence du Coran :
« Celui qui élève une mosquée en l’hon-
neur du Seigneur notre maître, Dieu
lui élève une maison dans le Paradis. »
L’édifice que nous décrivons a cela de
remarquable qu’il doit être regardé,
non comme une oeuvre des artistes turcs,
mais comme le dernier vestige des arts
des Seldjoukides dans l’occident de l’A-
sie Mineure.
L’édifice est quadrangulaire; il a
26 mètres de long sur 12 “,74 de
large. En avant du temple, il existe
un porche en marbre blanc composé,
sur la façade, de trois arcades ogivales,
portées par deux colonnes de granit
rouge, et en retour de deux arcades que
séparé une seule colonne. Les deux ar-

cades latérales sont formées par des
barrières de marbre, découpées à jour
avec une délicatesse extrême. Au-dessus
de la porte, on lit cette inscription,
dont les caractères sont gravés en re-
lief, selon l’usage des musulmans :
Au nom du Dieu clément et miséricor-
dieux, ce noble imaret a été bâti et consacré
dans un esprit de piété sous le règne du
grand prince Cheub-Eddin Mourad Ier, fils
d’Ourkhan.... Khayr-Eddin, fils d’Ali Al-
djindéré, que Dieu fasse miséricorde à tous
deux, dans l’année sept cent quatre-vingt.
Louange au Dieu uniqne.
Sur la porte du portique on lit cette
autre inscription , tracée sur une seule
ligne :
« Cette mosquée, asile des oulémas,
a été bâtie par le vizir Khayr-Eddin-
Pacha, l’an 775 (1373-1378). » La dif-
férence de ces deux dates indique sans
doute l’époque de là fondation et l’é-
poque de la consécration. Quant au mot
imaret employé dans la première, il est
usité chez les Arabes pour désigner in-
distinctement toute fondation pieuse.
Chez les Turcs, il désigne un hospice
où les pauvres reçoivent chaque jour
une distribution de vivres.
Dans l’intérieur d’un des gros murs
est pratiqué un escalier qui conduit au
minaret. Au fond du sanctuaire se trouve
la niche vers laquelle tout musulman
doit se tourner en faisant sa prière, et
qui indique la direction de la Mecque;
c’est ce qu’on appelle le Mirhab. Près
de là, à la droite de l’assistant, se
trouve une chaire, dont la forme est la
même dans toutes les mosquées musul-
manes , et qui consiste en un escalier
très-rapide, conduisant à une espèce de
pavillon, où se place le mollah pour
les instructions religieuses; cette chaire
porte le nom de Minnber.
ÉGLISE GRECQUE.
Malgré tous les efforts des musul-
mans, ils ne parvinrent pas à anéantir
la religion chrétienne dans la ville de
Nicée. La nation grecque s’y est perpé-
tuée fidèle à son culte, et entretient de
ses offrandes l’unique église que les
vainqueurs ombrageux leur aient laissée.
Elle est située dans la partie méridio-
 
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