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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0121

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ASIE MINEURE.

lit

les hérons, les cigognes et les pélicans
appelés par les Turcs Saka Kouch
(l’Oiseau porteur d’eau). Ungrand nom-
bre d’échassiers, l’avocette, ia spatule
prennent leurs ébats sur la plage, sans
s’effrayer de la présence de l’homme,
qui les laisse jouir en paix de cette na-
ture sauvage. La végétation des collines
n’est pas moins intéressante que la
faune ; les arbres des pays méridionaux,
l’arbousier, le myrte, le laurier, attei-
gnent des proportions inconnues dans
nos contrées. L’agnus castus, arbuste
jadis consacré à Junon, commence à
faire son apparition ; il couvre des ré-
gions entières dans le sud etdansl’ouest
de la province. Sa petite fleur bleue et
d’une odeur de poivre sert à purifier
l’atmosphère ; les anciens lui donnaient
le nom d’agnus castus, parce qu’ils
croyaient que ses petits fruits, pris en
infusion, entretenaient la chasteté. Les
branches servaient pour fouetter les en-
fants.
On traverse de temps à autre de
grandes plantations de mûriers et d’o-
liviers; plus loin c’est un vallon planté
en haute fûtaie de châtaigniers et de
platanes ; les sentiers serpentent sous les
arbres.
Mais les villages ne paraissent pas;
ils sont situés loin de la route et à mi-
côte; c’est tout le contraire de l’Eu-
rope où les habitations se rappro-
chent le plus possible des voies fré-
quentées.
Le lac paraît encaissé dans un bassin
de poudingue dont les couches, peu in-
clinées, plongent sous les eaux. Avec
moins d’attention on pourrait se croire
sur la trace de quelque voie romaine;
c’était en effet la ligne qu’elle suivait.
Les montagnes s’avancent peu à peu
jusqu’au bord du lac ; c’est là que des
travaux furent exécutés par ordre de
l’empereur Néron pour ouvrir un pas-
sage ; la roche est dure et compacte
comme dans les montagnes de l’est.
Après vingt kilomètres de route, la
chaîne qui encaisse le lac s’en éloigné;
les eaux ont moins de profondeur et
commencent à laisser croître des joncs et
d'autres plantes aquatiques. Le terrain
est uni et marécageux; mais comme le
sol est composé d’un sable fin, la route
est encore praticable même au milieu

des eaux stagnantes. Dans tout ce long
parcours à peine traverse-t-on quelques
ruisseaux qui portent au lac un maigre
tribut. Bientôt cependant on rencontre
un cours d’eau qui va se jeter dans l’an-
cien fleuve Ascanius, qui sans ce sup-
plément courrait risque d'être à sec une
partie de l’année; en effet, d'après les
renseignements fournis par les habi-
tants, le fleuve qui sort du lac, autre-
ment dit la rivière de décharge, ne
coule qu’à certaines époques, environ
six mois de l’année, quand les pluies
ont exhaussé la surface du lac. Cela se
conçoit vu la rareté des affluents qui sont
sur la rive sud.
On l’a vu rester à sec pendant plus
d’une année.Voilà pourquoi il n’y a pas
de moulins sur ses bords quoique son
cours soit assez rapide.
Ces deux cours d’eau peuvent être
facilement identifiés avec leurs an-
ciennes dénominations. La rivière du lac
est sans aucun doute le fleuve Asca-
nius et l’autre serait le fleuve Cius, ce
qui donnerait raison à Pline (1) qui
fait des fleuves Cius et Ascanius deux
cours d’eau différents.
PYTHOPOLIS.
C’est dans cette région d’Ascanie
qu’il faut placer la ville de Pythopolis,
fondée par Thésée; mais il est difficile
d’en déterminer la position à moins
qu’on ne la mette sur remplacement
même de Nicée qui n’existait pas en-
core. Si l’on s’en rapporte à Plutar-
que (2), qui emprunte ce fait à Méné-
crate, historien de Nicée, Pythopolis au-
rait été fondée par Thésée dans le voi-
sinage du lac Ascanius dans les circons-
tances suivantes : Soloïs, ami de Thésée,
s’étant jeté dans la rivière voisine par
suite d’un désespoir amoureux, Thésée
désespéré donnaau fleuve le nom de So-
loïs; c’est le fleuve Ascanius. Déplus,
pour obéir aux conseils de la Pythie, il
fonda en cet endroit une ville qu’il nom-
ma Pythopolis. D’après ce récit il fau-
drait chercher cette ville dans le voisi-
nage du lac. Pline (3) la met au nombre
(1) Liv. V, ch. 32.
(2) Plutarque, Vie de Thésée.
(3) V, 32.
 
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